Le romantisme fasciste, La Volonté du Roi Krogold, Tour de France théâtre des hommes, Entretien avec un cadavre, Corse en prison : voici la sélection littéraire hebdo.
Le romantisme fasciste
« Ce livre n’est pas une étude sur le fascisme en général, ni une étude sur les mouvements politiques français qui s’inspirèrent de Mussolini ou de Hitler. C’est une étude sur la pensée politique de six écrivains français, très différents par leurs personnalités comme par leurs œuvres, mais qui, dès avant la guerre, se rejoignirent par leurs réactions devant les événements français et internationaux : Alphonse de Châteaubriant, Abel Bonnard, Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach et Lucien Rebatet. […] On verra pourtant qu’ils se caractérisent, dans des registres divers, par le lyrisme, et que leur attitude politique se confond en grande partie avec la recherche d’un nouveau style de vie collective, d’une poétisation de l’ordre politique et social. »
Paul Sérant
Paru en 1959, Le Romantisme fasciste eut un grand retentissement et si, au fil du temps, les publications concernant les écrivains et les sujets étudiés par son auteur se sont multipliées, elles n’ont rien enlevé à l’originalité de son regard. Magistralement préfacé (et enrichi) par Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne Université, cet ouvrage est assorti d’une bibliographie de Paul Sérant signée Alain de Benoist et d’une « Introduction à la littérature “fasciste” » de Jean Turlais (1922-1945), qui court de Plutarque à Stendhal et de Gobineau à Jean Genet.
Journaliste et écrivain échappant à toute classification, Paul Sérant (1922-2002) s’intéressa d’abord à l’ésotérisme, notamment à René Guénon à qui il consacra un essai majeur, René Guénon (1953). Puis ses études s’orientèrent sur l’histoire des idées et des mouvements politiques : Le Romantisme fasciste est le troisième livre qu’il publia dans ce domaine.
A commander chez la Nouvelle Librairie
La volonté du Roi Krogold
Les manuscrits mis au jour en 2021 ont confirmé l’importance aux yeux de Céline de sa « légende gaélique… mi-rime mi-prose », récit de la guerre menée par le Roi Krogold contre le prince félon Gwendor, du meurtre du procureur Morvan par le trouvère Thibaut et de la passion de Joad pour la belle Wanda — et dont les épisodes principaux se déroulent entre Bretagne et Scandinavie, dans un décor de « Moyen Âge d’opéra ».
L’écrivain, faute d’avoir pu la publier, en inséra le récit fragmenté et parfois halluciné dans Mort à crédit (1936), ainsi que dans Guerre et dans Londres. Mais il continua ensuite d’y travailler, sans toutefois parvenir à y mettre un point final. Céline restera dépité du peu de considération dans laquelle on tenait sa manière « épique et bardique », laquelle avait donné lieu à cette mythologie portative, « lyrique et ironique », qui ne renfermait pas moins de sens à ses yeux que ses écrits d’inspiration romanesque.
Car ces histoires hautes en couleur sont écrites pour frapper les esprits et toucher les cœurs ; elles accompagnent la méditation de l’écrivain sur l’existence et la mort, le corps et l’âme, ainsi que sur les pouvoirs ambigus du poète à l’égard de la finitude humaine.
La présente édition réunit les deux seules versions connues à ce jour de la légende, inédites et inégalement inachevées : l’une datant de la première moitié des années 1930, La Légende du Roi René ; l’autre, La Volonté du Roi Krogold, écrite en 1939 et 1940.
A commander chez Gallimard
Tour de France, théâtre des hommes
Le Tour de France est une histoire d’hommes et de femmes exceptionnels dans un cadre exceptionnel.
Le commentateur cycliste Jean-Paul Ollivier nous relate de façon saisissante les 110 éditions de l’épreuve depuis 1903 à travers 110 histoires, petites et grandes, tragiques ou magnifiques. Il nous invite à revisiter ce théâtre des hommes où se mêlent légendes, drames et exploits, éclairant ainsi l’engouement et la fascination que le Tour exerce sans faillir à travers le temps…
A commander chez Mareuil
Entretien avec un cadavre : un médecin légiste fait parler les morts
« Ce que j’affectionne par-dessus tout, c’est d’aller à la découverte des traces et des indices, de tous ces éléments qui permettent de donner une dernière fois la parole aux morts et de les écouter dans ce qu’ils ont à dire. » C’est par ces mots que le docteur Philippe Boxho, médecin légiste depuis plus de trente ans, introduit son nouvel ouvrage, dans lequel, une fois encore, assassinats et meurtres se succèdent sans relâche.
Au premier plan pour les observer, le célèbre médecin légiste a choisi de nous raconter quelques-unes des histoires qui ont marqué sa carrière : ce suicide à l’arme à feu qui cachait bien son jeu, cet enfant que les parents avaient négligé et qui en est mort, ces gens victimes d’une explosion et de l’effondrement de leur immeuble, cette femme étouffée par son mari, ces hommes trépassés à l’étranger d’avoir cru qu’ils étaient aimés, et bien d’autres encore.
Philippe Boxho nous a régalé avec un premier livre à succès intitulé Les morts ont la parole, un livre rempli de morts qui ne l’étaient pas toujours ou pas encore, de disparitions de cadavres, de suicides étonnants, de morts brutales mais souvent accidentelles. Dans ce deuxième opus, consacré cette fois aux décès suspects, il poursuit sa quête de la vérité judiciaire et nous permet d’explorer le monde fascinant de la médecine légale.
A commander chez Kennes éditions
Corse en prison
« Le 21 mars 2022, Yvan Colonna meurt à l’hôpital nord de Marseille. Amis depuis presque 40 ans, sa dernière lettre m’est parvenue quatre jours avant son assassinat, il m’y répétait une fois de plus de son désir de revenir purger sa peine en Corse… »
Ainsi commence le témoignage exclusif de Michel Ucciani, ex-militant nationaliste tombé dans le grand banditisme. Cet ancien membre de l’un des commandos les plus actifs du FLNC revient sur ses années passées derrière les barreaux. Entre 1978 et 2018, il aura passé vingt années dans différents établissements : la prison de la Santé, Fresnes, Borgo, Ajaccio, mais aussi les Baumettes, Aix-Luynes, Draguignan, Strasbourg, Nantes… Surpopulation, exacerbation des tensions communautaires, violences vécues au quotidien mais aussi toutes les petites combines entre « natios » ou membres du grand banditisme corse, rackets des personnels pénitentiaires et gestion des affaires « du dehors », il a tout connu. Il raconte sans faux-semblants et sans tabous l’incroyable réalité de la vie dans les prisons françaises et l’évolution des conditions carcérales.
Né en 1960, Michel Ucciani s’installe en Corse en 1976. Après une dizaine d’années de militantisme actif au sein du FLNC, il alterne braquages, cavales, et détentions : 25 ans de prison. Il écrit son récit lors d’ateliers d’écriture en maisons d’arrêt et centrales pénitentiaires.
A commander chez La manufacture de Livres
Illustrations : DR
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