L’Irlande semble en plein réveil actuellement. Considérée souvent, un peu comme la Bretagne, comme une terre à la fois identitaire mais bien intoxiquée par le gauchisme, il semblerait que les choses y changent, notamment du fait d’une immigration extra européenne sans précédent, de plus en plus mal vécue par les autochtones alors que les autorités, comme partout en Occident, cherchent à museler toute contestation.
Le week-end dernier, un événement remarquablement suivi en Irlande baptisé Ireland Uncesored, s’est tenu à Dublin. Présenté comme un point de ralliement pour les citoyens irlandais contre la nouvelle législation draconienne sur l’incitation à la haine qui devrait entrer en vigueur dans les prochains mois, la conférence, baptisée « Ireland Uncensored », a attiré près d’un millier de participants dans un pays où le parti au pouvoir peut à peine compter sur 700 personnes lors de sa conférence annuelle.
Le projet de loi sur l’incitation à la violence ou à la haine et les délits de haine, qui a acquis une notoriété mondiale en raison de sa définition floue de la « haine » et des peines de type nord-coréen pouvant aller jusqu’à cinq ans en cas de condamnation, est plus qu’à mi-chemin de son parcours pour devenir une loi. Il a pourtant suscité un vif débat national sur le contrôle de la liberté d’expression par l’État, à un moment où il est de plus en plus difficile d’ignorer les échecs de la politique d’asile et de la politique sociale de l’Irlande.
Pay attention to what’s happening in Ireland. @shellenberger says that Irish hate speech bill (soon to be passed) is one of the worst he has seen in decades of policy work.
He commends @FreeSpeechIre and @Ben_Scallan for their work on this issue. pic.twitter.com/YZPee8sDhI
— Melissa Chen (@MsMelChen) September 16, 2023
La conférence de Dublin était une initiative conjointe de Free Speech Ireland, une organisation étudiante créée pour faire campagne contre le projet de loi, et de Gript, un organe de presse du mouvement pro-vie irlandais qui, au cours de ses quatre années d’existence, a jeté les bases journalistiques d’un changement politique en Irlande.
Bien qu’il ne semble concerner qu’une petite juridiction nationale, le projet de loi irlandais sur le discours de haine a potentiellement des connotations européennes majeures, compte tenu de la place de choix qu’occupe Dublin lorsqu’il s’agit de l’implantation de divers géants américains de la technologie et du rôle de premier plan que joue l’Irlande dans la gestion des flux de données. Elon Musk a promis de contester juridiquement le projet de loi, l’Irlande étant déjà un terrain d’affrontement majeur entre l’UE et la Silicon Valley en matière de protection de la vie privée et de collecte de données.
Helen Joyce, ancienne rédactrice en chef de The Economist, la prometteuse sénatrice irlandaise Sharon Keogan, l’artiste et ancien candidat à la présidence Kevin Sharkey, ainsi que le journaliste américain Michael Shellenberger, co-auteur de The Twitter Files, et d’autres personnalités irlandaises ont pris la parole lors de la conférence.
https://x.com/Mick_O_Keeffe/status/1703085047715094776?s=20
"I think it's really important that the media acts as a bridge between the government and the people": Hear from the organisers of today's Ireland Uncensored conference, which took place at the RDS.#IrelandUncensored pic.twitter.com/vBI95XVrmR
— gript (@griptmedia) September 16, 2023
C’est le journaliste Ben Scallan qui a le mieux exprimé le malaise croissant de l’opinion publique à l’égard du statu quo en Irlande, en implorant l’auditoire de faire de la lutte contre la législation sur les discours de haine un élément central de toute future élection nationale. Laoise de Brún, avocate et militante féministe, a présenté une analyse juridique du futur projet de loi.
Des questions sur les effets de l’immigration massive en Irlande ont également été posées. Kevin Sharkey, l’un des orateurs, lui-même d’origine irlandaise et nigériane, a fait remarquer que « l’Afrique en Irlande ça ne collera pas » et s’est prononcé contre l’immigration en provenance du tiers-monde.
Depuis novembre de l’année dernière, une série de manifestations populaires contre le système d’asile irlandais surchargé a porté la question de l’immigration au premier plan de la politique irlandaise à un rythme surprenant, amenant de nombreux initiés politiques à penser que la question est de savoir quand, plutôt que si, un mouvement populiste de droite émergera.
Si la vie politique en République d’Irlande s’est essentiellement déroulée entre deux factions politiques identiques (Fianna Fáil et Fine Gael), formées sur les cendres de la guerre civile irlandaise et renforcées par des partis de gauche plus modestes, elle a été suivie de l’ascension électorale de l’ancienne aile politique de l’IRA, le très gauchiste Sinn Féi. Ce qui a laissé un segment important de la population orphelin…un segment qui se tourne aujourd’hui vers de nouvelles espérances politiques, comme le National Party ou d’autres.
Bien que la conférence du week-end ait été l’occasion d’un important brassage entre les segments libertaires, catholiques et identitaires de la scène conservatrice irlandaise dans un espace neutre, l’Irlande a toutefois encore un long chemin à parcourir avant de reproduire les succès populistes que l’on observe dans une grande partie de l’Europe.
Par pure coïncidence, la conférence sur la liberté d’expression a coïncidé avec un rassemblement organisé dans un autre quartier de Dublin par Posie Parker, féministe transcritique, et Graham Linehen, humoriste dissident de la télévision, qui a vu un nombre égal de citoyens concernés se rassembler contre des centaines de manifestants de gauche, un exploit inconcevable il y a encore deux ans, compte tenu de l’environnement politique unipolaire de la République.
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Une réponse à “Ireland Uncensored. L’Irlande se réveille contre les lois liberticides”
Il est terrifiant de constater les « progrès » dans toute l’Europe de législations répressives de la liberté d’expression et d’opinion, basées à dessein sur des définitions plus que floues des accusations qui peuvent être portées. A noter que nous avons été les premiers, avec la loi Pleven, à mettre le doigt dans cet engrenage fatal, loi suivie d’un nombre invraisemblable de lois allant toutes dans le sens de restrictions supplémentaires, parfois même s’accompagnant du déni de faits historiques (Taubira). Mais nous sommes parait-il en démocratie.