Roméo et Juliette, Little Big Horn, Lancelot, Une Révolution nommée Raspoutine, Dissident Club : voici notre sélection BD de l’été chez Glénat
Roméo et Juliette
Vérone, 1330. Ennemis jurés, les Cappelletti et les Montecchi se cherchent indéfiniment querelle. Le gouverneur de la ville rêve de mettre fin à cette inimitié, en vain. Si la paix doit un jour apaiser les deux familles, elle viendra d’un mariage… Car Roméo Montecchi aime une Cappelletti, Juliette ! Au péril de leur vie, les deux amants décident de s’unir en secret devant le Frère Lorenzo di Reggio. Hélas, suite à un nouveau bain de sang dans les rues de Vérone, Roméo est condamné à l’exil. Juliette, inconsolable, sera promise à un autre homme… Dans leur tentative de sceller la paix et de voir leur amour triompher, les jeunes gens vont écrire leur histoire pour l’éternité. Conte italien popularisé grâce à la tragédie de Shakespeare, l’histoire de Roméo et Juliette, symbolisant la pureté de l’amour, est admirablement illustré par le trait délicat de Gianenrico Bonacorsi.
Little Big Horn
Été 1874, Territoire du Dakota. De l’or est découvert dans les Black Hills, la terre sacrée des Sioux. En pleine période de récession, le gouvernement américain cherche un moyen pacifique d’acquérir cette contrée aux dépens des Indiens et de satisfaire les velléités d’expansion des colons. Mais les négociations échouent. Au printemps 1876, la guerre est déclarée. Tandis que trois colonnes sont lancées simultanément à la recherche des bandes irréductibles, le chef Sitting Bull décrète l’union sacrée et prend la tête d’une vaste coalition de Sioux et de Cheyennes. Les États-Unis s’apprêtent à fêter le centenaire de leur indépendance et personne ne peut imaginer le désastre qui va suivre… À la tête du 7e régiment de cavalerie, le fer de lance de l’armée fédérale, le lieutenant-colonel George Armstrong Custer entend bien mener ses hommes à la victoire et entrer dans la légende. Après une folle chevauchée, il parvient à localiser ses adversaires dans le sud du Montana et se prépare, seul, à l’assaut. Devant lui, pourtant, se dresse le plus grand campement indien jamais vu dans les Grandes Plaines. Le dimanche 25 juin, après un combat d’une extrême violence, les tuniques bleues essuient leur plus cinglante défaite dans leurs affrontements contre les tribus amérindiennes. Il n’y a aucun survivant parmi les troupes placées sous les ordres directs de Custer. À la stupéfaction générale s’ajoute l’humiliation d’une défaite qui ne cessera pas d’alimenter la controverse. Mais que s’est-il réellement passé à Little Big Horn ?
Aux côtés de l’historien Farid Ameur, spécialiste de la conquête de l’Ouest américain, David Goy et Luca Blengino reviennent sur un des événements les plus marquants de l’Histoire américaine avec un western haletant. Le dessin réaliste d’Antoine Giner-Belmonte, en disciple de Christian Rossi, nous transporte sur ce champ de bataille pour revivre, comme si nous y étions, cet épisode mythique des guerres indiennes.
Lancelot
Pour libérer des innocents, le Roi Arthur n’a d’autre choix que de confier la reine Guenièvre à son champion pour affronter le fourbe Méléagant, le ravisseur. Hélas, à l’orée de la forêt, le champion est défait et la reine est capturée. C’est alors qu’apparait le chevalier Lancelot, prêt à tous les sacrifices pour sauver la souveraine, y compris celui de renoncer à son propre amour-propre. Lancelot accepte ainsi de voyager dans la charrette du déshonneur, moqué et sali par tous, afin d’obtenir les informations qui lui permettront de retrouver la reine Guenièvre. Et ce n’est là que le début de son parcours initiatique, dont les épreuves vont se succéder pour tester sa droiture et son engagement…
La Sagesse des mythes, consacrée à la mythologie grecque, devient La Sagesse des mythes, contes et légendes pour s’étendre à tout un ensemble d’autres récits universels ayant traversé les siècles, de leurs origines issues de la tradition orale à leur mise par écrit ultérieure. Le propos de la collection reste identique : revenir aux sources des textes fondateurs, les adapter en bande dessinée et en révéler le message philosophique et l’héritage culturel. C’est une grande saga médiévale qui entame cette nouvelle phase de la collection, consacrée au chevalier le plus célèbre de la Table Ronde, héros de la Quête du Graal, emblématique du roman d’amour courtois.
Une révolution nommée Raspoutine
Au cours de l’hiver 1916, dans une Russie en guerre, un homme étend de plus en plus son influence sur la famille royale : l’énigmatique Raspoutine. Homme de confiance de la tsarine Alexandra, celui que l’on surnomme le « Moine Fou » s’est déjà fait une réputation en raison de ses prétendus miracles et ses penchants dépravés. Il continue d’accueillir et de soigner les plus démunis dans sa résidence de Saint-Pétersbourg. C’est au cours d’une de ces séances qu’il va recevoir une jeune fille, Alissa. La fillette, qui doute de ses pouvoirs surnaturels, connaît son influence et lui demande d’intervenir pour empêcher que son père ne soit déporté ! Intriguée par son intelligence fulgurante, Raspoutine fera tout pour l’aider. Mais pendant qu’il œuvre à l’extérieur contre l’antisémitisme grandissant et la guerre qui affame la population, de sombres rumeurs circulent dans les couloirs du palais… Raspoutine est devenu nuisible. L’aristocratie, mais aussi la droite ultranationaliste et l’Église orthodoxe veulent voir tomber ce fanatique idolâtré. Une conjuration menée par le prince Youssoupov se prépare ! Pour l’heure, la tsarine, toujours aussi dévouée à son conseiller spirituel, ne voit pas le danger. Elle présente ses quatre belles filles à Raspoutine et les place sous la protection bienfaitrice de l’homme de foi. C’en est trop pour le tsar Nicolas II. La chute de Raspoutine est proche. Bientôt, c’est toute la Russie tsariste qui va sombrer…
Mysticisme et sensualité, mais aussi oppression et lutte des classes s’entremêlent dans ce one shot qui retrace de manière flamboyante les derniers moments de la vie de Raspoutine confronté à la jeune Alissa, qui n’est autre que la future auteure à succès Ayn Rand. En résulte un duel féroce à mi-chemin entre perversion et innocence. Au-delà de la fascination, Hernán Migoya interroge la vérité historique plutôt que la légende dans le tumulte de la pré-révolution russe. Une fresque vivante qui détone par sa galerie de personnages et son style pictural aux traits enivrants et arrive à s’emparer d’un mythe qui conservera toujours sa part d’ombre.
Dissident Club
En 2018, après avoir été victime d’une tentative d’enlèvement et d’assassinat dans son pays d’origine, le journaliste d’investigation Taha Siddiqui trouve refuge en France. À travers ce roman graphique, et en compagnie d’Hubert Maury, il revient sur sa jeunesse, son parcours, et son combat pour la liberté de la presse. Quand les parents de Taha quittent le Pakistan pour l’Arabie Saoudite c’est dans l’espoir d’une vie meilleure. Au pays de La Mecque, le quotidien du petit Taha est déjà régi par un islam rigoriste mais quand son père se radicalise, les choses se corsent. C’en est fini des coloriages de Batman et Superman, place à des livres moins profanes. Désormais les super-héros de Taha seront les leaders religieux ! En pleine Guerre du Golfe, la police des mœurs commence à sévir et bientôt il faudra aussi renoncer au foot de rue. C’est en l’an 2000 qu’une brèche s’ouvre… La famille se réinstalle alors au Pakistan où l’armée a pris le pouvoir. À l’âge de 16 ans, Taha rêve de faire des études d’arts, mais son père a d’autres projets pour ce fils qui rechigne à suivre le droit chemin. En attendant, Taha va découvrir une Société faite d’interdits que la jeunesse s’efforce de contourner. Jamais il ne s’est senti aussi libre malgré l’insécurité ambiante. Les attentats du 11 septembre vont profondément l’impacter, tout comme son entrée à l’université. Après avoir connu l’école coranique et la censure, Taha va progressivement s’émanciper et trouver sa voie… il sera journaliste et débutera sa carrière sur une chaîne « hérétique » au grand dam de son père ! Sa détermination, sa foi en son métier et son engagement politique feront de lui une cible comme tant d’autres condisciples à travers le monde.
Aujourd’hui Taha Siddiqui (Prix Albert-Londres 2014) et sa famille vivent à Paris. Taha a ouvert en 2020 The Dissident Club, un café & bar où les dissidents du monde entier se retrouvent pour échanger et qui propose régulièrement des conférences, des expositions et des projections.
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Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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