Aujourd’hui, le mot-valise est celui de « république ». On parle de valeurs républicaines, d’ordre républicain, de régime républicain sans que personne ne s’attarde à les définir réellement.
Élisabeth Borne a même employé à différentes reprises le terme de « champ républicain » sans toutefois se hasarder à le définir. Le mot « république » lui, a un sens. Il vient du latin « res publicae » qui signifie la « chose publique » qui s’oppose à ce qui est « privé ». Dans le langage commun, la république est assimilée à la chose démocratique, qui marquait la fin d’un régime monarchique et cette approximation permet surtout de jeter l’opprobre sur les anti-républicains.
On substitue de plus en plus souvent dans le discours politique la République à la France et c’est intentionnel. En général, cette attitude est le signe d’un écran de fumée, voire d’une dissimulation volontaire, mais en réalité, la chose importante dont on ne parle plus est la démocratie.
Le mot « république », et ce n’est pas un hasard, fait disparaître les mots, pourtant essentiels, de « patrie » et de « souveraineté »
L’exemple américain
Pour beaucoup de gens, république et démocratie sont des synonymes. Pourtant, il existe une différence essentielle.. Aux Etats-Unis, les deux grands partis, depuis des temps immémoriaux, sont le parti républicain (GOP pour Great Old Party) et le parti démocrate. Il doit bien exister une différence entre les deux. Un article du JDD, paru en 2020 relate brièvement leurs histoires. Il est intéressant de constater que leurs doctrines respectives ont évolué jusqu’à pratiquement s’inverser au fil du temps. Dans les années 1850, les républicains étaient contre l’esclavage alors que les démocrates, majoritaires dans les états du Sud, voulaient le conserver.
Aujourd’hui, le parti républicain est considéré comme le parti de droite et très conservateur alors que le parti démocrate est réputé beaucoup plus à gauche et donc « progressiste » et, de plus en plus, se rapproche des « wokistes »
Le contexte est essentiel pour le sens des mots. Pour autant, les Etats-Unis ne sont pas une république mais une fédération d’Etats regroupés, plus ou moins assimilables à des républiques sans gouvernement exécutif mais avec un appareil législatif. Le régime fédéral est un régime dit « présidentiel » dans lequel les pouvoirs du président sont certes, très étendus mais certaines de ses actions doivent être acceptées par les représentants ou les sénateurs.
Enfin, l’interprétation des lois et leur « constitutionnalité » est du ressort de la Cour Suprême
Vers une « américanisation » de l’Union Européenne ?
La Constitution de la Vème république avait suscité un certain nombre de critiques. Certes, le Parlement y jouait un rôle important, mais la première version prévoyait l’élection du président de la République par les parlementaires. On pouvait parler d’un régime parlementaire « rationalisé »
La réforme de 1962 a fait basculer vers un régime « semi-présidentiel » en introduisant l’élection du président au suffrage universel, ce qui pouvait être considéré comme un progrès démocratique, même si cela diminuait les pouvoirs du parlement.
Dans l’esprit de de Gaulle, il s’agissait de diminuer l’influence des partis politiques qui envoyaient leur leader à l’Élysée ou qui négociaient entre eux. L’élection de de Gaulle était un cas particulier car il avait eu besoin du Parlement pour lui voter les pleins pouvoirs en mai 58, mais il savait que, lui disparu, les jeux parlementaires reviendraient.
On constate également que de plus en plus de textes législatifs ne sont que la transcription dans le droit français de dispositions prises au niveau européen, dans laquelle le parlement français n’a qu’un rôle d’enregistrement, peu compatible avec la « souveraineté populaire » base la Constitution.
Doit-on voir dans ces évolutions successives, y compris celle de 2008 autorisant la modification de la Constitution par le Congrès, une évolution à « l’américaine » qui transférerait une partie du pouvoir législatif au niveau supranational avant qu’il ne devienne fédéral et réduirait le rôle du président à celui d’un gouverneur d’État, comme aux Etats-Unis ?
Quelles perspectives dans un monde multipolaire ?
Pourquoi aucune voix politique n’aborde-t-elle cette évolution, pour ne pas dire cette révolution qui se produit pourtant sous nos yeux ?
Vont-ils nous refaire le coup pour une n-ième fois du « on ne savait pas, personne ne nous a prévenus que le monde pouvait changer » ?
Cela paraît incroyable, mais ils font semblant de ne pas voir. Pourtant, toutes ces manœuvres diplomatiques en cours se font au grand jour. Les réunions de plus en plus fréquentes des BRICS et du nombre de pays qui aspirent à les rejoindre, ou bien celles de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) qui, elle aussi, semble attirer de plus en plus de monde sont en train de bouleverser la géopolitique planétaire sans que personne ne daigne nous informer des éventuelles conséquences sur l’avenir de la France.
Au lieu de cela, les débats à l’Assemblée nationale tournent à l’affrontement sémantique afin de savoir si les propos tenus par tel ou tel député ou groupe de députés sont dans le champ républicain ou non. Et quand bien même, à supposer qu’on puisse démontrer le contraire, quelle serait la conséquence ? Tout ceci n’est qu’un théâtre politique dans lequel il s’agit surtout d’occuper l’esprit des gens avec des questions de forme plutôt que d’exposer le fond des choses.
La réalité est que notre pays semble condamné à la mort diplomatique et que nous devons nous y résigner. Nos dirigeants ne veulent plus nous tenir informés de notre état et les opposants, trop occupés par leur propre avenir politique, ne veulent pas subir le sort néfaste de « celui par lequel le scandale arrive »
Il semble désormais admis que, quoi qu’il arrive, le peuple n’aura plus jamais la parole.
On peut toujours nous parler de belles valeurs républicaines, que sont elles sans la souveraineté populaire pourtant gravée dans le marbre de notre Constitution ?
Jean Goychman
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10 réponses à “La France est en soins palliatifs !”
« Je ne puis être bonapartiste à cause de l’assassinat du Duc d’Enghien, ni orléaniste à cause de la mort du Roi ; je ne puis être républicain car nul honnête homme ne saurait l’être, je suis donc légitimiste. » j’ai fait mienne cette devise du Maréchal de France Hubert Lyautey. je suis né en France et non en république.
Quelle conclusion pour cette article ? Il faut croire que son auteur ne crois plus ni à la République, ni à la démocratie. Et voilà ! C’est bien avec ces idées-là qu’on tombe dans le nihilisme ou pire…dans le stupre.😠
Cher Pierrick, il me semble que vous préférez la chimère à la réalité. Je ne dis absolument que je ne crois pas à la République ou à la démocratie. Je dis simplement que ces mots, dans la bouche de certains, sont volontairement utilisés à contre-emploi. Cela n’a rien à voir avec le nihilisme.
Oui ou non, la souveraineté populaire est-elle inscrite dans notre constitution? Quand je parle de souveraineté, elle a un sens très précis avec des attributs qui sont, malheureusement, aujourd’hui abandonnés. Transcrire une directive européenne dans notre droit est il compatible avec notre souveraineté? Or, n’oubliez-pas que la démocratie est avant tout le gouvernement du peuple par le peuple et c’est incontournable!
Peut-on parler de démocratie lorsqu’on ne soumet pas à référendum un projet de loi qui ne recueille pas le majorité au parlement, et a visiblement contre lui une majorité écrasante du peuple .
Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres!
Oui, je crois à la démocratie, mais à la vraie, pas celle de la communication et du « story telling »
Cher Jean, proudhonien, je ne serai être contre votre argument politique du référendum. Celui de Notre-Dames-des-Landes nous à bien montré combien il pouvait être utilisé d’une manière pitoyable et ubuesque avec le gouvernement de Hollande qui tout comme un tartuf nous en vantait son mérite, et puis de Macron ignorant celui-ci. Sur ce….je vous rejoins tout à fait.
Cordialement….à la sociale ! :)
La France a toujours été le repère de traitres, la preuve par Michel Barnier. Au lendemain du référendum sur la constitution européenne et la défaite cinglante du ‘oui’ 45.33% contre 54.67% ce dernier expliquait dans un interview que les Français n’avaient pas compris la question qu’on leur avait posé et qu’il avaient de ce fait mal voté (tu parles! c’est cet immonde abruti de Giscard qui avait écrit le texte). En fait il nous disait que nous étions des cons et que de toute façons, il nous ferait avaler cette couleuvre coute que coute. Ce fut chose faite avec le traité de Lisbonne, et le traitre en chef : Cette merde de Sarko. Jamais depuis l’occupation Hitlerienne la démocratie et la souveraineté du peuple Français n’avait été aussi piétinée. La « raie-publique » Française est un cloaque de sinistres individus qui ne se préoccupent que de leur carrière et vomissent la volonté du peuple.
Vrai. Et j’admire la façon dont les tartuffes du Conseil Constitutionnel ont avalisé la nullité du référendum de 2005, au prix de moult et moult contorsions juridiques. Je pense à ce qu’avait écrit le général de Gaulle sur les membres du War Office qui affirmaient l’importance de la France Libre tout en trahissant celle-ci afin de complaire à Roosevelt (1943-1944) : « Ils ressemblaient à une bande de notables sortant du bordel au petit jour tout en refaisant leur noeud de cravate et en scrutant les alentours de peur qu’on les reconnaisse. » Tout-à-fait les membres du CC en 2007-2008, lorsqu’ils ont trahi la volonté populaire.
Au fait, quand au titre de l’article, la France n’est pas en soins palliatif mais en neuro-réa. En principe, l’issue c’est la morgue.
La république : la Gueuse.
Merci de votre rappel de cette très belle citation du maréchal Lyautey, Guy Bourdon !
Je suis donc résolument né en France, et certainement pas en Gueuse.
républicain, citoyen, deux mots qui reviennent dans la bouche des zélites pour distinguer le bien du mal ! ils m’énervent de plus en plus
Ripoublique ou democrachie ?? Choisis ton camps camarade… Tu l’auras dans l’oignon