Le résultat des élections sénatoriales dépend beaucoup de la tambouille locale. On l’avait vu en Loire-Atlantique, en septembre 2017, puisqu’une liste de droite dissidente (André Trillard) avait permis à la gauche d’emporter trois sièges sur cinq : Michelle Meunier (PS), Yannick Vaugrenard (PS) et Ronan Dantec (écolo). De ce fait, la droite devait se contenter de deux élus : Christophe Priou LR) – remplacé en cours de mandat par Laurence Garnier – et Joël Guerriau (centriste).
Il faut d’abord tenir compte de la règle, telle que définie par l’article L. 295 du code électoral : « Dans les départements où sont élus trois sénateurs et plus, l’élection a lieu à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel. Sur chaque liste, les sièges sont attribués aux candidats d’après l’ordre de présentation ». En clair, un seul tour, ce qui empêche toute magouille entre le scrutin du matin et celui de l’après-midi ; pas de désistement, pas de fusion, pas de retrait. Par conséquent, la droite et la gauche ont intérêt à éviter l’apparition des listes dissidentes, sauf si ces dernières jouent un rôle « complémentaire » en attirant des électeurs de sensibilité centre-doit ou centre-gauche. Et puis, en Loire-Atlantique, une bonne liste doit respecter différents équilibres : rural et urbain, littoral et intérieur, Nantes et Saint-Nazaire… Mais c’est encore mieux lorsqu’une liste est constituée de maires, personnages qui bénéficient d’une incontestable notoriété et d’une clientèle électorale lorsqu’ils sont présidents d’une communauté de communes.
C’est en tenant compte de tous ces éléments que Philippe Grosvalet a constitué une liste. Ancien adhérent du Parti socialiste, ancien conseiller départemental de Saint-Nazaire, ancien président du conseil départemental de Loire-Atlantique, il dispose donc de bonnes cartes. On peut dire qu’il représente le courant anti-Nupes du PS, alors que la liste officielle du PS dirigée par Karine Daniel et soutenue par Johanna Rolland, maire de Nantes, incarne la tendance Nupes du parti d’Olivier Faure. Philippe Grosvalet est donc tête de liste ; il est suivi par Danielle Cornet, maire de Pontchateau ; Emanuel Rivery, maire du Loroux-Bottereau ; Yves Dauvé, maire de Nort-sur-Erdre ; Christelle Chassé, maire d’Herbignac ; Karine Paviza, maire de Geneston ; le nantais Vincent Danis, vice-président du conseil départemental, occupe la septième place. Ils ne sont pas encartés, tout en étant de sensibilité divers gauche. Ce qui a poussé Grosvalet à reprendre du service : « C’était l’incapacité des états-majors à exprimer la diversité territoriale » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 29 juin 2023).
Le club des « grands électeurs » se porte bien
Voilà qui n’arrange pas les affaires de Johanna Rolland et de son « employée » Karine Daniel. « La division ne peut que générer la progression de la droite », avertit cette dernière (Ouest-France, Loire-Atlantique, mardi 20 juin 2023). Effectivement, sans union, il sera difficile de conserver deux sénateurs officiellement PS. En 2017, la division de la droite avait bénéficié à la gauche. Cette fois, la division de la gauche pourrait profiter à la droite. Chacun son tour.
A cette compétition participeront quelques figurants. Ainsi la liste LFI et celle du Rassemblement national. Faute de disposer de grands électeurs, ils ne pourront obtenir que de médiocres résultats. L’article L. 280 du code électoral est impitoyable : « La composition du collège électoral appelé à élire les sénateurs assure, dans chaque département, la représentation des différentes catégories de collectivités territoriales et de la diversité des communes, en tenant compte de la population qui y réside. Ce collège électoral est composé : 1°) des députés et des sénateurs ; 2°) Des conseillers régionaux de la section départementale correspondant au département (…) ; (…) 3°) Des conseillers départementaux (…) ; 4°) Des délégués des conseils municipaux ou des suppléants de ces délégués ». Le 24 septembre 2017, la liste « Bleu marine pour la défense de nos communes et de nos départements » (Rassemblement national) avait obtenu 40 voix sur 2 756 suffrages exprimés. Or, il fallait récupérer environ 500 voix pour obtenir un élu… On notera que les gros bataillons sont constitués par les maires et les représentants des conseils municipaux.
Bernard Morvan
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2 réponses à “Élections sénatoriales : il paraît que Philippe Grosvalet a une bonne liste”
On se demande où va Johanna Rolland. Non seulement la liste socialiste qu’elle parraine n’est pas « représentative » des territoires et des sensibilités locales, mais elle est dirigée par l’une des plus mauvaises candidates possibles. Karine Daniel n’est pas une locomotive politique capable d’animer une campagne mais une copine dans le besoin qu’il faut recaser.
Enseignante-chercheuse, elle est élue députée en remplacement de Jean-Marc Ayrault quand il est nommé ministre des Affaires étrangères en 2016. Une circonscription imperdable ! Elle la perd néanmoins dès l’année suivante (au premier tour !). Nommée déléguée générale du fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons créé par Nantes Métropole (il faut bien vivre), elle ne récolte même pas la moitié des fonds espérés… jusqu’au jour où Johanna Rolland décide d’abandonner le projet.
Philippe Grosvalet est un personnage bien terne qui a gravi les échelons du Parti socialiste à l’ancienneté, ayant commencé très jeune comme permanent d’une association satellite). Il avait pris sa retraite il y a deux ans sans avoir jamais rien fait de remarquable. Les grands électeurs socialistes vont avoir le choix entre une vieille génération très médiocre et une « jeune » génération quasi nulle.
Il est vraiment dommage que les politiques de droite n’en tirent pas profit ; La droite souverainiste , c’est un peu le village gaulois d’Astérix qui se chicore la tronche devant la poissonnerie d’Ordralfabetix !!
Moralité, la meilleure chance de battre la gauche est … la gauche elle-même ! Mais allez expliquer ça !!