Il y a quelques jours le Hellfest 2023 fermait ses portes et clôturait un nouveau marathon de 4 journées denses, riches et complètes. Et encore, à bien y regarder pour les plus passionnés, deux jours supplémentaires précédaient l’ouverture du festival puisque le centre Leclerc de Clisson proposait comme à son habitude une programmation « off » les mardi et mercredi précédant l’ouverture du festival. Ce sont donc 6 jours de musique métal qui ont envahi cette ville de 7000 habitants.
Une attente curieuse existait concernant certains nouveaux aménagements telle la nouvelle scène Valley désormais en plein air. Une nouvelle scène qui pose question en particulier lors des sessions en journée. A 14H00 soleil plein sud face au public et aux régies son et lumière… En revanche les sessions nocturnes sont du plus bel effet. Une attention particulière a été apportée au son qui a permis à certains groupes de proposer des shows remarquable : Amenra (et sa prestation XXL), Botch, Monster Magnet… Autre nouveauté la structure commerciale « The Sanctuary », visuellement très réussie mais qui, à priori, n’a pas les effets escomptés concernant une fluidité de circulation accrue. Concernant ces deux aménagements, les organisateurs sauront tirés les enseignements pour mieux rebondir dès l’an prochain.
C’est sous un soleil lourd et parfois écrasant que le festival a ouvert ses portes à 15H jeudi 15 juin. Prestation efficace de Blackbraid, le projet black métal amérindien sous la tente Temple. En devenir. Ensuite la nouvelle scène Valley a laissé place à trois prestations absolument remarquables : les écossais de Dune et leur métal progressif, les rhodaniens de Céleste déplacés en dernière minute à un horaire digne de leur talent et enfin les flamands d’Amenra et leur post-métal envouté et redoutablement efficace. Peut-être une des prestations phares du festival. Un bémol sur Billy Idol et sa bande qui ont manifestement déçu et Kiss dont la fin de carrière approchante n’a pu sauver le tableau qu’à travers son show très américain à base de pyrotechnie (débordante).
Mêmes températures pour ce vendredi mais ouverture plus matinale. Death & black métal breton avec Venefixion et Belenos pour des sets courts (c’est le format pour les horaires matinaux). Intéressant, même si avec 30 minutes de prestation scénique il est parfois compliqué de pouvoir présenter son univers musical. Il existe réellement un public pour ces scènes sous tentes géantes affichant régulièrement complet. Un public de connaisseurs, de passionnés, de niches de qualité. Retour sur la Valley avec la triplette Bongripper et son doom instrumental, Weedeater avec son chanteur / bassiste « Dixie » Dave Collins particulièrement charismatique aussi provocateur que talentueux et expérimenté, Triggerfinger et son stoner / rock élégant. La scène Warzone, totalement débridée, plus sauvage, aura vu sévir entre autre les londoniens de Cockneys Rejects lors d’une prestation dynamique, propre et solide. Rancid aura quant à lui jouer la carte de l’efficacité et de la rigueur pour le plus grand plaisir d’un public conquis et particulièrement en verve.
Iron Maiden…et tous les autres
Grosse journée du samedi avec les anglais d’Iron Maiden tête d’affiche incontestable de cette édition 2023 qui a mobilisé une affluence hors norme sur la scène principale 1 à compter de 21H. 2 heures de spectacle avec une set-list composée d’un certain nombre de morceaux de leur nouvel album « Senjutsu » « au détriment » de classiques que beaucoup de monde attendait. Les « Fear of the Dark », « Iron Maiden » ou encore « The Trooper » ont cependant ravi un public conquis d’avance. Bruce Dickinson très alerte en ce samedi soir a beaucoup communiqué et a lancé un message en introduction de son « Death of the Celts » très évocateur sur l’avenir celte. Avant ce concert grandiose, la scène Valley, encore elle, aura vu défiler une myriade de groupes proposant des shows très remarqués : les nantais de Décasia, les américains de Spirit Adrift ou de King Buffalo, le sludge efficace de Crowbar ou encore Earthless et leur stoner psychédélique.
C’est sous un ciel menaçant puis particulièrement humide que la dernière journée de ce Hellfest 2023 débute. Heureux hasard pour les premiers passages sous les scènes Altar et Temple qui bénéficie d’un public plus nombreux qu’à l’accoutumée à cette heure. Mention spéciale aux français de Blod, d’Aleister ou de « The old dead tree » qui ont pu proposer leur création novatrice à un public plus large. Par la suite les américains de Legion of Doom suivis des suédois de Dozer ont permis de faire taire la pluie. Tenacious D et son spectacle iconique, Slipknot très attendu avec une mise en scène impeccable ont conclu cette édition.
Déjà remarquable l’année dernière il faut à nouveau mettre en exergue la prestation d’ensemble des bénévoles de la structure Challenger qui gère l’intégralité des devants de scènes, les fameux « pits » où les slameurs peuvent « atterrir » en toute sécurité dans des bras aussi bienveillants qu’efficaces. En terme de sécurité justement, le Hellfest répond comme toujours présent en générant une ambiance, un esprit de festival sain et convivial où les libertés sont préservées et garanties.
Indépendamment de la musique qui fédère l’écrasante majorité des festivaliers « hellfesteurs » il semble que certains (d’ailleurs il est toujours amusant d’analyser comment naît une « polémique», qui décide de mettre en avant tel ou tel sujet non consensuel, quelle autorité morale a plus de légitimité à imposer un sujet ?) aient décidé de tenter d’imposer un certain nombre de thématiques « actuelles » : le désormais traditionnel « coût environnemental « ou encore le non moins poncif « programmation de groupes controversés ». Afin de répondre à ces interrogations Ben Barbaud a livré ses réponses chez nos confrères de Ouest-France. Interview que nous vous invitons à découvrir et qui permet au patron du Hellfest de balayer efficacement ces sujets en mettant dans les cordes les grincheux et les ayatollahs de la censure . Droit dans ses bottes, fidèle à la ligne Hellfest depuis le début, liberté de ton assumée, Ben Barbaud fait face et ne succombe pas aux oukases modernes. C’est courageux et honnête, en ces temps complexes.
Le Hellfest 2024 c’est déjà demain… Mise en vente de la moitié des pass 4 jours mardi 27 juin à 13H pour un festival qui se tiendra l’année prochaine du 27 au 30 juin 2024. A noter que le festival a fait le choix d’une part de décaler ses dates « habituelles » de quasiment 2 semaines pour le porter à fin juin et de proposer à la vente ses pass 4 jours dès mardi prochain alors qu’à l’accoutumée ces sésames étaient à disposition à compter de la seconde moitié du mois d’octobre. Nous en saurons vraisemblablement davantage sur les raisons de ces modifications prochainement.
MP.
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