Au nord du Finistère, les enclos paroissiaux sont uniques en France. Tellement uniques qu’a été lancée en février 2022 une candidature en vue de leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Édifiés aux XVIe et le XVIIe siècle dans un contexte de prospérité économique lié au commerce du lin, ces ensembles architecturaux doivent aussi beaucoup à la piété des fidèles. Comme à l’émulation entre les paroisses : c’est à celle qui aura le clocher le plus haut ou l’ensemble le plus beau.
Parmi eux, l’enclos paroissial de Guimiliau est un enclos paroissial situé dans la commune de Guimiliau (Finistère, France) autour de l’église Saint-Miliau. Cet ensemble architectural construit aux xvie et xviie siècles comprend, outre l’église Saint-Miliau et son clocher-tour, une chapelle funéraire, un calvaire et une porte triomphale. L’ensemble est classé au titre des monuments historiques.
Il comprend :
- La Porte triomphale (ou Arc de triomphe) qui, en breton, s’appelait Porz ar maro, littéralement « porte de la mort », car elle donnait accès au cimetière situé dans l’enclos paroissial. Elle est surmontée de deux cavaliers et était ordinairement fermée par une grille (les fidèles enjambant l’échalier pour pénétrer dans l’enclos paroissial) ouverte seulement lors des mariages et des enterrements.
- Le calvaire, en granite bleu, construit entre 1581 et 1586, surmonté d’une Croix de Jésus et des deux Larrons, le fût portant la Croix ayant comme souvent en Armor l’aspect d’un tronc d’arbre ébranché, dit « croix de peste »; le reste du calvaire représente en bas-relief les différents épisodes de la Vie du Christ, dont la Naissance du Christ, l’Adoration des mages, le Portement de Croix (une musique militaire composée de tambours et d’olifants le précède), la Mise au tombeau, la Résurrection, etc. ainsi que Catel Collet précipitée en enfer par les diables pour avoir dérobé une hostie et l’avoir donnée au diable, et une statue de saint Miliau. Les 80 personnages représentés sont affublés de costumes du xvie siècle, contemporains de la date de construction du calvaire, mais de style semble-t-il plus espagnol que français, ce qui s’expliquerait par la présence d’Espagnols en Bretagne à l’époque en raison des guerres de la Ligue. « Le calvaire de Guimiliau est le plus peuplé de tous » selon le grand spécialiste Eugène Royer.
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