La prolifération du crabe bleu en Méditerranée, un prédateur dévastateur pour l’écosystème marin se nourrissant notamment de poissons et de mollusques, a conduit l’Italie à allouer 2,9 millions d’euros pour combattre cette espèce envahissante. Sa présence a également été signalée le long des côtes françaises, y compris sur le littoral de la Manche.
Le crabe bleu, un prédateur sans scrupules en Méditerranée
Sur notre littoral breton, le crabe vert est un crustacé bien connu de l’estran. Mais son homologue de couleur bleue ne nous est, en revanche, pas familier.
Cependant, il est peut-être temps de s’intéresser à son cas compte tenu de sa prolifération en mer Méditerranée, bien que ce crabe bleu également appelé « Callinectes sapidus » soit une espèce originaire de la côte Atlantique américaine.
Cette année, son développement a pris une telle importance en Italie que le gouvernement a décidé de débloquer une enveloppe de 2,9 millions d’euros pour combattre sa prolifération, le crustacé se rassasiant notamment de poissons et de mollusques. Au grand désespoir des pêcheurs italiens.
Le 9 août, le quotidien italien Corriere della Sera, qualifiant au passage ce crabe bleu de « tueur des mers », indiquait que la consommation de ce dernier par les Italiens appréciant le crustacé (commercialisé à environ 10 euros le kilo sur les étals) ne suffisait pas à endiguer sa prolifération. Selon le titre de presse, en raison de « l’augmentation de la température des mers, il colonise également nos mers, perturbant le délicat écosystème marin et mettant en crise les économies halieutiques » en dévorant notamment « moules, palourdes, etc. »
Une facture évaluée à 100 000 € par jour
Quant aux 2,9 millions d’euros attribués par Rome, ils sont destinés à des « consortiums et des entreprises aquacoles qui assurent la capture et l’élimination » du crabe bleu. Aussi, « un arrêté du ministre [italien, NDLR] de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt identifie les zones géographiques concernées par l’urgence, les bénéficiaires, les procédures d’introduction des demandes, les coûts éligibles et les critères de distribution ».
Cela sera-t-il suffisant ? Si une quantité de plus en plus importante de crabes bleus arrive sur les tables italiennes, l’organisation professionnelle de pêcheurs italiens Federcoopesca-Confcooperative a estimé que les coûts d’élimination et de capture de l’envahissant crustacé atteignaient les 100 000 euros par jour.
Compte tenu de sa capacité à se reproduire très vite en s’attaquant par ailleurs à une grande partie de la faune marine, la seule consommation du crabe bleu par la population comme solution risque d’atteindre rapidement ses limites. D’autant plus qu’il s’invite également dans les eaux douces et les eaux saumâtres.
Selon Paolo Tiozzo, coprésident de l’Alliance des coopératives de pêche, cité par Corriere della Sera, le crabe bleu met, dans le delta du Pô, « en péril la survie de l’un des lieux de production de palourdes les plus importants d’Europe ». Dans cette zone, l’équivalent de millions d’euros de produits ont été dévorés par ces crabes décidément très invasifs.
Un crabe bleu déjà signalé en Manche
Sur les bords de la Méditerranée, l’Italie n’est pas le seul pays concerné par le crabe bleu. Sur ce point, Ouest-France indique que sa présence est signalée en Espagne tandis qu’il prolifère également le long des côtes des Pyrénées-Orientales.
Dans l’étang de Canet par exemple, l’apparition du crabe bleu en 2017 a donné « un coup d’arrêt à la pêche » selon Yves Desdevises, directeur de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer en raison de la voracité du crustacé dévorant les anguilles et détruisant les filets.
Auprès du quotidien régional, Yves Desdevises ajoute que le crabe bleu, par ailleurs susceptible de se nourrir de déchets, « peut nager 15 km par jour et mesurer jusqu’à 20 centimètres de large ».
Tandis qu’il est pour l’instant impossible d’effectuer des prévisions sur l’évolution de la population de crabes bleus, sa présence a déjà été signalée sur le littoral atlantique mais aussi sur les côtes de la Manche…
Crédit photo : Pexels.com (CC/Mark Stebnicki) (photo d’illustration)
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7 réponses à “Crabe bleu. Doit-on redouter la prolifération de ce « tueur des mers » en Bretagne ? [Vidéo]”
Si c’est bon à manger le problème se réglera dès l’instant que le prix de vente grimpera.
Vu sur le Net : « Le crabe bleu a toutefois un talon d’Achille : sa chair, comestible, et même vraisemblablement délicieuse. Dans certains pays, notamment sur les côtes atlantiques américaines ou en Espagne et en Tunisie, il est largement exploité par la pêche. Et l’Asie en raffole. Mais pour l’instant, pas en France. Toutefois, des expérimentations sont en cours, car cela pourrait être un moyen de juguler cette espèce envahissante. »
faut lui trouver un prédateur!
l’homme ! qu’on nous en propose en boite, j’en rafolerais
Une espèce envahissante en un lieu, ne l’est pas forcément dans un autre. La Méditerranée est une mer avec des marées peu prononcées ( peu de pêche à pied), avec des faunes indigènes déjà affaiblies. L’arrivée du crabe bleu en Bretagne va l’exposer très certainement, à une prédation plus soutenue de la part des espèces locales surtout lorsqu’il est juvénile. Les pêcheurs professionnels et les pêcheurs de l’estran sont, je pense, capables de maintenir ce crabe à l’état d’espèce introduite et non envahissante. Sa capacité à fréquenter les eaux saumâtres et douces est plus préoccupante car ces milieux sont plus fragiles. Mis à part les oiseaux et quelques poissons comme les dorades royales, bars et émissoles qui remontent un peu en estuaire je ne vois pas qui pourra l’y déloger. Les poissons et céphalopodes indésirable d’hier, pourraient être demain de précieux alliés.
Je redoute davantage le crabe gris et son cousin noir. Ils ont une faculté d’adaptation et d’invasion inégalée et représentent un danger mortel pour notre population.
Exact ! Et ceux là, en plus de n’avoir pas de prédateurs, ont des alliés puissants qui les installent un peu partout.