L’Armorique est le pays du chêne et du granit. Du cidre et du blé. Aremorica, le pays qui fait face à la mer, le pays des Aremorici, ceux qui habitent près de la mer (Armorica en est la version latine). Mais ce vieux toponyme aujourd’hui déchu est bien plus vaste que sa dénomination actuelle. Symbole de l’ignorance crasse ou manipulation bassement politique, il est admis de nos jour que Bretagne et Armorique sont synonymes alors qu’il n’en est rien. Bien au contraire. L’Armorique ancestrale, la seule, la vraie, s’étend au moins de la Basse-Seine à la Basse-Loire. Elle correspond aux limites du massif armoricain et constitue de fait une région naturelle. L’empreinte de la nature y est très marquée. La flore et la faune ont leurs caractères régionaux et s’empreignent des produits du sol. L’homme qui se développe au sein de ce biotope forme un type aux caractéristiques bien définies. Le climat, l’altitude, le relief du sol influent sur notre manière de vivre. La nature du sol marque l’aspect général d’un pays, le régime de ses eaux, son peuplement et type d’habitat. Les caractères physiques comme les attitudes morales s’harmonisent au sein d’une région naturelle. Il faut relire à cet égard Alexis Carrel et son indépassable L’homme cet inconnu publié avant guerre.
L’Armorique, région naturelle correspondant au massif armoricain, fut de tous temps une entité pérenne remarquable aux limites fixées par la nature. Des bâtisseurs de mégalithes, originaires d’Anatolie et baptisés Early European Farmers par les généticiens, au complexe de l’âge du bronze atlantique rassemblant des populations celtophones proto-celtiques, l’Armorique a toujours su se maintenir contre vents et marées. Souvenons-nous de la confédération face aux troupes romaines, seule fédération de la Gaule. De la chouannerie, héroïque résistance au jacobinisme français.
Cependant, il ne fait pas confondre région naturelle et pays. Chaque pays d’Armorique, Bretagne, Maine, Anjou, Normandie et Bas-Poitou, possède en propre ses caractéristiques issues de l’histoire. Peuples différenciés dotés de cultures distinctes. Mon vieux pays du Maine porte dans ses gênes de nombreux points communs avec ses voisins bretons ou normands. Mais il reconnaît comme aubin les habitants du bassin parisien qui ne sont déjà plus de notre Monde.
Du Bas-Poitou à la Presqu’île du Cotentin, du Finistère aux frontières orientales du Maine, une même civilisation s’est développée avec ses particularismes locaux. Notre Monde, c’est ce Monde du Nord-Ouest européen. Une grande région Armorique ne peut s’entendre que tournée vers les mondes celtiques et germaniques, vers la Manche et la Mer du Nord, notre univers sentimental et culturel.
Le rêve armoricain fut relevé un temps par la Fédération Régionaliste Bretonne qui développa ce thème comme corpus idéologique d’une grande région européenne dès le début du XXe siècle. Un projet qui trouva toutefois son chantre en la personne de Louis Kervran, inspecteur départemental de l’enseignement technique, auteur de deux ouvrages majeurs en la matière, Nos Régions Naturelles (1941) et L’Armorique (1946). Idée reprise après-guerre avec l’appui de La Bretagne Réelle et les écrits de Jean Poupinot et Pierre Laurent.
Nous aurions tout à gagner, nous autres armoricains, à retrouver le chemin de notre unité perdue. Bâtir une grande région armoricaine viable et cohérente, naturelle et historique. « Ce n’est que lorsque l’Armorique aura retrouvé son unité politique qu’elle avait avant la conquête romaine, écrivait Louis Kervran, qu’à nouveau elle pourra coordonner tous ses efforts pour le plus grand bien de tous, de ses habitants, comme de ses voisins ». Le rêve comme moteur de l’histoire.
Patrice MONGONDRY, auteur de L’Histoire du Maine, Yoran Embanner, 2020 (à commander ici)
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6 réponses à “Il faut réveiller le mythe armoricain !”
Ça va ? Tranquille la propagande Grand-Ouest ?
La seule Armorique valable est celle du vieux massif, l’histoire des embouchures de la Seine et de la Loire reste une théorie. Une autre fait remonter l’Armorique jusqu’au Rhin !
Le jour où les peuples aux marches du massif respecteront l’idée d’une émancipation bretonne, ils pourront être considérés comme alliés.
Parce que la réalité est qu’ils sont depuis 1500 ans essentiellement les idiots utiles de Paris.
La Bretagne a déjà assez à faire avec les siens, pas la peine d’en ajouter d’autres.
Tout cela est un bien beau rêve. Mais il faudrait pas oublier que les Armoricains d’il y a deux millénaires partageaient une communauté de civilisation et de LANGUE. J’imagine que vous seriez d’accord pour généraliser l’usage de la langue bretonne à l’ensemble du futur territoire Grand-Armoricain, étant donné que le Français est un patois de latin étranger sur cette terre ?
Et pourquoi pas ???
Permettez moi de voir votre vision par un petit bout de lorgnette breton du 44 (Loire-Atlantique donc pas officiellement en « région Bretagne »)
Par exemple pour réunifier la Bretagne, je pense qu’il faut en effet contourner la stricte réunification bretonne ‘historique ».(dite « B5″ pour les 5 départements bretons historiques)
Nantes ne permettra plus de mettre une limité régionale à 15mn de son périph . (au sud on est en Vendée en 15 mn)
.Il faut donc imaginer autre chose pour que cette réunification se fasse enfin et qu’on puissé dénouer administrativement de véritables statuts kafkaiens pour nombre d’assocatiions bretonnes ‘B5 » (relevant de 2 préfectures, étant obligées de créer deux associations etc…)
Et je ne parle même pas ici du vécu distinct de nos enfants et jeunes au niveau scolaires et sportifs .
Un enfant d’Assérac(44) va être orienté le plus souvent vers la Vendée ou le maine et Loire que vers son copain de Pénestin (56) (limitrophe !) pour tous les domaines .
Il faut arrêter de prendre des postures définitives (B5 ou rien) qui dans les faits éloignent jour après jour la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne .
Je préfère 1000 fois une réunification de fait par des centaines et milliers de liens renoués au niveau associatif dans un cadre plus grand que B5 que le statu quo actuel qui est mortifère pour la perennité d’une identité bretonne de la Loire-Atlantique.
Mais vous avez conscience que c’est exactement ce que l’État jacobin a planifié depuis un bon siècle ?
Tout comme le Pays Nantais a été le socle fondateur de la Bretagne (elle n’existait pas avant le ralliement de Nantes, il y avait des chefferies bretonnes indépendantes mais pas d’état quand les Marches en Neustrie sous domination franque étaient instables), la Loire-Atlantique est utilisée pour diluer la Bretagne !
Yen a marre du chantage à la Vendée en permanence !
Que la Vendée aussi réfléchisse un peu plus loin que le bout de sa révolte royaliste et se tourne vers son Poitou originel plutôt que de se la jouer banlieue nantaise !
Nantes sert dans ce cas d’un contrepoint républicain pour assujettir la Vendée !
L’idée n’est pas d’interdire la circulation entre 44 et 85 (suffit de regarder les rapports entre 35 et 53, beaucoup plus naturels, sans le forceps administratif) mais d’en finir avec le jacobinisme !
Le problème n’est pas tant les Bretons patriotes ou même nationalistes français mais ceux, l’écrasante majorité, idiots utiles, qui sont in fine soumis au jacobinisme, parce qu’ils aiment l’idée de la France.
Alors que le jacobinisme détruit la France.
Ce n’est même pas la République tant décriée chez certains. Le royaume de France avait déjà commencé le boulot.
Le jacobinisme domine tout depuis 200 ans mais son origine remonte à François Ier.
Mais ce n’est pas tant l’idée de France non plus.
Les jacobins ont amalgamés l’idée de France et de République française à l’heure idéologie.
Alors qu’une autre France et République française est possible.
Mais l’imagination a totalement été bridée.
Et la peur actuelle du déclassement et de l’effondrement ne fait que la renforcer.
Sous prétexte de menaces intérieures et extérieures, Bretons et autres devraient dépasser leurs différents et s’unir pour résister ?
Mais c’est exactement ce qu’orientent les jacobins !
Il faut en finir avec les idiots utiles du jacobinisme.
Le Royaume de Bretagne, n’est même pas mentionné…
Exactement.
Alors que le Royaume de Bretagne avait, même sur un très court temps, refondée cette Armorique.
Mais il semblerait que ça arrache les doigts de notre ami du Maine d’écrire cela.
Que s’il souhaite vraiment un retour à L’Armorique, il devrait logiquement accepter que son Maine face allégeance à la Bretagne.
Comme Rennes et Nantes l’ont fait en leur temps (et ça a particulièrement profité à Nantes qui est devenue une cité de 1er rang quand elle a choisit le camp breton).
Mais 1000 ans de domination française le lui interdit.
Il voudrait une Armorique équitable alors que seule la Bretagne, à une Contre-révolution près d’une trentaine d’années (et encore, beaucoup d’autres provinces de France ont eu leur Contre-révolution mais bien moins spectaculaire… parce que sans Bretagne ?), a résisté pendant 1500 ans ?
Quelle indignité !!! Quel irrespect !