Cet été, échapper à Ovidie ne fut pas chose aisée. Occupée à la promotion de son dernier ouvrage « La chair est triste hélas » (Julliard), elle a enchaîné les émissions radiophoniques et les interviews. Et pour nous vanter quoi ? Rien de moins que la grève du sexe ! Ça tombe bien – ou mal – puisque les jeunes générations ont de moins en moins de rapports sexuels. Emblématique l’étude Ifop démontrant que 43 % des Français de 18 à 25 ans n’avaient connu aucun partenaire sexuel durant l’année écoulée.
Avec ses airs un peu rock, son passé de rebelle qui fait un doigt d’honneur à la bigoterie, le message de la documentariste ex actrice et réalisatrice pornographique ne peut que séduire. Au premier rang, les jeunes filles qui se cherchent encore, celles en mal de sensation, et les « mal baisées » comme elle aime les appeler. En surfant sur le ressentiment, on est certain de trouver un ample public…
Mais je ne me placerai pas du côté des réactionnaires qui critiquent le fait qu’elle « cracherait dans la soupe après en avoir tiré moult bénéfices », car c’est justement son expérience de l’industrie du hard – voir son excellent documentaire Pornocratie – qui rend son opinion recevable et pertinente. Elle sait de quoi elle parle et elle le dit bien, tant dans ses tentatives de construire une contre-culture sexuelle du point de vue féminin, que lorsqu’elle expose les dérives et les excès de la pornographie.
Mais ça c’était avant. Avec son dernier livre, elle franchit une nouvelle étape – peut-être l’aboutissement de toute féministe 2.0 qui se respecte -, celle de la misandrie. Je déteste les hommes avec qui je couche. Certes, elle ne dit pas que tous les hommes sont méprisables, mais elle absolutise et caricature tellement le désir masculin qu’on en vient à la même conclusion. Le problème est encore le mâle blanc hétéro :
« Ces hommes si nuls au lit. Tout ce temps gâché à donner du plaisir sans en prendre, ces nuits où je me suis ennuyée, où j’ai simulé, par politesse. Ces sacrifices pour rester cotée sur le marché de la baisabilité : les heures de cardio pour perdre du poids, les chaussures à talon, le maquillage, etc. »
Heureusement, elle avouera au détour d’un podcast son « incompatibilité sociologique » à trouver un partenaire. Ce qu’elle décrit donc, ce sont bien les hommes des milieux qu’elle fréquente. Un peu sur le modèle de Virginie Despentes et les autres dans leur genre que j’avais évoqué ici.
Ovidie ne croit plus à l’amour, aux relations homme-femme. Ça arrive. Mais, la où le bât blesse, c’est qu’elle enjoint à en faire de même. Oh, elle ne le vous dira pas directement, se cachant derrière un banal « cela n’engage que moi« … tout en espérant que sa popularité et ses mots vous porteront sur cette voie.
« à partir du moment où on est libéré de ce devoir de plaire aux hommes (sans nécessairement coucher avec eux), d’être conforme à leurs attentes, on se libère de tout. »
Elle en fait une lutte contre le « système politique de l’hétérosexualité« , un système qui serait fondamentalement mauvais et inégalitaire, « qui n’en vaut pas la chandelle« , auquel elle se soustrait tout en se défendant « ici, c’est pas la police du cul » !
Dans une autre entrevue, elle explique son renoncement au sexe comme une entrée en résistance pour ne plus se plier aux diktats masculins. À ses côtés, une militante féministe handicapée raconte, elle, la manœuvre inverse : puisque la sexualité des personnes handicapées est niée, « baiser est un acte révolutionnaire« . Dans un cas comme dans l’autre, on en ressort avec l’impression que ces personnes ont des expériences bien tristes du sexe. Elles font de leur succession de mauvaises expériences un système. Ovidie l’avoue d’ailleurs dans une confession à Le Monde :
« ma première relation a été marquée par un viol. J’avais 14 ans, il en avait 16. Il m’a fait boire et, parmi les gens présents ce soir-là, personne n’a levé le petit doigt. Je n’en suis sortie ni dégoûtée ni traumatisée. Mais cela m’a appris les règles du jeu avec les hommes. »
Plus largement, on en vient à se demander si ce n’est pas à cela que conduit la culture de la baise facile et des coups d’un soir, de l’exposition à la pornographie, de la destruction des rapports homme-femme, de la pérenne accusation du mâle blanc. Sans oublier la réduction de la sexualité à une simple subversion… combats passés ou présents d’Ovidie, qui semble déplorer les effets dont elle chérit les causes.
Certes, le ressentiment est sûrement plus aguicheur que le sexe comme concrétisation de l’amour, du sentiment partagé entre deux personnes qui se connaissent et se chérissent. Celui-là semble inconnu des féministes qui préfèrent non pas « baiser comme des hommes » comme on le leur reproche souvent, mais « baiser comme les goujats » qui composent leur entourage ou qu’elles se choisissent sciemment.
Audrey D’Aguanno
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4 réponses à “Ressentiment, endogamie et sexe facile… Ovidie nous fait une grève du sexe !”
Au bout de 21 siécles, la relation hommes femmes est toujours aussi difficile pour certains ou certaines. Du coup on rajoute LGBT pour compliquer encore un peu plus alors que la solution réside dans l’amour, tout simplement !
« Je n’en suis sortie ni dégoûtée ni traumatisée. » : c’est elle qui le dit. Elle a quand même finie actrice porno, obsédée à la fois par le sexe et par sa propre misandrie…
Elle anime un blog sous le pseudo de Pays Natal dans le site envahis.com de la droitosphère. Elle y va parfois un peu fort mais elle tient des propos qui font réfléchir.
@ Melle Ovidie : la beauté à toujours donner le vertige à ceux qui ne se risque jamais en hauteur , que même nue , nous restons habiller de l’intérieur . Un mec qui préfère la fidélité du qualitatif que du quantitatif et que l’ascèse élève et que l’abus la fait descendre dans l’ignorance . KC