C’est un peu le leitmotiv de ces temps-ci. L’alternative à l’hégémonie occidentale serait une doctrine dont on a du mal à déterminer les contours et le contenu réel. Il est vrai que le monde des BRICS marche à tâtons et que les intérêts de cette organisation n’étant pas toujours convergents, il est difficile d’avoir une idée précise de ce que le concept pourrait recouvrir in fine. Surtout, il s’agira d’observer jusqu’où cet attelage quelque peu hétéroclite pourra aller. Cela dépendra de la volonté des acteurs majeurs qui le composent. Examinons donc l’attitude de Vladimir Poutine, ce qui conduira à nous interroger sur à la fois sa capacité et sa détermination puisque c’est la Russie aujourd’hui qui semble donner le la.
Et commençons par une déclaration de François Asselineau. En fait, son auteur est l’un des premiers à avoir remarqué le changement de direction de vent du côté occidental. Les va-t’en guerre paraissent prendre conscience du fait que l’Ukraine a désormais perdu définitivement et, étrange, ne remettent aucunement en cause leur bellicisme passé alors que la défaite était écrite à l’avance. Mais là n’est pas notre sujet. L’Occident s’inquiète de la tournure des événements et réfléchit à comment se sortir de ce guêpier à moindres frais.
On songe donc à négocier. Mais on a tellement pourri la relation, on a été si sûr de soi, voulant punir l’Ours, on a été si peu fiable en empêchant la paix à au moins trois reprises et en volant les avoirs russes, par exemple, qu’il semble bien difficile de trouver une voie pour nouer des discussions sans perdre la face sur toute la ligne.
Néanmoins, que devrait faire Poutine ? Entrer en pourparlers avec l’Hégémon ? C’est là que nous allons réellement voir ce qu’il a dans les tripes. En effet, la multipolarité présentée aujourd’hui serait, peu ou prou, une considération égale des faibles et des puissants, laissant aux premiers latitude dans leurs décisions. Voilà un beau programme ! Et s’il s’agit d’être fort avec les forts et faible avec les faibles, que serait une telle attitude dans les nécessaires discussions de paix ? Notre avis ici est le suivant. Compte tenu du fait que certains acteurs, non officiellement part au conflit, ont sur la conscience des centaines de milliers de morts et de mutilés, n’ont en aucune manière été touchés bien qu’ayant fort contribué, on ne voit guère pourquoi il faudrait négocier en quoi que ce soit avec eux.
L’Ukraine, de toute façon, est déjà effondrée, nous n’en sommes plus à quelques semaines près dans ce conflit. En revanche, le forum Russie-Afrique s’est tenu récemment. Poutine a plaidé pour une Afrique indépendante, plus forte et davantage reconnue au niveau international. N’oublions pas non plus les chefs d’État de ce continent qui, en délégation, ont essayé de jouer les bons offices pour la paix. Il ne serait ainsi que justice et dans une certaine logique de ne négocier qu’avec eux et laisser les autres de côté, y compris Israël et la Turquie qui ont eu une action trouble. La paix serait donc garantie par l’Afrique au grand dan de l’Occident décadent. Vladimir ! Nous attendons de voir ce que tu vas faire ! Iras-tu jusque-là ? Ce serait une bonne entrée de plain-pied pour un début de monde multipolaire…
Passons à un nouveau registre qui est celui de la connaissance. La sonde Luna 25 s’est récemment crashée. Néanmoins, pour ceux qui voulaient suivre cela depuis le site officiel de Roscosmos, il leur fallait un VPN, car le site de cette agence n’est accessible d’aucun pays d’Europe ni des USA. Compte tenu du fait que ce ne sont que des informations à caractère technique et qu’elles sont censurées en Occident, la question de la multipolarité scientifique devient légitime. Que cela pourrait-il recouvrir comme concept ? Rappelons, en préambule, la situation actuelle qui prévaut.
La science est uniformisée mondialement. Les mêmes méthodes sont utilisées partout avec des approches identiques. Cela est rendu quasi obligatoire par le système d’évaluation de la recherche qui récompense les auteurs via des points (h-index) qui dépendent de la notoriété de revues dites à comité de lecture et une soi-disant appréciation par les pairs. C’est aussi une structure dans laquelle les publications gagnent beaucoup d’argent puisque pour être édité, il faut payer (au moins 2000 $). Bien entendu, cet environnement a été conçu et mis en place par les Anglo-Saxons qui le dirigent sans partage sur toutes la planète. Avec un tel système, il est inutile de vous expliquer pourquoi proposer une rupture scientifique est une gageure. Il était bien connu qu’aller contre la doxa était déjà un chemin de croix, comme l’ont expérimenté bien des grands noms, mais aujourd’hui, en plus, il est nécessaire de s’attaquer à des intérêts financiers énormes et qui abritent de véritables coteries. Pour ceux qui douteraient de cela, on leur rappellera le douloureux épisode du Covid avec l’ostracisation, au minimum, des médecins dissidents et les faux articles publiés par des revues ayant pignon sur rue, le Lancet par exemple. Ne croyez pas qu’une quelconque autre discipline pourrait être épargnée par cela. Une forme de multipolarité scientifique est-elle alors possible ? Et la Russie, qui semble avoir des velléités de sortir de l’OMS, pourrait-elle donner un exemple que d’autres pourraient suivre ? Là, l’espace est vaste, allant du secteur médical, nous venons de le voir, au réchauffement climatique et ses désastreuses conséquences en matière de choix industriels à bien des sujets additionnels comme la biologie moléculaire, la physique, la chimie et j’en passe. Si le monde est divers et que c’est une richesse, il faut alors que chaque culture emprunte son propre chemin et découvre ce qui est en elle d’une certaine façon. Épouser les standards et adopter les meilleures pratiques2 conduit à un milieu uniforme, triste et convergeant vers une asymptote peu enviable, car une telle civilisation ne peut être que promise à l’effondrement.
La Russie pourrait montrer l’exemple, elle qui a réussi à développer des missiles hypersoniques là où l’Occident a, pour l’instant, failli. Mais il y a bien d’autres sujets où la différence pourrait et devrait se faire. Et tous les pays du monde auraient quelque chose à faire valoir plutôt que de suivre et survivre dans un système nauséabond. Pourquoi mettre la science dans cette rubrique alors que cela pourrait paraître secondaire par rapport à la politique ? Simplement parce que depuis la révolution industrielle, nous avons vu sa capacité à transformer la société. Mais ce qui l’a le plus métamorphosée était la rupture qui s’est faite à la Renaissance, le reste en a découlé. Or, plutôt que de viser la convergence et une excellence qui ne se mesurent qu’à l’aune de l’argent, on ferait mieux de se concentrer sur ce qui se passa dans cette époque quelque peu reculée pour produire de nouvelles avancées qui, à leur tour, amèneront des bouleversements dans notre mode de vie.
Le pari peut sembler risqué, mais, à notre avis, il en vaut la peine. La Russie ira-t-elle jusque-là dans la construction du monde multipolaire ? Voudra-t-elle se focaliser sur sa propre culture pour en faire émerger le meilleur et laisser tomber les sirènes dont coulent de la bouche des flots de dollars dévalués ? L’avenir nous le dira. Après tout, s’il est extrêmement difficile pour un scientifique de faire une rupture aujourd’hui comme nous l’avons exprimé plus haut, sans doute, dans le système de globalisation qui a mis en place ses agents partout sur la planète, est-il bien éprouvant de faire sécession et de revenir à la raison.
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6 réponses à “La multipolarité jusqu’où ?”
Vive la Russie et vive la France.
Ah bon….les va-t’en guerre se sont pas les Russes ? C’est les autres…..Ce n’est pas ceux qui ont envahi l’Ukraine ? Mais les autres….Est-ce kim Jong-un qui vous a écrit l’article….🤣
Cette guerre a débuté sur l’impulsion des USA en 2014.
Non Môssieur ! Les va-t-en-guerre ne sont sûrement pas les Russes. Pour une raison inconnue mais sûrement de géopolitique, la Russie ont patiemment attendu 8 ans avant de défendre les opprimés qui recevait des bombes quasi quotidiennement sur la figure dans le Donbass.
Et actuellement ils finissent ce qui n’a pas été fini en 1945 à cause des Américains, ils finissent de détruire le nazisme, complice objectif de l’État Profond US.
Quand ils ont fini avec cette vermine et que Trump sera au pouvoir, l’élimination de la vermine pourra continuer aux US… et, espérons-le, en Europe ou tous nos dirigeants sont inféodés aux US ou plutôt à l’État Profond (dont la partie visible est Klaus Schwab, Bill Gates, Georges Soros et autres mafieux).
Est-ce la le plan prévu par notre Créateur ? Je n’en sais rien. Peut-être qu’au contraire c’est le début de l’Apocalypse tel que décrit par Saint-Jean. À lire et à relire.
Vive la Russie et vive la France
Dear Jean-Francois Geneste, il y a pas mal de charabia dans votre article… du reste difficile a suivre.
Mais en ce qui concerne l’éternel problème Russo-Ukrainien, quitte à me répéter puisque je l’ai déjà signifié dans le cadre des commentaires au sein de Breizh-Info, étant moi-même d’origine et de langue maternelle Russe, je confirme que toute la partie Est de l’Ukraine était, est, et sera toujours habitée par des Russes slaves, orthodoxes, ayant le Russe pour langue vernaculaire. Il en est de même de la Crimée, cédée (à mon sens momentanément) aux Ukrainiens par Kroutchev, probablement après quelques verres de Vodka. Quant à la genèse de ces affrontements Russo-Ukrainiens, rappelons quand même que l’imbécile Biden, actuellement (et pas pour très longtemps) Président des USA, avec le concours de l’autre saltimbanque nommé Zilensky (Peu importe l’orthographe romaine) s’imaginait placer ses fusées SAM sous les fenêtres du Kremlin. Bref quand on est con c’est pour longtemps … Resultat des courses, Poutine en bon gardien des lieux, n’ayant pas tellement apprécié la plaisanterie, s’ensuivie la baffe au con Biden, et la branlée que se prend Zilensky en ce moment, avec en outre, très probablement, la perte definitive de toute ouverture maritime pour l’Ukraine. Dont acte, RAS, circulez, y’a plus rien à voir !…