Italie. Sur certaines plages, des mesures drastiques face au tourisme de masse

Face à la surfréquentation et à l’impact environnemental du tourisme de masse, l’Italie a renforcé les restrictions d’accès à certaines de ses plages les plus populaires en Sicile et en Sardaigne, impliquant l’instauration de quotas de visiteurs, des frais d’entrée, et des exigences spécifiques pour la préservation de l’écosystème.

En Italie, la surfréquentation des plages en question

L’idée de devoir renoncer à vous rendre sur une plage en raison d’un quota de touristes déjà atteint vous paraît saugrenue ? Elle fait pourtant son chemin en Italie. Plus précisément du côté de la Sicile et de la Sardaigne, deux destinations très prisées durant la saison estivale pour les activités balnéaires par des vacanciers venus de toute l’Europe.

Chaque été, les deux plus grandes îles italiennes voient ainsi défiler sur leurs plages des centaines de milliers de touristes. Cependant, les choses pourraient changer car les autorités ont dorénavant décidé de limiter l’afflux sur place en raison du coût environnemental engendré par ce tourisme de masse. De surcroît lorsque les touristes en question peu soucieux de préserver les lieux, vont jusqu’à abandonner leurs déchets sur le sable. Ou, plus délirant encore, emportent du sable pour le revendre sur internet !

Aussi, à l’aube d’une nouvelle saison estivale, l’Italie envisage désormais de renforcer les conditions d’accès à certaines de ses plages les plus prisées. Parmi ces dernières, celles situées sur la commune de Baunei, un village du littoral est de la Sardaigne.
La municipalité, après avoir déjà limité depuis plusieurs années le nombre de touristes autorisés à se rendre sur ses plages (lesquelles s’étendent sur près de 40 km), va encore renforcer ces mesures en cette année 2023.
Plages

Une plage de Baunei, en Sardaigne. Source : hotelgoloritze.it

S’inscrire 72 h avant d’aller à la plage

À la chaîne de télévision américaine CNN, Stefano Monni, le maire de Baunei confiait le 1er juin dernier que sa commune, dont le territoire « se compose principalement de hautes falaises déchiquetées où vivent des mouflons et des faucons », comprend aussi « une douzaine de plages où tout le monde s’entasse. » Et l’édile d’ajouter : « Nous ne pouvons plus nous permettre d’accueillir des milliers de baigneurs quotidiens qui se pressent tous au même endroit comme par le passé, c’est insoutenable ».

Quatre plages voient donc leur accès régulé pour ce nouvel été qui s’annonce : Cala dei Gabbiani et Cala Biriala n’accueilleront pas plus de 300 visiteurs quotidiens, Cala Goloritze sera limitée à 250 touristes par jour, et Cala Mariolu, la plus étendue, est désormais limitée à 700 personnes par jour, contre près de 2 000 les années précédentes.

Par ailleurs, les visiteurs de Cala Goloritze, qui n’est accessible qu’à pied ou en bateau, devront s’acquitter d’un droit d’entrée de six euros. Mais ce n’est pas tout : afin de réserver une place sur l’une des quatre plages de Baunei concernés par ces restrictions, les touristes devront télécharger une application et s’inscrire au moins 72 heures avant le jour de leur visite.

Quant aux profits résultant des droits d’accès aux plages, ils permettront, selon les autorités locales, de financer la surveillance, une aire de stationnement et l’entretien des sentiers et des toilettes de la plage.

Des serviettes bannies des plages pour protéger le sable

De son côté, la ville de Stintino, situé sur la côte nord de la Sardaigne, s’est également engagée à freiner le tourisme de masse. L’accès à sa plage de La Pelosa, l’une des plus visitées d’Italie, sera restreint à 1 500 touristes par jour, avec un droit d’entrée de 3,50 euros. Cette mesure a été prise suite à une affluence record l’été dernier, avec jusqu’à 38 000 personnes sur le site au mois d’août 2022.

Toujours auprès de CNN, Rita Limbania Vallebella, maire de Stintino, a déclaré au sujet de ce tourisme de masse : « C’était choquant et dégoûtant. Cela a détruit l’habitat naturel, entraînant une érosion du sable et les touristes jetaient des déchets sur les dunes de sable, ce qu’ils ne feraient jamais chez eux ».

Plages

L’une des plages de Stintino, en Sardaigne, durant la saison estivale.

Par ailleurs, afin de préserver les précieux grains de sable de ces plages italiennes, les serviettes de plage sont également bannies et seules les nattes de plage en fibre ou en paille sont tolérées, sous peine d’une amende de 100 euros. La raison ? Le sable, collant aux serviettes mouillées, risque ainsi de finir sa course en dehors de la plage… Quant aux chiens et aux fumeurs, ils sont également interdits.

Enfin, en Sicile, les autorités de l’île de Lampedusa ont aussi limité l’accès à l’île des Pélagie et à sa plage d’Isola dei Conigli, régulièrement élue comme l’une des plus belles plages du monde.

Auparavant, l’accès était limité à 1 500 personnes par jour avec un droit d’entrée de deux euros. À présent, seuls 350 individus peuvent la visiter le matin et 350 l’après-midi. Là encore, les réservations doivent se faire en ligne et ceux qui ont la chance de pouvoir entrer sur la plage doivent respecter plusieurs exigences. À savoir que les chaises longues et les matelas flottants sont interdits. Tout comme les touristes sont invités à faire le moins de bruit possible une fois installés sur le sable. Une dernière mesure qui ne serait pas superflue sur les plages bretonnes…

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Tommie Hansen) (photo d’illustration)
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