Depuis près de 60 ans, le Natural History Museum de Londres organise le Wildlife Photographer of the Year récompensant les meilleures photographies de nature sélectionnées par un jury international. Ce concours de référence mondiale émerveille une fois de plus les publics de tous âges par la beauté des clichés sélectionnés, tout en soulignant la fragilité des espèces qui nous entourent face aux atteintes portées par l’Homme. Une tribune internationale pour éveiller les consciences sur la nécessaire modification de nos comportements pour protéger la biodiversité.
En avant-première, découvrez 10 des plus belles photos sélectionnées par un jury international, parmi 50 000 clichés présentés au concours, en provenance de 30 pays. L’intégralité des résultats est à retrouver dans un ouvrage à paraitre en octobre aux éditions Biotope.
JEUNE PHOTOGRAPHE DE L’ANNÉE CATEGORIE 10 ANS OU MOINS
Foulque sur glace
Zhai Zeyu
Chine
Lieu : Dalian, Liaoning, Chine
Nikon D850 + objectif 600mm f4; 1/1250 à f4; ISO 100
Zhai Zeyu observait dans le froid des foulques sur un étang gelé dans le nord-est de la Chine. Cette foulque plongeait dans l’eau et a fini par attraper une loche.
La foulque macroule est l’un des oiseaux les plus répandus, dont l’aire de répartition s’étend de l’Europe à l’Asie, en passant par l’Afrique du Nord et l’Australie. Pour nicher, les foulques préfèrent les vastes étendues d’eau libre bordées de végétation, et les populations peuvent être affectées lorsque leur habitat est perturbé par l’homme.
Zhai a trouvé la scène amusante : une foulque s’efforce de rester en équilibre sur la glace tout en maîtrisant une prise frétillante.
PHOTOGRAPHE DE NATURE DE L’ANNÉE CATEGORIE PORTRAITS D’ANIMAUX
Bison blanc
Max Waugh
USA
Lieu : Parc national de Yellowstone, Wyoming, Etats Unis
Canon EOS R6 + objectif 100–400mm f4.5–5.6 à 100mm ; 1/1250 à f4.5 ; ISO 800
Depuis son véhicule, Max Waugh a vu le bison prendre de l’élan pour descendre vers la route, prenant de l’élan. Max a resserré le cadrage sur le bison pour créer cette composition originale.
Autrefois abondants et très répandus dans la majeure partie de l’Amérique du Nord, les bisons ont été chassés jusqu’à leur quasi-extinction à la fin des années 1800. Leur nombre augmente lentement, mais ils restent confinés à des populations isolées, dépendantes de mesures de conservation et séparées par les changements d’utilisation des terres et la propriété foncière.
Max a saisi le mouvement de ce bison des plaines qui projette un nuage de neige, symbolisant sa liberté.
CATEGORIE COMPORTEMENT : OISEAUX
Oiseaux de feu
Elza Friedländer
Allemagne
Lieu : Rhino Ridge, Réserve de Masai Mara, Kenya
Nikon D850 + objectif 500mm f5.6 + convertisseur 1.4x ; 1/500 à f8 ; ISO 2000
Elza Friedländer nous montre un couple de cigognes blanches dans une chaleur suffocante d’un feu de brousse.
Comme Elza l’avait prévu, peu après le départ du feu dans le Masai Mara au Kenya, des centaines d’oiseaux sont arrivés, en particulier des cigognes et des milans. La plupart d’entre eux sont restés à une distance raisonnable, mais les cigognes se sont approchées des flammes à la recherche d’une proie facile.
Allumer des feux est un moyen courant, bien que controversé, de gérer les savanes afin de stimuler une repousse de l’herbe et de contrôler le développement des arbres. Cette tactique peut s’avérer dangereuse, surtout en période de sécheresse où le feu se propage facilement.
CATEGORIE COMPORTEMENT : MAMMIFERES
Rodéo forestier
Atsuyuki Ohshima
Japon
Lieu : Yakushima, Kagoshima, Japon
Sony α7S III + objectif 100–400mm f4.5–5.6 à 100mm ; 1/400 à f6.3 ; ISO 1600
Atsuyuki Ohshima a saisi ce bref moment d’interaction alors qu’un macaque chevauche un cerf.
Un mouvement soudain derrière le cerf Sika a attiré l’attention d’Atsuyuki. En un instant, utilisant un arbre comme tremplin, un jeune macaque de Yakushima a sauté sur le dos du cerf.
Les singes de l’île de Yakushima chevauchent les cerfs, ce qui est rare, mais pas inhabituel. De jeunes macaques mâles ont été vus en train de saisir des biches et d’essayer de s’accoupler avec elles. Dans le cas présent, le macaque était une jeune femelle, qui semblait simplement profiter d’une balade gratuite.
CATEGORIE COMPORTEMENT : INVERTEBRES
Le travail de l’abeille maçonne
Solvin Zankl
Allemagne
Lieu : environs de Witzenhausen, Hesse, Allemagne
Nikon Z6 + objectif Rolleiflex Macro-Planar 120mm f4 PQS + lentille ; 1/1000 à f11 ; flash Nikon SB-500 Speedlight ; capteur IR ; ISO 100
Solvin Zankl assiste au comportement d’une Osmie bicolore (une abeille maçonne) qui recouvre avec minutie son nid de brindilles.
Solvin s’est approché avec beaucoup de patience de la scène afin de ne pas perturber les repères autour du nid de l’abeille.
Les osmies bicolores utilisent des coquilles d’escargot pour pondre leurs œufs. Elles remplissent la coquille de pollen et de nectar pour leurs larves, puis la scellent avec un ciment végétal (des débris végétaux assemblés par de la salive collante). Les coquilles d’escargot vident connaissent ainsi une seconde vie… de nombreuses abeilles en dépendent pour y installer leur nid. Une raison de plus pour les accepter dans son jardin en dépit des dégâts qu’ils peuvent causer au potager.
CATEGORIE OCEANS : VOIR PLUS LOIN
Prises modestes, gros impact
Jef Pattyn
Belgique/Pays-Bas
Lieu : Puerto López, Manabí Province, Equateur
Canon EOS 7D Mark II + objectif 24–105mm f4 ; 1/500 à f7.1 ; ISO 400
Jef Pattyn assiste au retour de pêche d’un artisan pêcheur qui traîne un voilier sur la plage.
Jef a passé des jours auprès des pêcheurs à leur retour de pêche, entourés d’oiseaux qui tentent de s’emparer de leur part. Les poissons sont préparés en mer puis débarqués tôt le matin, lorsque cette photo a été prise, pour être chargés dans des camions.
La pêche artisanale est une activité économique vitale pour les populations vivant sur le littoral de l’Équateur. Il s’agit d’une activité de petite envergure comparée à la pêche industrielle pratiquée par les flottes internationales. Mais cette activité artisanale n’est pas sans impact, notamment en raison des captures accidentelles de mammifères marins.
CATEGORIE MONDE AQUATIQUE
Connexions coralliennes
Alex Mustard
Royaume Uni
Lieu : Lembeh Strait, North Sulawesi, Indonesia
Nikon D850 + objectif 105mm f2.8 ; 1/8 à f16 ; ISO 100 ; Caisson Subal ; Flashs Retra
Alex Mustard nous dévoile la biodiversité d’un récif corallien en bonne santé alors que des gobies se repose dans les branches d’une gorgone.
Alex aime particulièrement les gobies, qui sont normalement craintifs, mais il était déterminé à les photographier dans cet environnement singulier. Pour capturer les couleurs vives et contrastées, il lui a fallu se maintenir dans le courant pour obtenir une exposition suffisamment longue.
Les gobies utilisent les gorgones comme refuge ou zone d’alimentation et se fondent parfaitement dans leur environnement. Ce n’est qu’en étudiant sa photo qu’Alex s’est rendu compte qu’un des poissons portait un parasite copépode.
Les récifs coralliens abritent une diversité d’espèces interconnectées, mais ils sont menacés par le réchauffement des mers dû au changement climatique.
CATEGORIE FAUNE URBAINE
Pause casse-croute de minuit
Caitlin Henderson
Australie
Lieu : Malanda, Queensland, Australie
Canon EOS R5 + objectif Laowa 15mm f4 ; 1/200 à f16 ; ISO 200 ; flash Canon
Caitlin Henderson a découvert un invité inattendu sur sa terrasse : un opossum se régalant d’une grosse cigale.
« Il y avait des débris d’insectes ici et là », raconte Caitlin. Elle avait préparé son appareil photo et était prête lorsqu’un opossum a surgi pour capturer la cigale. Grâce à sa réaction rapide, Caitlin a pu photographier cette femelle opossum mangeant avec appétit, tout en portant un bébé dans sa poche.
Ce marsupial nocturne est très répandu en Australie et localement abondant. Ses longues griffes acérées sont faites pour vivre dans les arbres, mais il s’est facilement adapté aux environnements urbains où il génère parfois des conflits avec des voisins humains.
CATEGORIE PHOTOJOURNALISME
Le visage des persécutés
Neil Aldridge
Afrique du Sud
Lieu : Kent, Royaume Uni
Canon 5DS + objectif 16–35mm f2.8 ; 1/100 à f9 ; ISO 640 ; Flash Canon EX580
Neil Aldridge montre les blessures subies par un renard, probablement causées par des chiens.
Neil a cadré la face décharnée de ce renard qui regarde à l’extérieur de son abri dans un centre de sauvetage. Cette image fait partie d’un long reportage menée par Neil visant à étudier la relation complexe que les Britanniques entretiennent avec le Renard roux.
Depuis 2005, en Angleterre et au Pays de Galles, il est illégal d’empoisonner les renards, de détruire leurs terriers ou d’utiliser des chiens pour les chasser. Les blessures subies par cet animal ont probablement été infligées par des chiens de chasse envoyés dans le terrier du renard pour tenter de le débusquer.
Se défendre jusqu’à la mort
Jasper Doest
Pays-Bas
Lieu : parc national de la Lopé, Gabon
Leica SL2 + objectif 24–90mm f2.8 ; 1/125 à f11 ; ISO 125
Jasper Doest montre la détresse extrême d’un éléphant percuté par un train et qui vit ses derniers instants.
La collision avait brisé l’arrière-train de l’éléphant sans espoir de le sauver et il a fallu l’abattre. Jasper, qui se trouvait dans le parc pour une autre mission, a été témoin de cet épisode.
Malgré les efforts du directeur du parc national de la Lopé au Gabon pour inciter la compagnie ferroviaire à ralentir les trains, il y a régulièrement des collisions entre la faune sauvage et les trains, dont une vingtaine chaque année avec des éléphants.
Les trains transportent du manganèse provenant de la mine de Moanda, qui détient 25 % des réserves connues. Le manganèse est un métal utilisé dans la production de fer et d’acier.
Une réponse à “Wildlife Photographer of the Year 2023. Une sélection parmi les 100 plus belles photos de nature de la 59ème édition du concours”
cette derniere photo est terrifiante ; comme partout ailleurs seul le profit avant tout , pas étonnant que ce monde court a sa perte et dans pas si longtemps si on observe les événements récents ….