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George Simion (AUR) : « Heureusement, la Roumanie ne se trouve pas sur la route des migrations » [Interview]

George Simion est le président de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), le parti nationaliste roumain donné à 22 % dans les sondages. Lionel Baland l’a rencontré et interrogé à Bucarest, pour Breizh-info, lors de la conférence organisée par son parti sur le thème « La suprématie des constitutions nationales sur la bureaucratie européenne. »

Breizh-info : Quand votre parti politique a-t-il été fondé et pourquoi ? 

George Simion : Le 1 décembre 2019, le jour de la fête nationale de la Roumanie, nous avons lancé un nouveau parti, orienté contre l’establishment post-communiste qui est pratiquement le continuateur du Parti communiste roumain. Ils se sont juste divisés entre différents partis, mais ils sont les mêmes. Nous avons fondé un parti anti-establishment, pas dans le sens de l’anarchie, mais en vue d’achever la révolution roumaine de 1989.

Breizh-info : Parmi les électeurs de votre parti, l’AUR, certains sont-ils des nostalgiques de l’époque du communisme, notamment de la société qui était fermée par des frontières la protégeant ? 

George Simion : Cela est naturel. Des Roumains ont de la sympathie pour différents mouvements politiques – de gauche, de droite, totalitaires – de l’histoire du pays. Mais ces derniers appartiennent au passé. La moitié des Roumains regrette le temps du communisme. En conséquence, le fait que certains de nos électeurs soient des nostalgiques du communisme est logique et naturel. Cette époque était celle de leur jeunesse. De plus, la Roumanie avait alors la maîtrise de ses propres ressources naturelles.

Breizh-info : La Roumanie subit-elle l’immigration en provenance du Tiers-monde et notamment de migrants de passage ? 

George Simion : Heureusement, la Roumanie ne se trouve pas sur la route des migrations. Nous avons quelques personnes du Sri Lanka, du Bangladesh, du Pakistan, … qui viennent ici pour travailler légalement, mais les conditions ne sont pas favorables et elles désirent partir vers l’Allemagne, la France ou d’autres pays.

Breizh-info : Pour recevoir des allocations sociales ? 

George Simion : Oui, mais elles disposent de documents légaux et peuvent donc être facilement déportées pour ne pas avoir respecté les conditions des permis de travail.

Breizh-info : Des millions de Roumains vivent à l’étranger. L’AUR tente de les ramener au pays. Quelles sont les mesures prônées par ce parti afin de réaliser cet objectif ? 

George Simion : Nous devons avoir un système fort d’un point de vue éducationnel et sanitaire et mettre en avant le fait que certains emplois dont nous disposons en Roumanie sont bien payés et que les personnes qui reviennent au pays peuvent y vivre décemment.

Breizh-info : Quelles sont les positions de l’AUR par rapport à celles du Premier ministre de la Hongrie voisine Viktor Orbán, qui, d’une part, développe certaines idées qui ne doivent pas déplaire à l’AUR et qui, d’autre part, est irrédentiste ? 

George Simion : Dans l’Europe actuelle, vous ne pouvez pas avoir des idées irrédentistes et chauvines. Vous ne pouvez pas penser, dans notre Europe, à changer des frontières. Peut-être, en Asie, son ami, Monsieur Poutine, peut avoir cette idée de modifier les confins. Nous voulons avoir de bonnes relations avec nos voisins : Bulgarie, Serbie, Hongrie, Ukraine. Et nous désirons une alliance dans cette partie du monde, comme le plan – appelé Intermarium ou Initiative des trois mers – du Maréchal polonais Józef Piłsudski le prévoyait, et nous aimerions et pourrions facilement coopérer avec Monsieur Orbán dans le cadre de certaines idées, comme la défense de la Chrétienté ainsi que des valeurs familiales.

Breizh-info : Et à propos de la Moldavie ? 

George Simion : La Moldavie est une partie historique de la Roumanie. Mais la réalité veut que nous ayons deux États roumains indépendants reconnus pas les Nations-Unies : la Roumanie et la République de Moldavie. L’unique possibilité de réunification réside dans le fait que ces deux États et leur population respective décident de ne plus avoir de frontière commune.

Breizh-info : En Roumanie, une majorité de la population est-elle en faveur de la réunification ? 

George Simion : Les sondages d’opinion varient selon les époques et les contextes – avant ou après le début de la guerre en Ukraine –, mais nous pouvons dire qu’en Roumanie une majorité existe en faveur de cette option et qu’en République de Moldavie 25 à 30 % y sont favorables. Notre volonté est de réaliser, dans le futur, une réunification pacifique comme l’Allemagne l’a connue et comme la Corée le désire.

Notre pays a été brisé par les armes et par la force, par Hitler et par Staline, par le pacte Ribbentrop-Molotov, et il est difficile de le réunifier pacifiquement lorsqu’il a été cassé par des assassins comme Adolf Hitler et Joseph Staline.

Breizh-info : Comment gérer la Transnistrie – un État non reconnu internationalement situé dans l’est de la République de Moldavie où des troupes russes sont stationnées ?   

George Simion : La placer sous le contrôle des forces démocratiques, pas sous l’actuelle occupation par des forces armées russes, et laisser le peuple décider par lui-même à l’issue d’une période de 10 à 15 ans.

Breizh-info : Pensez-vous que les Russes doivent quitter la Transnistrie ? 

George Simion : Les troupes russes doivent certainement quitter la Transnistrie, comme elles doivent partir d’Abkhazie et d’Ossétie, comme des autres parties du monde au sein desquelles elles sont simplement des occupants.

Breizh-info : Après les élections pour le Parlement européen de 2024, à quel groupe désirez-vous voir l’AUR appartenir ? 

George Simion : Nous désirons avoir un groupe qui rassemble tous les partis souverainistes et conservateurs. Je vois qu’obtenir ce groupe est difficile car de nombreuses ambitions et de nombreux intérêts, d’argent et de postes, sont en jeu à l’intérieur du Parlement européen, de la Commission et des autres institutions. Mais nous ferons tout ce que nous pouvons de notre côté afin d’obtenir une unification de tous ces partis car ainsi nous serons numéro un, je pense, si cela se produit, au sein du futur nouveau Parlement.

Breizh-info : Le problème lors de la formation de ce groupe peut-être la position des différentes formations politiques le composant par rapport à la Russie ? 

George Simion : Oui, mais il y a aussi la même chose avec le LGBT ou avec la Covid. Nous pouvons ne pas être d’accord à propos de différents sujets.

Breizh-info : Après les élections législatives en Roumanie, accepterez vous de vous allier avec d’autres partis ? 

George Simion : Si nous n’obtenons pas 51 %, si nous ne décrochons pas la majorité en Roumanie, nous sommes ouverts à une alliance avec les autres partis afin de gouverner.

Breizh-info : Quels types de partis ? 

George Simion : Bien sûr, naturellement avec les partis de droite, de centre-droit, nationalistes, souverainistes.

Breizh-info : Vous est-il possible de vous allier avec des partis de gauche au niveau local ou national ? 

George Simion : Dans les municipalités, nous devons faire ce qui est pour le bien des citoyens. Au niveau national, gouverner avec les socialistes ne nous est pas possible.

Breizh-info : Donc, vous ne pouvez pas, comme cela a été le cas en Slovaquie, avoir une alliance gouvernementale avec les sociaux-démocrates ? 

George Simion : Non, pour nous ce n’est pas une option, mais bien pour les libéraux [du Parti national libéral] qui prétendent être à droite et gouvernent en ce moment la Roumanie avec les socialistes.

Breizh-info : Quels sont les personnages historiques et les écrivains qui vous inspirent ? 

George Simion : Ion Rațiu, comme personnage politique qui est revenu d’exil, et, en tant que personnage historique, Alexandre Jean Cuza (en roumain : Alexandru Ioan Cuza). L’écrivain dont l’Institut conservateur Mihai Eminescu, fondé par le parti AUR, porte le nom est le plus grand poète roumain.

Breizh-info : Votre but est-il de devenir Premier ministre ? 

George Simion : Cela dépend. Mon objectif est d’avoir un parti qui, au cours des dix à quinze prochaines années, gouverne la Roumanie dans la bonne direction.

Breizh-info : Avez-vous d’autres modèles parmi les autres dirigeants d’autres partis politiques d’Europe ? 

George Simion : Bien sûr, Droit et Justice (PiS) en Pologne, des frères Kaczyński, dont un des deux a été assassiné par les Russes à Smolensk, et le succès de Giorgia Meloni en Italie et une partie seulement de la politique de Viktor Orbán.

Breizh-info : Le rassemblement tenu en juillet 2023 à Bucarest a été une réussite internationale car vous avez pu capter des élus de différents pays, parfois concurrents dans leur propre pays, comme Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) et la Lega (Ligue) en Italie ou Droit et Justice (PiS) et la Konfederacja (Confédération) en Pologne. 

George Simion : La raison est que nous sommes unionistes. Nous sommes honnêtes dans notre objectif d’unifier différentes forces car cela est dans notre meilleur intérêt. Cela est simple et naturel. 

Breizh-info : Voulez-vous ajouter quelque chose ? 

George Simion : La France et les autres pays d’Europe de l’Ouest ont besoin de nous, la Roumanie, la Pologne et les autres pays d’Europe de l’Est, afin d’être victorieux. Cela est important pour le futur de l’Europe. 

Breizh-info : Oui, car la société que vous avez ici est celle qui nous avons connue autrefois en Europe de l’Ouest et qui a malheureusement disparu.

George Simion : Oui.

Propos recueillis par Lionel Baland

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “George Simion (AUR) : « Heureusement, la Roumanie ne se trouve pas sur la route des migrations » [Interview]”

  1. CREOFF dit :

    Il y a l’aveu que la société européenne de l’Ouest n’est plus. Que la Roumanie l’a conservée. La Russie en est aujourd’hui plus proche que la France ou la Belgique. L’EUrope de l’OUest, c’est l’inculture américaine et le règne du plus fort et du business. ESt-ce vraiment comme cela que les Roumains voient leur avenir. ILs auraient plus à gagner au seoin de la Fédération de Russie. Ne serait-ce que pour l’énergie.

  2. CREOFF dit :

    Ce monsieur peut-il nous expliquer comment les publicités pour acheter le passeport Roumain pour 3000 euros sur tous les sites russes comme la Pravada ou l’agence TASS? Ensuite ces nouveaux européens peuvent explorer toute l’europe!

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