Sécheresse. Plan breton de résilience sur l’eau : de quoi s’agit-il ?

Face à la récurrence des sécheresses affectant la ressource en eau en Bretagne, l’Assemblée Bretonne de l’Eau créée en 2022 a élaboré un plan d’action pour accroître la résilience de la région, impliquant entre autres la sensibilisation du public, le débat sur l’usage futur de l’eau, et la mise en place de solutions basées sur la nature pour faire face à ces réductions de la ressource.

Quand l’eau se fait rare en Bretagne…

L’impact des épisodes de sécheresse à répétition sur les ressources en eau est désormais un problème récurrent en Bretagne, tout comme dans le reste de la France. En octobre dernier, à Malguénac (Morbihan), une réunion de l’Assemblée bretonne de l’eau (ABE), axée sur les conséquences de la sécheresse de l’été 2022, a marqué un tournant et a accéléré la prise de conscience de la diminution progressive de la ressource. Loïg Chesnais-Girard, en sa qualité de Président de la Région administrative et de cette entité, a présenté lors de cette rencontre le schéma d’un plan d’action visant à augmenter la résilience de la Bretagne face a ces problèmes de ressources en eau.

Cette stratégie a ensuite été confirmée et affinée par les membres de l’assemblée. Huit mois plus tard, ce projet a débouché sur une réponse collective « à la bretonne », selon les mots du Conseil régional, et ce, « en harmonie et coordination » avec les plans simultanément annoncés par l’État et l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Car, selon la communication de la Région, il est probable que la sécheresse de 2022 soit une réalité de plus en plus fréquente dans les années à venir.

Aussi, dans un communiqué de presse publié le 31 mai dernier, l’Assemblée Bretonne de l’Eau (ABE) livrait quelques chiffres intéressants. L’année 2020 a ainsi vu l’usage de 285 millions de mètres cube d’eau en Bretagne administrative, consommée pour l’eau potable, les besoins industriels et agricoles. Cela fait deux décennies que ces extractions sont en hausse alors que la disponibilité diminue à cause des épisodes de sécheresse répétés.

En région Bretagne, la part des prélèvements connus, recensés par la Banque nationale des prélèvements en eau et soumises à la redevance sur l’eau (via les agences de l’eau), est de 285 millions de m3 d’eau. 77 % de ces prélèvements sont destinés à l’eau potable, 3 % aux besoins industriels, et 20 % à l’agriculture (14 % pour l’abreuvement du bétail et 6 % pour l’irrigation). Les « petits prélèvements » en dessous de 7 000 m3 par an, qui ne sont pas soumis à la redevance, sont aussi inclus dans ce total et peuvent représenter une part significative du profil des prélèvements par leur effet cumulatif.

L’afflux de nouveaux résidents en question ?

Par ailleurs, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) estime que les prélèvements supplémentaires dans les eaux souterraines s’élèvent à 29,8 millions de m3, principalement pour l’abreuvement du bétail et les prélèvements particuliers non déclarés (source : chiffres clés de l’eau en Bretagne – Edition 2022 – Observatoire de l’Environnement en Bretagne). De plus, il est à noter que les volumes extraits pour la production d’eau potable sont affectés à l’eau potable « domestique » et à d’autres utilisations nécessitant un certain niveau de qualité d’eau comme l’industrie agro-alimentaire ou l’agriculture.

En considérant ces différentes estimations, il s’avère donc que 45 % des prélèvements en eau sont destinés à l’approvisionnement en eau potable domestique (le premier usage), 21 % à l’agriculture (abreuvement et irrigation), 17 % aux industries et PME (industries, commerces, tourisme) et 1 % aux canaux. 9 % des prélèvements seraient dus à des fuites et 7 % proviendraient d’origines non identifiées.

D’autre part, l’Observatoire de l’environnement en Bretagne indique qu’au cours des 20 dernières années, les prélèvements ont augmenté légèrement (+7 % par rapport à 1999), en particulier pour l’agriculture (+18 % par rapport à 1999). La Bretagne administrative a également connu une augmentation des prélèvements pour la production d’eau potable, plus élevée que celle observée à l’échelle nationale (+7 % contre +1 % sur 2013-2018), en raison de l’afflux de nouveaux résidents. Néanmoins, si l’on se réfère à la répartition des consommations d’eau, en raison des différents taux de restitution pour chaque usage, c’est l’agriculture qui représente la part la plus importante du profil des consommations par usage (57 %). Au niveau national, cette proportion est d’environ 45 %.

Plan breton de résilience sur l’eau : pour quelles mesures ?

En tenant compte de toutes ces données, « chaque individu détient une partie des solutions pour faire face à la fin de l’abondance de la ressource en eau », estiment les membres de l’Assemblée Bretonne de l’Eau. Cette dernière, créée à l’initiative du Conseil régional de Bretagne, est présentée comme « un lieu de mobilisation de toutes les forces vives de Bretagne pour débattre de sujets stratégiques autour de l’eau, construire des outils et partager des expériences utiles à l’intégration de l’eau dans les politiques et projets locaux. »

Composition de l’Assemblée bretonne de l’eau. Source : Région Bretagne.

Ainsi, l’ABE estime qu’il est « urgent de donner les moyens à toutes et tous d’être opérationnels le plus vite possible en plaçant la sobriété et la préservation des milieux aquatiques au coeur de la gestion et de la préservation de ce bien commun ». Et ce, bien que les réserves d’eau et les nappes phréatiques se soient rechargées en Bretagne au cours de ce printemps.

Tel est donc l’objectif du plan breton de résilience qui, bien plus qu’une réaction à la crise de 2022, envisage d’engager les membres de l’Assemblée Bretonne de l’Eau pour plusieurs années, avec diverses actions échelonnées dans le temps.

Les premières mesures annoncées le 31 mai dernier en collaboration avec l’État, l’agence de l’eau Loire-Bretagne et les syndicats départementaux de l’eau, sont d’abord une campagne de sensibilisation à l’attention du grand public sur l’importance que représente la préservation de la ressource en eau dans la région.

Cette campagne sera déployée à l’échelle régionale de la Bretagne administrative à partir du 12 juin. Ensuite, au mois d’octobre prochain, un débat entre les membres et partenaires de l’ABE sur « les usages de l’eau de demain » est prévu pour décider collectivement des usages prioritaires et prévenir les conflits. En parallèle, les services de communication du Conseil régional ont fait savoir qu’une « bibliothèque de retours d’expérience » favorisant les économies d’eau dans l’habitat, l’industrie, l’agriculture et les collectivités était également en cours d’élaboration.

Enfin, un appel à projets sera lancé à l’automne 2023, dans le but d’expérimenter des solutions basées sur la nature à l’échelle des sous-bassins, visant à améliorer la rétention d’eau en restaurant la capacité d’absorption des sols, du sous-sol et des habitats aquatiques.

À noter également que les élus de la Région Bretagne vont être invités à se prononcer sur ce plan breton de résilience de l’eau, structuré autour de 7 axes, lors de la session plénière des 29 et 30 juin prochains.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Sécheresse. Plan breton de résilience sur l’eau : de quoi s’agit-il ?”

  1. Durandal dit :

    Salutations distinguées,

    Désormais, on manque d’eau en Bretagne. Coincoin.

    Avec toutes mes prières à Neptune.

    M.D

  2. breizh dit :

    « bien que les réserves d’eau et les nappes phréatiques se soient rechargées en Bretagne au cours de ce printemps. »
    halte au sketch : il n’y a pas de pénurie d’eau. Juste une volonté écologique d’emmerder d’avantage les français.
    Et s’il y a sécheresse, cela fait 3 000 ans que l’homme sait gérer : réserve, irrigation, canaux… Il faut juste mettre en œuvre ces techniques qui ont fait leurs preuves et arrêter de laisser les écolos emmerder les français !

  3. WOLFF dit :

    Pourquoi encore et toujours punir le peuple par des restrictions ou des impôts, on pourrait peut-être envisager de stocker en période d abondance.
    C’est vrai qu on peut faire confiance aux ecolos( Eoliennes. Retour de la vapeur .Broussailles dans les forêts. Ect est. )

  4. Gatz dit :

    Le gouvernement français nous prépare des restrictions bien plus phénoménales!
    Ecoutez Sud Radio d’il y a 2 mois environ, où André Berkoff interviewe le sénateur Alain Houpert, membre de la Commission des Affaires Etrangères, qui nous apprend que le gouvernement négocie avec les pays arabes un échange eau potable française contre pétrole des pays arabes, pour un volume de 4 milliards de mètres cubes par an, soit l’équivalent de la consommation totale annuelle française! Les négociations arrivent à leur fin, et cette information venait d’être confirmée par le ministre en charge, Christophe Béchu…
    80% de cette eau potable viendrait des nappes phréatiques! On amuse le peuple avec la guéguerre des bassines des deux-sèvres!
    ON NE NOUS DIT PAS TOUT! Il faut dire que, depuis ce dernier printemps, la politique sanitaire française est désormais classée « secret défense »…

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