Ce vendredi 7 juillet, le tribunal judiciaire de Paris dira s’il répond favorablement à la demande de l’ARCOM d’obliger les 5 sites pornographiques les plus consultés en France à bloquer efficacement leur accès aux mineurs.
Les Français soutiennent-ils une telle mesure si elle venait à être appliquée ? Quelles en seraient les conséquences sur leur propre fréquentation des plateformes en question ? Et, plus généralement, quels rapports entretiennent-ils aujourd’hui avec la pornographie à laquelle nombre d’entre eux sont exposés de plus en plus jeunes ? C’est ce à quoi tente de répondre l’étude très complète confiée à l’IFOP par l’agence spécialisée en data FLASH et le média dédié à l’actualité numérique 01net répond à ces questions et apporte un éclairage particulier sur la consommation de contenus pornographiques et ses conséquences, notamment par les plus jeunes.
Étude IFOP pour 01net réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 17 avril 2023 auprès d’un échantillon de 2 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Les chiffres clés de l‘enquête
- 74% des Français.es approuvent le principe de blocage des sites X aux mineurs, mais 81% estiment que le système sera contourné ;
- 27% des personnes interrogées ayant déjà fréquenté des sites X renonceraient à leur fréquentation en cas de système de double authentification ;
- 28% des répondants ont surfé sur une plateforme pornographique dans les 3 mois précédant l’étude ;
- 54% des hommes et 51% des femmes de moins de 25 ans disent que la pornographie a joué un rôle dans leur apprentissage de la sexualité ;
- Dans cette même tranche d’âge, 51% des hommes indiquent avoir complexé sur la taille de leur pénis et 39% des femmes sur celle de leurs seins en visionnant un contenu pornographique.
Renforcement des conditions d’accès : les Français adhèrent…
La perspective de restreindre l’accès des sites pornographiques aux mineurs via un double système d’authentification est largement approuvée par les Français. Les trois quarts d’entre eux (74%) y sont en effet favorables. Moins consommatrices de ce type de contenus, plus protectrices à l’égard de leurs enfants, les femmes sont plus nombreuses (79%) que les hommes (68%) à adhérer à la mise en place d’une telle mesure. Plus réservés que celles et ceux qui n’en regardent pas, les amateurs de pornographie acquiescent également majoritairement (63%) à cette volonté.
… mais doutent de son efficacité
S’ils sont favorables à un meilleur contrôle de l’accès aux sites pornographiques, les Français sont toutefois dubitatifs sur son efficacité. Plus de 8 sur 10 (81%) pensent en effet que les jeunes trouveront les moyens de contourner le nouveau système, et près de 2 sur 3 (62%) estiment qu’il sera impossible à appliquer techniquement. Par ailleurs, 78% craignent que les plus jeunes soient incités à visiter des plateformes moins réglementées et diffusant potentiellement des contenus plus choquants.
Une courte majorité des répondants (52%) voit dans cette mesure, qui prévoit de prouver son identité, une atteinte à la vie privée. Un sentiment que les hommes partagent plus largement que les femmes (61% contre 44%). Enfin, près d’1 Français sur 2 (47%) redoute une recrudescence d’agressions sexuelles de la part d’amateurs de pornographie éventuellement privés de photos et vidéos.
Une consommation très masculine
Quelle que soit la forme qu’elle prend, la consommation de contenus pornographiques est une pratique très masculine. Sur papier par exemple, 41% des hommes disent avoir déjà lu un magazine X contre 11% des femmes. Ils sont également deux fois plus à avoir consulté une BD érotique (44% contre 23%), mais l’écart se resserre avec la lecture de livres érotiques (42% contre 37%).
Près de 4 femmes sur 10 indiquent par ailleurs avoir déjà visionné des films ou des images pornographiques au moyen d’un support vidéo (37% en surfant sur un site X par exemple) là où la proportion d’hommes dépasse les 60% selon le mode visionnage (74% en consultant un site par exemple).
En revanche, les sex-show ou strip-tease en direct par webcam interposée attirent bien plus la gent masculine (29% des hommes interrogés en ont déjà été spectateurs contre 7% des femmes).
Sites porno : des hommes très consommateurs
Interrogés dans leur globalité, les Français sont 28% à dire qu’ils ont surfé sur un site X au cours des trois mois précédant cette enquête. Dans le détail, les hommes sont, là aussi, bien plus nombreux que les femmes puisque près de la moitié d’entre eux (46%) l’ont fait contre 14% des femmes.
En 10 ans, la fréquentation de sites X au cours des 90 derniers jours est globalement stable dans la population (39% en 2013, 36% en 2023), mais la comparaison laisse apparaître un fléchissement chez les hommes (45% en 2023, soit -6 points) et une augmentation chez les femmes (22% en 2023, + 6 points).
Le détail de la fréquence à laquelle les unes et les autres consultent des sites pornographiques montre que 31% des hommes ayant déjà surfé sur de telles plateformes s’y sont rendus au moins une fois par semaine au cours des trois derniers mois quand 9% des femmes faisaient de même.
Les jeunes de plus en plus exposés
Si l’âge moyen auquel les Français disent avoir consulté un site pornographique pour la première fois n’a que légèrement évolué depuis 2013 (15,7 ans il y a 10 ans, 15,3 ans aujourd’hui), la proportion de celles et ceux qui disent avoir vécu cette expérience entre 8 et 12 ans a presque été multipliée par 3, passant de 11% à 27% !
L’émergence au cours de la dernière décennie de smartphones performants dont ils sont équipés de plus en plus tôt a indéniablement favorisé chez les plus jeunes la consultation de tels contenus bien avant leur majorité.
Ainsi, chez les 18-24 ans interrogés par l’IFOP, 35% des garçons ont surfé sur un site X avant 13 ans (contre 12% il y a 10 ans) tandis que 19% des filles faisaient de même contre 9% en 2023.
Un impact sur la sexualité
Cet accès massif et sans réelles limites aux vidéos X n’est pas sans conséquence sur la vie intime de celles et ceux qui y sont exposés. Plus de la moitié (53%) des jeunes âgées de 18 à 24 ans en ayant déjà regardé estiment que la pornographie a contribué à leur apprentissage de la sexualité, un chiffre nettement plus élevé que dans l’ensemble de la population (35%).
Un apprentissage qui passe notamment par la reproduction de positions ou de pratiques à l’œuvre dans les vidéos en question. Plus de 4 Françaises et Français sur 10 s’y sont livrés, les hommes plus que les femmes et les jeunes plus que leurs aînés. Les 2/3 (67%) des hommes et près de la moitié (45%) des femmes âgées de moins de 25 ans déclarent par exemple avoir expérimenté dans leurs relations sexuelles des positions vues sur écran.
Sur la pornographie, son monde, ses conséquences, lire absolument le livre de Lounès Darbois.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “Pornographie. 74% des Français approuvent le principe de blocage des sites X aux mineurs”
Si mes calculs sont corrects 26% de ceux qui ont répondu à l’enquête sont pédophiles…. ça fait peur !
Ah le pénis !
L’homme atteint rarement l’orgasme, à ne pas confondre avec l’éjaculation…
La vie sexuelle de nombreux hommes est tristounette.
Et il faut bien vider les burnes de temps en temps.
Pour celui qui n’a pas ou plus de compagne, les prostituées ou les sites porno sont peut-être un exutoire…
L’ARCOM a échoué avec Hadopi, censée empêcher les téléchargement illégaux, et elle échouera avec le blocage de sites X. N’importe quel ado à peine bidouilleur sait parfaitement que tel ou tel navigateur propose un VPN, avec lequel il peut aller consulter tous les sites pornos qu’il veut, et même pire (horreur !) les sites d’information russes censurés par l’Union Européenne ! ☺