Une injustice sociale d’essence progressiste corrigée en 2023 ? Aux États-Unis ? Cela ressemblerait presque à une fausse nouvelle. Et pourtant, c’est bien ce qu’il vient de se produire : la Cour suprême a aboli la discrimination positive en ce qui concerne l’admission aux universités.
L’affirmative action, où le fait d’accorder des préférences et des dérogations à des personnes issues de minorités ethniques, sur la seule base raciale (en ces latitudes, on ne badine pas sur les mots), a été remise en question par le sommet du pouvoir judiciaire dans deux affaires distinctes.
Les deux ont comme protagoniste Students for fair admissions, une organisation à but non-lucratif qui estime que « les classifications raciales et les préférences dans les admissions collégiales sont injustes, inutiles et inconstitutionnelles » et milite pour le rétablissement « des principes originaux du mouvement des droits civiques de notre nation : la race et l’ethnicité d’un étudiant ne devraient pas être des facteurs qui nuisent ou aident cet étudiant à obtenir l’admission à une université« . C’est dans ce cadre que Students for fair admissions avait poursuivi les universités d’Harvard et de la Caroline du Nord en 2014. Neuf ans plus tard, le 29 juin dernier, la Cour suprême émettait son verdict : leurs systèmes d’admission violent la clause d’égalité du quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis, une clause qui rend inadmissible toute discrimination sur base raciale.
Ce jugement historique remet en cause 45 années de discrimination dite positive à l’entrée des grandes écoles. C’était en effet une décision de la même institution qui avait inauguré les traitements de faveur, déclarant en 1978, que la race pourrait être un facteur pris en compte dans les politiques de sélection collégiale (affaire University of California v. Allan Bakke), tout en jugeant illégitimes les quotas.
Avec cette décision du 29 juin 2023, la Cour suprême revient sur ses pas, et affirme clairement que l’origine ethnique a été utilisée de façon négative et même caricaturale, en particulier dans l’établissement de « catégories raciales » mises en place par les règlements de ces universités.
À la page 33 de la sentence, un exemple concret de ce caractère que l’on peut qualifier de raciste est donné : les deux universités « préfèrent une classe avec 15% d’étudiants du Mexique plutôt qu’une classe avec 10% d’étudiants de plusieurs pays d’Amérique latine, simplement parce que dans le premier cas on compte plus d’étudiants hispaniques que dans le second. » (1) En d’autres termes, la bonne vieille « couleur de la peau » est ici l’élément décisif : des quotas d’entrée étaient réservés à des candidats visiblement non-Blancs, plutôt qu’à des étrangers ou des jeunes issus de minorités qui pouvaient être d’ascendance européennes ou « trop peu métissées ». À ce titre, on peut parler de racisme inversé.
La Cour suprême est désormais claire, et précise : « L’étudiant doit être traité sur la base de son expérience individuelle, pas sur des critères raciaux. »
Les réactions ne se sont évidemment pas fait attendre, plusieurs manifestations estudiantines ont eu lieu devant les établissements scolaires et le Président Joe Biden a déclaré envisager des mesures exécutives « pour maintenir la diversité dans les associations étudiantes universitaires« . Cela voudrait-il dire que sans quotas réservés, les candidats issus de minorités raciales ne sont pas assez méritants pour être sélectionnés dans les grandes écoles ? Avec cette déclaration, Joe Biden ne dit pas autre chose.
Force est de constater que c’est bien là que se cache le véritable racisme : ceux qui prêchent en faveur des mesures de discrimination positive nient inconsciemment (ou pas) les aptitudes, le talent et les capacités des minorités raciales.
Audrey D’Aguanno
(1) Sentence p. 33 : « By focusing on underrepresentation, respondents would apparently prefer a class with 15% of students from Mexico over a class with 10% of students from several Latin American countries, simply because the former contains more Hispanic
students than the latter. »
Photo d’illustration : Racial Discrimination by Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images
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3 réponses à “États-Unis : la discrimination positive à l’entrée des universités abolie”
Aurait-on appris le vocabulaire outre-Atlantique ?
Une discrimination n’est JAMAIS positive. CQFD.
Quelle blague cette rhétorique de wokistes !
Burn’em all !
Il est amusant de constater que dans son principe la discrimination positive, censée lutter contre le racisme, reconnaît de fait une inégalité des races puisque en instituant des quotas raciaux elle suppose que certains en auraient besoin parce qu’ils seraient moins capables que d’autres de réussir par leurs qualités propres de travail et d’intelligence ! Dans les universités américaines ces quotas créaient de fait une discrimination de fait à l’égard des Blancs et surtout des Asiatiques par rapport aux Afro-Américains.
les plus touchés étaient les asiatiques, des bosseurs qui étaient discriminés négativement ! et c’est dans le pays des droits de l’homme et de l’égalité républicaine que les critiques sont les plus acerbes! drole de pays que la france