Quimper. « De la bête à l’habit », la part animale du vestiaire breton au musée départemental tout l’été

L’exposition « De la bête à l’habit » au Musée départemental de Quimper explore, à partir du 2 juin, l’omniprésence des matériaux d’origine animale dans la confection des vêtements traditionnels bretons mais aussi les appellations ou les motifs faisant référence à la faune.

Musée breton de Quimper : de l’animal au vêtement…

Beaucoup de choses ont d’ores et déjà été dites, écrites et exposées sur les vêtements traditionnels bretons. Mais l’exposition temporaire proposée par le Musée départemental de Quimper à partir du 2 juin propose une approche inédite. « De la bête à l’habit – La part animale du vestiaire breton », tel est le nom de cette nouvelle collection visant à mettre en évidence la part animale de l’habit breton.

Celle-ci est bien réelle puisque les animaux ont en effet inspiré bien des noms de coiffes et de motifs de broderie. Leurs poils et leurs plumes ont servi à confectionner les vêtements traditionnels, des tenues du quotidien aux costumes de cérémonie. Derrière les châles, capes, jupes, armatures de corsets, chaussures, boutons et coiffes de tous les pays bretons, se cache ainsi toute une faune, sauvage comme domestique.

Visible jusqu’au 31 décembre 2023, l’exposition fait la part belle aux animaux de Bretagne bien entendu, tels les moutons, cochons, coqs et sardines. Mais aussi à des espèces beaucoup plus exotiques, comme les chameaux, les émeus, les vers à soie ou les baleines.

La part importante des animaux dans le vestiaire breton

Jusque dans les années 1860 en Bretagne, les vêtements et chaussures sont fabriqués uniquement en matières naturelles. La part de matériaux d’origine végétale est significative. Le lin et le chanvre sont cultivés, filés et transformés dans plusieurs terroirs bretons. Ces textiles ont un usage local, domestique et vestimentaire. On les retrouve dans la conception de chemises et de vêtements de dessous, mais aussi dans la confection du droguet, textile mêlant la laine au chanvre ou au lin.

Toutefois, coton, lin, chanvre et bois ne constituent pas l’essentiel des matériaux des vêtements. L’objet de cette nouvelle exposition au Musée départemental breton de Quimper est ainsi de montrer que les animaux y ont une part importante. Fourrures et peaux, toisons de moutons ou fanons de baleines sont utilisés pour les usages vestimentaires les plus communs.

La transformation se fait par le biais de petits métiers artisanaux, ou de manufactures et d’ateliers situés en Bretagne et parfois bien au-delà. Poils, plumes, peaux, os, fanons… la gent animale s’est immiscée dans tous les recoins de la garde-robe bretonne, de la coiffe à la chaussure.

C’est cette exploration de la culture bretonne à travers les vêtements des collections du musée et leurs liens aux animaux, domestiques et sauvages, que propose la nouvelle exposition temporaire dans la capitale de Cornouaille.

Quimper

Tenue masculine de Carhaix. Sur ce costume, les animaux sont légion ! Drap de laine, chenilles de soie, lost ar preon (queues de vers, rubans permettant de tenir les bords du chapeau), ceinture et souliers en cuir, galons de soie. Coll. Musée départemental breton.

La solution de l’élevage face aux besoins textiles

Par ailleurs, si à première vue, les circuits vestimentaires de la période pré-industrielle sont locaux puisque fourrures et peaux ne sont que le sous-produit de la chasse ou de l’élevage, le XIXe siècle marque cependant un tournant. En effet, les textiles et fourrures issus du commerce international ne sont alors plus réservés aux franges les plus aisées de la population. Les plumes d’oiseaux exotiques et les fourrures importées du continent américain prennent place dans les tenues traditionnelles.

L’installation d’élevages de ragondins, de visons ou encore d’autruches, uniquement destinés à la production de manteaux ou de décors de coiffures, montrent que leur exploitation n’est plus seulement dérivée d’un usage alimentaire.

Quimper

Corsage de Langonnet (Morbihan) datant des années 1930 en velours de soie. Sur ce corsage, les grandes fleurs sont brodées uniquement avec des chenilles de soie. Coll. Musée départemental breton.

Pourtant, la question du maintien de la biodiversité apparait elle aussi dès la moitié de ce XIXe siècle, lorsque la société civile commence à s’émouvoir des gigantesques panaches de plumes ornant les chapeaux des citadines. Face à la baisse réelle des effectifs d’oiseaux sauvages et exotiques, les élevages se développent.

La solution de l’élevage d’animaux pour les besoins de l’industrie textile reste d’actualité. La chasse des espèces sauvages est strictement réglementée depuis la convention de Washington en 1973. Aujourd’hui, l’utilisation des animaux comme matière première par l’industrie de la mode dérange. Refus des maltraitances animales, volonté de préserver la biodiversité… Les enjeux éthiques ont ouvert la voie aux textiles synthétiques. Ces derniers ont également répondu à une hausse de la consommation de produits textiles.

« De la bête à l’habit », une exposition en trois parties

Au fil de l’exposition au Musée départemental, le visiteur est invité à découvrir la richesse des vêtements bretons… De la tête aux pieds ! Le parcours est organisé en trois parties principales, lesquelles mettent en évidence la présence des animaux à travers les matières, les appellations ou les motifs.

De plus, sont mis à disposition du public des matières à toucher, métiers à tisser ou encore des jeux de plateaux afin d’offrir une lecture ludique des collections.

Quimper

Plan de l’exposition au Musée départemental breton.

Enfin, s’il est avéré que les animaux sont omniprésents dans les vêtements traditionnels bretons exposés à Quimper, ces derniers ne disposaient pas d’étiquette listant les matières employées ! Le Musée départemental breton s’est donc associé à plusieurs laboratoires de recherches pour déterminer l’origine animale de certaines matières utilisées, cuir et feutre de poils notamment.

Parmi les recherches effectuées : l’analyse protéomique. De minuscules éléments de matière sont prélevés sur un objet pour déterminer les protéines présentes, grâce à la spectrométrie de masse. Par comparaison des séquences avec un référentiel témoin, l’origine animale des fibres peut être précisée. Les résultats sont surprenants. Le lapin apparaît comme le parent pauvre du bestiaire : presque omniprésent, mais toujours oublié sur les étiquettes des chapeliers. Au contraire, d’autres animaux sont mentionnés de façon abusive…

Quimper

L’équipe du musée réalise les microprélèvements analysés ensuite par le laboratoire CNRS/ESPCI et par le Centre de Recherche sur la Conservation, UAR3224 du Muséum national d’Histoire naturelle. ©Pierre Berthet

Informations pratiques :

Musée départemental breton
1, rue du Roi Gradlon
29000 Quimper
02 98 95 21 60
D’avril à juin : du mardi au vendredi de 9h30 à 17h30
Les samedis et dimanches de 14h à 17h30
Juillet-août : tous les jours de 10h à 19h – Mercredis jusqu’à 22h
Fermé les jours fériés
Plein tarif : 7 €
Tarif réduit : 4 €
Gratuit pour les moins de 26 ans

Crédit photo : capture Facebook Musée départemental breton Quimper (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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