On dit souvent qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, pas plus qu’une seule voix ne pourrait suffire à établir une vérité. Mais lorsque plusieurs voix se font entendre simultanément, venant de gens différents et indépendants les uns des autres, et disent sensiblement les mêmes choses, on peut alors leur apporter un certain crédit. Ainsi en est-il des informations concernant la guerre en Ukraine. Alors que la doxa éditorialiste de certains médias est d’afficher une sorte de « foi du charbonnier » concernant la victoire de l’Ukraine sur la Russie, d’autres sources, et pas n’importe lesquelles, font état d’une situation bien différente.
Des voix dissonantes
C’est le cas du colonel Douglas Mc Gregor, qui fut un des conseillers militaires de Donald Trump, qui relate lors d’une interview récente les origines de la guerre, et n’hésite pas à dire qu’il existe une différence importante entre les propose de la diplomatie américaine et le sentiment du Pentagone. Ce dernier pense que ni les Etats-Unis, ni leurs alliés, sont en mesure de livrer une guerre « conventionnelle » (entendez non-nucléaire) contre la Russie. Les forces Russes sont extrèmement importantes et bien équipées alors qu’on répandu l’idée que la Russie était faible, en s’inspirant de la propagande nazie de la seconde guerre mondiale, ce qui est stupide.
Pour la suite des opérations, Mc Gregor se montre très pessimiste et pense que cette defaite de l’OTAN contre la Russie va entraîner la fin de l’OTAN. Cela entraînera également le changement d’un certain nombre de gouvernements en Europe d’ici quelques mois. Ils seront remplacés par d’autres qui remettront en question la position américaine en Europe. Il pense également qu’il y aura d’importantes répercussions aux Etats-Unis et que le peuple américain demandera des comptes aux dirigeants qui ont mis leur pays dans cet état
C’est également le cas de Richard Haass. Il a exercé durant une vingtaine d’années la présidence du CFR, donc au cœur de l’état-profond américain dont il connaît tous les rouages. Il était un des personnages-clé en matière de politique étrangère américaine. Sa parole a donc du poids. Dans une interview du 03 juillet , on trouve le texte:
« Après avoir dirigé l’organisation pendant deux décennies, M. Haass a déclaré qu’il était parvenu à la conclusion inquiétante que le danger le plus grave pour la sécurité du monde à l’heure actuelle était les États-Unis eux-mêmes, a-t-il déclaré dans une interview au New York Times.
L’effritement du système politique américain signifie que, pour la première fois de sa vie, la menace interne a dépassé la menace externe, a-t-il ajouté.
Au lieu d’être le point d’ancrage le plus fiable dans un monde instable, les États-Unis sont devenus la source la plus profonde d’instabilité et un exemple incertain de démocratie, a estimé M. Haass, cité par le journal »
Mais il y a également des diplomates étrangers , comme l’Indien M K Bhadrakumar, qui exprime leurs doutes sur la situation réelle de l’Ukraine face à la Russie. Il écrit notamment, sur la situation actuelle et juste avant la réunion de Vilnius parlant de l’épisode russe:
Il est concevable que Washington en déduise qu’il s’agissait d’une réunion «vérité et réconciliation» présidée par Poutine. D’importantes décisions auraient été prises pour que le Kremlin puisse garder les yeux sur l’Ukraine de manière optimale.
Voilà qui va pratiquement éteindre la lueur d’espoir des Alliés de l’OTAN, qui pensaient que les incertitudes politiques en Russie entraveraient l’effort de guerre du Kremlin. Il est évident qu’il n’y a aucune «fissure» sur le mur du Kremlin. Poutine reste fermement aux commandes et les opérations militaires visant à disperser l’offensive ukrainienne, qui dure depuis un mois, réussissent au-delà des attentes.
En conséquence, les Alliés de l’OTAN devraient faire preuve d’un plus grand réalisme. Hélas, des décisions politiques capitales pour la sécurité européenne ont été prises sur la base de renseignements erronés.
Les Américains n’avaient aucune idée de la capacité de l’armement russe ou de l’industrie de défense du pays, de sa capacité à se mobiliser sans faille pour une guerre continentale, de l’état d’esprit du peuple russe, de la puissance de Poutine, dont la cote de popularité s’élève régulièrement à 80% (plus du double de celle de Biden), de la capacité de l’économie russe à résister aux sanctions, ou du contrecoup des sanctions, qui finiraient par dévaster les économies européennes.
D’autres signes à prendre en compte
Indépendamment de ces analyses, dont la compétence sur le sujet de leurs auteurs ne fait aucun doute, certaines décisions, notamment en matière de fournitures d’armes à l’Ukraine, suscitent la réflexion. Joe Biden dit, qu’après plusieurs mois d’hésitation, les Etats-Unis allaient envoyer des armes à sous-munitions. Ces armes avaient été développées durant les années 70, essentiellement dans un but d’anti-guérilla, par un certain nombre de pays. Elles permettent de « neutraliser » une certaine zone en la recouvrant avec une densité importante de petites munitions qui se fragmentent en remplissant l’espace avec des projectiles extrèmement dangereux pour tout être se trouvant dans cette zone. En outre, les munitions qui n’explosent pas à l’impact avec le sol gardent leur caractère meutrier, notamment pour les civils et en particulier les enfants.
Ces armes fort peu sympathiques ont été détruites par les pays qui se sont engagés à ne plus les utiliser. Malheureusement, les Etats-Unis n’étaient pas signataire, la Russie non plus, de ces accords. Cependant, on vraisemblablement déduire que si les Etats-Unis les proposent, c’est surtout parce qu’ils n’ont guère d’autres munitions à proposer. C’est l’aveu que tout leur stock disponible pour soutenir un pays tiers est épuisé. Ce qui revient à poser la question de la quantité d’armes dont dispose encore l’armée ukrainienne ?
Poser cette question, c’est en partie y répondre et, de l’avis de plusieurs spécialistes, les approvisionnements ukrainiens sont insuffisants. Ce que confirme par ailleurs le général Zaloujny dans un entretien donné au Washington Post.
MK Bhadrakumar termise son analyse sur ce sujet en écrivant:
« Entre-temps, selon les rumeurs à Kiev, le commandant en chef des forces armées, le général Valeri Zaloujny, a recommandé à son président Zelensky que l’offensive militaire ukrainienne en cours depuis un mois n’est tout simplement pas viable face à la puissance écrasante des forces russes et qu’elle devrait être interrompue »
Le contexte mondial , avec l’émergence de plus plus probable d’un monde « multipolaire » que les médias occidentaux ont tendance à ignorer, va pourtant bouleverser le rapport de forces entre l’Occident et le reste du monde. Vladimir Poutine le sait parfaitement et il est probable qu’il adopte une position purement défensive, du moins tant que la Russie ne sera pas directement menacée. Pour cette raison, le conflit ukrainien risque d’être gelé, les deux adversaires véritables que sont la Russie et les Etats-Unis ayant, pour des raisons différentes, un intérêt à cette situation.
On peut comprendre le dépit de Volodimir Zelinski, mais il est assez probable que, concernant l’Ukraine, comme le disent les Américains, « Game is over! »
Jean Goychman
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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11 réponses à “OTAN vs Russie: les jeux sont-ils faits ?”
Rien de nouveau.
Le 24 février 2022 au soir, la Russie avait déjà gagné.
Bonjour , c’était plié d’avance ,on gagne pas contre la Russie qui a un véritable chef et un peuple soudé derrière lui .
Regardons l’histoire qui à arrêter les Allemands à Stalingrad ?
La guerre n’est pas un jeu n’est pas
Mr Macron?, derrière il y a des morts et des peuples qui souffrent y compris nous les Français avec notre économie qui s’effondre…
Game over mais pour les USA ?: 2 membres de l’OTAN en plus qui rajoutent des frontières dangereuses à la Russie, Une Europe tétanisée placée sous le joug de l’OTAN dirigée officiellement pas une général Américain. Des commandes d’armes vertigineuses, des coupes dans les budgets sociaux, la vente de tous les biens vendables par l’état et au delà grace à de nouvelles lois de privatisation ou de réquisition pour payer la dette. Pour les USA ça baigne! le scénario était impeccable. Tant pis pour les Ukrainiens, ils n’avaient qu’à pas jouer un jeu dangereux. Et c’est le jeu que l’Europe va maintenant jouer à son tour. Mais Que nous ont donc fait les RUsses exactement?
On a tort de sous-estimer la résilience et le patriotisme du peuple Russe habitué à souffrir.
Avec ses immenses ressources énergétiques et minières, son industrie lourde, la Russie peut tenir pendant un siècle de guerre.
Quant aux domaines pointus de guerre électronique et de système d’armement sophistiqué, il peuvent compter sur l’Inde leur partenaire commercial, le plus grand pourvoyeur d’informaticiens du Monde.
Comme d’aucuns le savent, la grande majorité de la presse francaise est aux basques du Gouvernement, toujours en attente de ses subsides, et de ce fait, est aux ordres du Gouvernement. Par consequent, le demi-homme de l’Élysée ayant décrété que la Russie est l’agresseur, toute la Presse Française s’enflamme sur les prétendues « victoires » de l’Ukraine sur les Forces Russes. La réalité est toute autre. Et la Russie n’a aucun objectif d’envahir son voisin, sinon de récupérer les terres qui sont les siennes, en particulier la Crimée, et les Provinces frontalieres de l’Est qui ont toujours été Russes, avec des habitants d’origine Russe, ayant le Russe pour langue vernaculaire, et sont Orthodoxes, contrairement aux Ukrainien (Une majorite de Catholiques et Juifs). Donc les « Jeux » ne sont ni « Faits », ni « commencés ». Tout va retomber dans un ordre de bon aloi et la supposée « »Victoire Ukrainienne » » n’aura jamais lieu, au grand depit des USA qui lorgnaient d’un bon oeil ce marché attractif pour y caser leurs fusées aux portes du Kremlin …
Excellente analyse de Mr Jean Goychman sur la géo politique guerrière internationale, décrivant toujours une certaine espèce humaine à se battre pour conserver une certaine suprématie. Nous parlant surtout des USA et de leurs dollars et l’euro indexé. Les premiers colons pauvres déshérités européens, pas vraiment tendres, ont fondé les USA pour essayer de faire fortune, manger et avoir un métier pour survivre. L’extermination des 10 millions amérindiens fut considérée comme naturelle. Ces Etats Unis sont depuis 2 siècles en conflit, en guerre, pour asseoir leur suprématie et les dettes de leur monnaie, afin que le monde entier la supporte. Ce monde se termine et l’acceptation de la fin de l’hégémonie risque d’être explosive avant. Dans le sens financier du terme et non guerre nucléaire. Mais surtout, économique, géo politique et stratégique pour les matières premières, les énergies fossiles. Celles-ci vont aussi devenir obsolètes avec la fusion contenue par la force magnétique (ITER) pour fournir de l’électricité perpétuelle. Le fond de ce conflit est avant tout financier et des dettes irremboursables, qui se heurtent aux investissements faits dans les énergies fossiles. Ils sont très difficiles à amortir avant l’avènement rapide des énergies perpétuelles. d’ailleurs on bloque les investissements dans les énergies perpétuelles pour sauver les capitaux restant à amortir dans les énergies fossiles. Le monde va devenir « multipolaire » et l’aspect financier des dettes va devoir se solder par un compromis obligatoire. Les USA ne peuvent plus honorer leurs dettes avec une garantie OR disparue. Plus de 50’000 milliards de dettes insolvables, des hors bilans bancaire incommensurables et en tout 4 fois plus qu’en 2008. Le monde occidental ne sera plus autorisé à vivre à crédit sur le dos du reste du monde. Epilogue et conclusion : On sent bien que l’occident ment et raconte des inepties économiques sur tout, pour ne pas effrayer l’opinion publique et ne pas parler de faillite. Il essaie donc de sauver les meubles avant l’effondrement des dettes et du dollars, pour tout ce qui est exprimé en dollars, digne de 10 fois la faillite de 2008 reportée depuis. L’épidémie de laboratoire les faux vaccins, la guerre en Ukraine figure donc comme des excellentes diversions sur la véritable situation financière. de l’occident. Les pays des BRICS et l’OCS ne se sont pas trompés et c’était prévisible vu le contexte de 4 fois plus de dettes qu’en 2008.
Il fallait être naïf ou prétentieux comme B.Lemaire pour penser mettre un si grand pays » à genoux » !
Ceux qui le pensaient se couvrent de ridicule et n’ont aucune vision politique, géographique, économique et historique de la Russie.
Bonjour Jean Goychman et bonjour à tous les Clovisiens, ..dites moi pourquoi à la lecture de votre article, je ne peux m’empêcher de ressentir une jubilation, comme un espoir moribond, revigoré, sorti des cordes et de nouveau les gants bien haut…
L’énorme barnum médiatique tantaculaire, tel le spectre de Ian Fleming, répend son influence jusque dans les esprits instruits, ainsi on peut être surpris d’entendre des gens qui ont eu la même éducation, qui ont lu les mêmes livres ,se sont posé les mêmes questions, vous affirmer les larmes aux yeux que Poutine est un affreux monstre sanguinaire pire qu’Hitler et que son but est de coloniser la planète!, les mêmes qui trouvaient égoïste et inconscient de ne pas se faire vacciner, ceux là encore qui se sentent Charlie, mais qui trouvent salutaire de museler ceux qui ne pensent pas comme eux, convaincus que le pire qui puissent nous arriver c’est un regain de nationalisme..
En clair, le sommet de l’OTAN a définitivement détruit les espoirs des ukrainiens. Sur le terrain, sur tous les fronts les UK subissent des revers. Les russes sont passés à l’offensive et force est de constater qu’en quelques jours ils ont obtenu des succès que l’UK n’a pas eu en deux mois et qu’ils reprennent le peu de terrain concédé au prix de pertes énormes pour l’armée ukrainienne. C’est le début de la fin. Combien de temps Zelensky va-t-il rester au pouvoir ? Sa vie ne tient qu’à un fil, ce sont les ukrainiens qui lui feront payer le prix de ses crimes.
bismark dans ses mémoires prévenait de ne jamais s’attaquer à la russie qui gagne toujours à la fin! en attendant des jeunes ukrainiens et russes sont sacrifiés
Enfin un peu d’objectivité dans cet océan de mensonge médiatique. Merci ça fait du bien