Daniel de la Touche de La Ravardière part de Cancale accompagné de Jean Mocquet, botaniste »garde du cabinet et des singularités du cabinet du roi » charge de noter la richesse des cultures, de la végétation et de la faune.
Après des difficultés de navigation, ils arrivent le 8 avril 1604 en vue de la Rivière des Amazones, »à peu près d’un degré en deçà de la ligne ». C’est l’Équateur, la ligne équinoxiale. Ils sont accueillis par les indiens Caripous, Jean Mocquet note : »Ils sont hardis et belliqueux, courtois et libéraux, et ont la face fort gaie. Basanés comme les Toupinambous qui vivent au Maragnan, ils sont plus beaux, plus vifs, plus gais » mais ces indiens sont les ennemis mortels des Caraïbes. La Ravardière et Mocquet longent la côte jusqu’à la mi-août, découvrant les richesses de la nature et les coutumes des indiens. Jean Mocquet étudie la flore, découvre le »bois-brésil », le bois d’aloès, les cultures (maïs, patates, plantain, ananas, miel…), la diversité des animaux (perroquets, singes paresseux…).
Grace à Yapoco, fils d’un roi Caribou, La Ravardière et Jean Mocquet approfondissent leurs connaissances sur les coutumes des diverses tribus telles que les anthropophages, les sans terre. Ils explorèrent la rivière Cayenne, mais devant l’hostilité d’une partie de la population des Caraïbes, et les tensions entre les tribus, ce sera le retour à Cancale. A bord, La Ravardière emmenait deux jeunes indiens caraïbes, deux frères qui ne survécurent pas. Ils arrivèrent le 15 août 1604.
Henri IV, fort satisfait des découvertes faites par Jean Mocquet et La Ravardière, concéda a La Ravardière le titre de »Lieutenant général en la terre d’Amérique, depuis l’Amazone jusqu’à l’île de la Trinité ». Charles des Vaux, ami de La Ravardière, resté depuis 1604 au Maragan, rentre en France où reçu par Henri IV, il vante les richesses du pays brésilien. Le Roi confie à La Ravardière une nouvelle mission pour explorer l’île de Maragnan et sa région de l’Equateur.
Partis de Cancale, le 10 juillet 1609, à bord de l’Esprit, accompagnés du Choisy (cent tonneaux et plusieurs dizaines de soldats), La Ravardière et des Vaux arrivent en vue de la côte vers la mi-septembre. Fait de dunes et de marécages, il est difficile d’aborder. Remontant vers le nord-ouest, c’est la découverte d’une large baie qui reçoit plusieurs fleuves. L’ile de Maragnan (40 kms de long sur 20 kms de large) est située dans cette vaste baie, encadrée par deux larges rivières, Anil et Abacanga. Le relief de l’île forme un abri naturel, avec un promontoire faisant forteresse. La Ravardière et Des Vaux reçoivent un bon accueil des indiens Tupinambas et de leur chef, Japy-Ouassou. Ils explorent les rivières et les fleuves, visitant les principaux villages, étudiant coutumes, habitats et cultures.
En six mois, ils rassemblent 12 000 personnes dans le Maragnan, pour fonder une future colonie. La Ravardière »souhaitait créer une cité nouvelle, une société réunissant les qualités des uns et des autres, bannissant leurs défauts. Il ne veut pas chasser les naturels, mais vivre avec eux. » Fin mars, mission terminée, Daniel de la Touche de La Ravardière et Charles des Vaux rentrent à Cancale, accompagnés de deux indiens qui apportaient l’hommage de leur chef à Henri IV. Ils ne survivront pas au voyage.
Fin mai, à leur arrivée, ce fut l’annonce de l’assassinat d’Henri IV, le 14 mai 1610.
Kevin LOGNONÉ
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