La face cachée des dettes publiques

Après avoir connu le faste du « quoi qu’il en coûte » nous voici plongés dans les affres de la dette récurrente et de la moraline à deux balles.

On peut remarquer que, dans un cas comme dans l’autre, le peuple n’a guère été consulté. La finance est une affaire trop sérieuse pour que ses méandres intellectuelles s’étalent à la vue de tous.Car si l’argent de la dette est créé à partir de rien, l’argent des intérêts, lui, va bien quelque part.

La finance a pris le pas sur la politique

C’est un fait que chacun peut constater. Toutes les actions politiques sont aujourd’hui soumises aux diktats des autorités financières qui règnent sans partage depuis que le contrôle de la monnaie a été retiré aux politiques après que ceux-ci aient accepté d’en être dépouillé aux profits de banques centrales au nom souvent trompeur. La « Réserve Fédérale », la Bank of England » ou même la Banque de France sont en réalité des entités privées détenues par des intérêts privés.

Bien sûr, entre 1694, création de la banque d’Angleterre et 1992, traité de Maastricht instituant la BCE, trois siècles se sont écoulés. Mais le fonctionnement, même s’il diffère dans les textes, est le même. Il s’agit de créer de la monnaie sous forme de dette garantie par l’impôt futur des contribuables.

Le fonctionnement de la BCE

Ce processus est souvent ignoré et beaucoup de gens pensent que les dettes que nous contractons viennent de créanciers qui acceptent de nous prêter de l’argent pour une durée déterminée et contre un taux d’intérêt annuel que nous leur versons. Mais ça, c’est la théorie. Depuis  une dizaine d’années, sous la présidence de Mario Draghi, la BCE a fait le choix d’une politique « non-conventionnelle » consécutive à la crise des « subprimes ».

Théoriquement, le seul objectif de la BCE est de maintenir l’inflation en zone euro autour de 2 %.

La crise de 2008 a mis un certain nombre de banques en difficulté en raison de la baisse de leurs actions entraînant des pertes importantes de leur capital. Or, les banques doivent obéir à un ratio prêts/capital  insurpassable. Si le capital diminue, ce ratio est dépassé et les banques doivent se recapitaliser. La politique non conventionnelle permettait à ces banques de se recapitaliser en prêtant de l’argent aux États de la zone euro, argent qu’elles créaient à partir de rien, (argent scriptural) mais couvert par des reconnaissance de dettes (souvent appelées « actifs »).

Ces actifs étaient rachetés par la BCE qui émettait ainsi de l’argent qui venait augmenter le capital des banques qui cédaient ces actifs et qui retrouvaient ainsi un ratio correct.

Ce procédé était à priori non autorisé par les traités européens mais, comme on dit, « nécessité fait loi ».

Toujours est-il que les dettes publiques de certains États de la zone euro ont augmenté de manière exponentielle depuis l’entrée en vigueur de cette politique non conventionnelle qui perdure depuis.

Les critères « oubliés » de Maastricht

Pour accéder au Nirvana de la zone euro, les pays devaient remplir certaines conditions préalables : un endettement inférieur à 60 % du PIB ; un déficit budgétaire inférieur à 3 %.

En 2011, plusieurs pays de la zone, particulièrement ceux du Sud, ne remplissaient plus ces conditions car ils s’étaient endettés suivant le processus décrit ci-dessus. On fit un nouveau traité dit « de la Règle d’Or » ratifié en 2012, qui imposait aux Etats contrevenants de revenir « dans les clous » dans un délai donné. La politique d’austérité qui s’ensuivit n’eut que peu d’effet et les dettes connurent un nouveau bond en avant avec le « quoi qu’il en coûte » du COVID.

Aujourd’hui, la dette de la France tangente les 3000 milliards d’euros. La dette publique américaine, détenue par la FED, dépasse les 31000 milliards de dollars et le plafond d’endettement vient encore d’être relevé pour la nième fois.

Visiblement, personne ne s’en préoccupe.

Ce n’est pas la dette qui rapporte, mais les intérêts

Nous touchons là au cœur du système. La dette publique n’est pas faite pour être remboursée, mais pour « être roulée » En termes clairs, cela signifie que les dettes publiques, lorsque le prêt dont elles étaient l’objet, arrive à son terme dans le temps, l’État réemprunte de l’argent pour les rembourser.

Cette nouvelle dette s’ajoute aux autres, créant un phénomène de « boule de neige ».

Evidemment, il faut payer les intérêts sur cette nouvelle dette, en plus des autres.

Tant que les taux d’intérêts sont bas, voire nuls, tout le monde s’en fiche.

Si les taux d’intérêts se mettent à grimper, il y a péril en la demeure car la « charge de la dette » (essentiellement le paiement des intérêts) peut devenir insupportable rapidement, entraînant le défaut du pays.

Il faut garder présent à l’esprit que ce n’est pas le montant (on dit le « principal ») de la dette qui enrichit le créancier, mais uniquement les intérêts. Le principal étant créé à partir de rien pour l’essentiel, il faudrait le détruire s’il était remboursé. C’est tout le paradoxe de ce système. Cependant, il y a une énorme différence entre l’argent créé pour la dette et celui qui sert à payer les intérêts qui, lui, a une valeur économique car il représente une richesse effectivement créée.

Mais cette richesse, qui provient essentiellement de nos impôts, fait l’inverse du « ruissellement » et se concentre dans quelques mains seulement, celles qui sont à la tête des banques qui contrôlent  ce système. C’est ainsi qu’aujourd’hui une petite élite financière, qui représente une très faible part de la population, s’enrichit d’une manière vertigineuse.

Alors, lorsqu’on dit que la dette doit être remboursée, cela veut dire que nous devons continuer à payer les intérêts avec l’argent qui résulte de notre travail que nous versons en impôts.

Jean Goychman

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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10 réponses à “La face cachée des dettes publiques”

  1. Blaise dit :

    Vous êtes bien sûr de ce que vous écrivez là ?

  2. Zozo83 dit :

    Et comme d’habitude, c’est le con-tribuable qui finit par payer.

  3. Pschitt dit :

    Vous allez trop vite en besogne. Dire que « La « Réserve Fédérale », la Bank of England » ou même la Banque de France sont en réalité des entités privées détenues par des intérêts privés » est tout bonnement faux (et à plus d’un titre : la « réserve fédérale » n’est pas une entité mais un système comprenant une douzaine d’entités).
    Parti sur de telles bases, tout l’article est un peu boiteux. Par exemple, il n’est pas vrai que « rouler la dette » crée un phénomène de boule de neige. Rouler la dette consiste à souscrire une dette nouvelle pour rembourser une dette ancienne — zéro augmentation nette de la dette, donc. Votre « boule de neige » vient en fait de ce que l’Etat emprunte sans cesse pour couvrir des besoins nouveaux.
    L’image de l’argent qui ruisselle en remontant vers les mains qui sont à la tête des banques est assez drôle.

  4. Pellerm dit :

    Donc .. tout est pour le mieux dans le » Meilleur des Mondes « …
    Continuons à dormir paisiblement ..
    Lorsque nous daignerons soulever une paupière , nous aurons rejoint le  » Camp des Esclaves  » ..
    Merci quand même Mr . Goychman .

  5. Castel dit :

    EXCELLENT Monsieur Goychman ! Cet article est d’une pédagogie exquise !
    Nonobstant cela, je l’aurais conclu en mettant seulement en capitales à la fin de votre dernière phrase : « (…) payer les intérêts avec l’argent qui résulte de NOTRE TRAVAIL que nous payons en impôts. » pour insister sur le fait que c’est de la sueur, de l’intelligence, et de façon générale de la vraie richesse que nous cédons en échange de monnaie de singe, voire, très bientôt, « d’argent PQ ».
    Si chaque individu lambda pouvait ENFIN COMPRENDRE comment cela fonctionne, le bas peuple cesserait de se diviser et de s’invectiver horizontalement, et ferait enfin front commun contre les pervers et manipulateurs dans l’ombre de nos « dirigeants ».
    Mais à force d’abêtir la populasse en réduisant toujours plus le champ lexical, en réécrivant les livres et en lui servant des niaiseries à longueur de temps, on arrive à ceci qu’un nombre toujours croissant de personnes ne parvient plus à raisonner et se trompe de cible.
    Cela rappelle les propos de Goebbels : « Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle sorte qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées. »
    Suite de ma digression : l’itw que Yann Vallerie vient de faire de Yannick Jaffré pour son livre « Pour l’honneur des gilets jaunes », apporte une analyse assez fine de la léthargie actuelle de la population face à tant de maltraitance ; à ceci près que contrairement à Yannick Jaffré, je crois plutôt (c’est même une certitude !) que nous souffrons de beaucoup trop d’Étatisme ! L’État est une plaie qui, s’il n’est pas circonscrit à ses 3 seules missions régaliennes de base, ne fait que grossir jusqu’à …..
    J’ai peiné très longtemps à comprendre les « avertissements » de la Vierge Marie lors de ses apparitions à Fatima puis à Garabandal, nous mettant en garde contre le Communisme… Nous avons fait fausse route en nous focalisant sur l’URSS…. Maintenant, il apparait chaque jour plus évident que ses mises en garde sont plutôt à destination de nos propres sociétés occidentales capitalistes. Et c’est bel et bien vers un communisme 2.0 et communisme de riches, bien pire que celui qu’ont connu les Soviétiques ou que connaissent encore les Nord-Coréens que nous nous dirigeons.
    Je garde espoir en voyant combien nous sommes encore un certain nombre à veiller à structurer nous-mêmes l’intelligence de nos enfants et à tout faire pour qu’ils deviennent des hommes et des femmes DEBOUT dans cette société chancelante ; mais la tristesse parfois m’étreint quand j’observe que de plus en plus nombreux sont ceux qui poussent leurs enfants à partir loin de France plutôt qu’œuvrer localement à reconstruire notre pays sur des bases saines….

  6. Prunieres Pascal dit :

    S’il existe une élite financière et que la dette qui est crée avec rien (actifs) cette. Élite financière qu’apporte t’elle et qui sont ses gens dans un système étatique qui ne représente aucune personne privée ?
    C’est de la calomnie

    • Jean Goychman dit :

      « cette. Élite financière qu’apporte t’elle et qui sont ses gens dans un système étatique qui ne représente aucune personne privée ? »
      Désolé, j’ai dû mal m’exprimer. Les banques centrales sont des banques privées qui appartiennent majoritairement à d’autres banques privées
      La FED a notamment pour actionnaires Citigroup (42,8 % des actions) et JP Morgan (29,5 %).
      Devinez où vont les bénéfices résultants des intérêts versés?
      Pour votre info, on parle de Jamie Dimon (PDG de la JP Morgan) comme possible candidat des Démocrates en 2024…

  7. patphil dit :

    chèques par ci chèques par là, 3.000 milliards d’euros que devront rembourser nos arrières petits enfants, mais comme lui n’en a pas…

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