Etre sénateur signifie passer six ans au Palais du Luxembourg. Pour y parvenir, il faut savoir chouchouter les grands électeurs et appartenir à leur monde. Ce qui n’est pas le cas des candidats insoumis en Loire-Atlantique
Rien ne va plus à la Nupes. Ce qui n’était qu’une alliance électorale – efficace – pour les élections législatives de juin 2022 est passé à la trappe pour les élections sénatoriales du 24 septembre. Chacun pour soi, telle est la règle. Et surtout pas question de faire liste commune avec LFI pour les communistes, les socialistes et les écologistes. En Loire-Atlantique, sur la liste « officielle » de la gauche, dirigée par Ronan Dantec (écolo indépendant, sénateur sortant), on trouve Karine Daniel (PS, employée de Johanna Rolland), Franck Nicolon (EELV, conseiller municipal de Clisson et conseiller régional), puis Véronique Mahé (PCF, conseillère régionale). Exit les insoumis qui se trouvent contraints de monter une liste de « seconds couteaux » et d’aller au casse-pipe ; ils tablent sur une centaine de grands électeurs sur les 3 087 que comptent le département.
Une union des quatre composantes de la Nupes aurait bien arrangé les insoumis. Dans la négociation avec les « autres », leur demande leur apparaissait modeste : une place de sénateur « et LFI s’effaçait de la course aux sénatoriales » ; les insoumis auraient mis leur « force de frappe militante au service de cette alliance politique », affirme Maxime Viancin (Rezé, salarié d’une ONG écologiste), leader de la liste LFI (Ouest-France, Loire-Atlantique, mercredi 30 août 2023). Mais Viancin oublie que les élections sénatoriales constituent une épreuve très particulière qui s’adresse à un public restreint constitué par des hommes et des femmes qui évoluent principalement dans l’orbite du PS et de LR. Le plus souvent, la sensibilité centre-gauche et centre-droit est dominante chez ces élus locaux ; on ne peut pas dire que LFI ou le RN soient leur tasse de thé. Disposant de peu de maires, d’adjoints et de conseillers municipaux, les insoumis ne faisaient pas figure d’alliés intéressants ; ils n’avaient pas grand-chose à apporter dans la corbeille de mariage. Compte tenu de la présence d’une liste « socialiste » dissidente (Philippe Grosvalet, ex-PS, ancien président du conseil départemental), la concurrence est féroce et chaque voix de grand électeur pèse lourd. Si on considère que la « gauche », au sens large, peut espérer récolter trois sièges sur cinq, Ronan Dantec et ses associés n’ont pas envie de faire le moindre cadeau à LFI : en Loire-Atlantique, un siège de sénateur « coûte » 760 voix.
LFI n’est plus en mesure d’imposer ses vues
« Nos partenaires de la Nupes veulent bien de notre électorat et de nos militants, mais pas de nous sur la liste, c’est un peu fort de café », proteste Ségolène Amiot (LFI, ancienne vice-présidente du centre LGBTQI+ de Nantes), député de la circonscription de Nantes-Saint-Herblain (Ouest-France, Loire-Atlantique, mercredi 30 août 2023). Manifestement, elle confond élections législatives et élections sénatoriales ; ce n’est pas le même combat. Elle oublie également que cette compétition répond à une alchimie compliquée qui prend en compte non seulement les choix politiques des grands électeurs, mais encore la notoriété, la proximité géographique et les services rendus par les candidats.
Il faut également tenir compte dans ce divorce des élections européennes de 2024. Dès maintenant, les sondages portant sur les intentions de vote montrent que LFI est en mauvaise santé ; le parti de « Méluche » ne domine plus la gauche. Une liste LFI pilotée par Ségolène Royal est créditée de 9 %, tandis que les listes PS et EELV obtiennent chacune 10 %. (Ifop, Le Journal du dimanche, 3 septembre 2023). Dans ces conditions, les insoumis ne sont plus en mesure d’imposer leur volonté à des « alliés » ingrats. En politique, le rapport de force constitue une donnée essentielle – avec l’argent.
Revenons à Ségolène Amiot qui a un goût prononcé pour le tourisme pénitentiaire. En juin, elle a rendu visite au centre de détention de Nantes où sont incarcérés les condamnés dits définitifs et les longues peines. Objet de cette visite : vérifier « le respect du droit des personnes détenues de correspondre avec les élues pour les alerter sur les conditions réelles de détention ». Personne sérieuse Mme Amiot essaye de programmer « une visite par mois ». « Nous ne sommes pas nombreux à avoir cette possibilité et c’est un sujet qui me tient à cœur », explique la députée (Presse Océan, lundi 10 juillet 2023). Une fois qu’elle aura terminé le tour des prisons, Mme Amiot, pourrait s’intéresser aux hôpitaux, aux maisons de retraite et aux crèches, sujets plus « populaires » ; tous ses électeurs sont concernés d’une façon ou d’une autre par ces questions.
Bernard Morvan
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5 réponses à “Elections sénatoriales : Ségolène Amiot (LFI) n’est pas contente du tout”
A part quelques irréductibles, révolutionnaires de salon ou devant quelques bières, QUI, demain a envie de voter pour les charlots LFistes ? Heureusement, ils ne seront jamais au pouvoir, leur incompétence n’a d’égal que leur intransigeance et leur incapacité à discuter démocratiquement….ils iront ramasser leur voix du côté des mosquées comme d’habitude !
Les LFI et la Nupes est une bande d’hystériques , pendant le débat sur les retraites ces députés étaient bourrés dans l’hémicycle.
Comment ça se fait que les villes Bretonnes sont infestées de gauchos.
Voyez le résultat à Rennes , à Nantes et Brest .
Ont se demande si ont est encore chez nous avec tous les migrants, les racisés, et les Maghrébins.
La fameuse créolisation chère à Melenchon.
y’a bon la gamelle
« Mme Amiot, pourrait s’intéresser aux hôpitaux, aux maisons de retraite et aux crèches, sujets plus « populaires » ; tous ses électeurs sont concernés d’une façon ou d’une autre par ces questions. » j’aime bien !
Un conseil aux sympathisants LFI évitez de coller vos affiches sur certains bâtiments privés et n’ayez pas l’idée d’apposer sur des édifices religieux catholiques ou ils vont devoir courir comme l’autre fois .