L’historien, philosophe et traducteur allemand Simon Kiessling publie, aux éditions Antaios, dirigées par Götz Kubitschek, un ouvrage intitulé Das neue Volk (Le nouveau peuple).
Alors que la droite/les conservateurs, en Allemagne et en Europe (occidentale), désirent « conserver », « maintenir », « défendre », « sauvegarder », la gauche veut changer les choses. Simon Kiessling estime que tant que la droite/les conservateurs s’accrocheront à une telle position, ils subiront un recul permanent, face à une société dérivant de plus en plus vers la gauche, et perdront systématiquement, tout en étant marginalisés et laissés quasi sans possibilité de changer la situation. Selon lui, la seule manière de modifier la donne est de voir la droite/les conservateurs développer de nouvelles idées et une vision positive de l’avenir.
De plus, la question de savoir « que conserver ? » se pose. Déjà dans les années 1960, le penseur italien Julius Evola (1898-1974) constatait un recul du développement spirituel dans les pays occidentaux, et une évolution du primat du politique vers la domination de la question socio-économique. Depuis lors, la gauche a changé et ne défend plus les travailleurs dans un conflit de classe, mais a enfourché de nouveaux chevaux de bataille relevant de la déconstruction et de la subversion.
Alors que les Allemands ethniques et culturels représentent une part de moins en moins importante de la population du pays, l’auteur propose d’analyser les idées développées par trois penseurs de droite : la (contre-)révolution bourgeoise de Markus Krall, la reconquista de l’Europe occidentale par la remigration de Martin Sellner et le repli sur certaines zones professées par le même Martin Sellner, qui a évolué dans ses idées, ainsi que par David Engels et son « hespérialisme ».
La révolution bourgeoise
L’écrivain allemand Markus Krall appelle, dans ses livres et discours, les entrepreneurs à combattre le marxisme culturel et à revitaliser la liberté individuelle, la démocratie et l’État de droit.
Simon Kiessling met en avant le fait que la classe des bourgeois libéraux entreprenants, qui a démis autrefois l’aristocratie, s’est transformée, depuis mai 1968, en un groupe de personnes aux visées hédonistes. L’individu dionysiaque n’est plus orienté vers le travail, la performance et la productivité, mais vers la jouissance. En conséquence, la classe des bourgeois libéraux entreprenants a perdu son hégémonie socio-culturelle au profit d’une nouvelle couche sociale post-matérielle active dans le domaine des services et de la société du savoir. Celle-ci désire, contrairement à la bourgeoisie libérale favorable à une intervention étatique restreinte synonyme de faibles impôts, un engagement de l’État dans divers domaines, celui de la redistribution, de la régulation du processus social ainsi que dans l’objectif de la satisfaction des revendications dans la sphère des soins de santé et de la consommation.
L’auteur estime que la thèse de Markus Krall, visant au retour à l’avant-plan de la classe sociale de la bourgeoisie entrepreneuriale, n’est pas possible, car cette dernière est en voie de disparition, au même titre que celle des ouvriers.
La reconquête
Martin Sellner, le maître à penser du mouvement identitaire dans l’espace germanophone, représente la stratégie de la reconquête par la remigration afin d’arrêter et d’inverser la fragmentation ethnique des peuples européens, de mettre fin à la société multiethnique et de restaurer une certaine homogénéité ethnique. L’objectif est la survie des peuples d’Europe, de leur culture et de leur identité. La méthode est basée sur une coordination de l’activisme, du parti politique, de la formation idéologique et de l’opposition publique aux idées dominantes en visant à créer un contre-narratif.
Simon Kiessling considère qu’il n’est pas possible de revenir en arrière et que toutes les grandes civilisations ont connu cette situation, passant de celle d’un peuple plus ou moins ethniquement homogène à une masse aux origines différentes. Cependant, il estime que cela n’entraîne pas la disparition de la notion de peuple.
Le repli / la sécession
Martin Sellner, constatant que la population autochtone se réduit et finira par ne plus être majoritaire électoralement, a développé un « plan B », qui consiste en un repli, organisé par la droite politique, des autochtones vers des zones au sein desquelles vivent peu de migrants, afin d’y développer des structures parallèles.
Cette conception est, selon Simon Kiessling, orientée dans le même sens que l’ « hespérialisme » développé par l’écrivain belge germanophone David Engels auquel il reproche de vouloir restaurer un monde occidental chrétien qui est, dans les faits, complètement désagrégé, et ne peut, en conséquence, plus revenir.
La théorie de Kiessling
Simon Kiessling estime que la seule possibilité de renaissance nationale réside dans la constitution d’un nouveau peuple, composé de personnes d’origines ethnoculturelles différentes. Il écrit que celle-ci correspond aux principes révolutionnaires conservateurs. En effet, en opposition au conservatisme qui tend à restaurer le passé et ne peut qu’échouer, les révolutionnaires conservateurs cherchent dans le passé des éléments pouvant être transposés de manière créative afin de créer un monde nouveau.
Lionel Baland
Source : Simon Kiessling, Das neue Volk, Antaios, Schnellroda, 2022.
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4 réponses à “Das neue Volk (Le nouveau peuple). La renaissance nationale avec un nouveau peuple constitué aussi des personnes issues de l’immigration ?”
Ce type est très fort : il prétend prévoir ce que deviendra fatalement l’Allemagne, semblant ignorer que l’Histoire n’est jamais écrite d’avance. De plus, il prête aux nouvelles populations immigrées les mêmes réflexes socio-culturels que ceux du peuple allemand de souche, ce qui est faux, archi faux : sur bien des sujets, les musulmans (pour ne parler que d’eux) ne partagent aucunement les lubies LTGB-machin-truc que prônent (par exemple) les verts allemands. Alors, suggérer que les Allemands de souche sont ipso facto plus réactionnaires que les Syro-Allemands, c’est aller un peu vite en besogne… Cela dit, es gibt kein Zweifel daß sein « Schmöker » gut verkauft werde (nul doute que son bouquin se vendra bien).
Dans la culture allemande, la notion d’ethnie est importante. Or, l’auteur constate que la sauvegarde de l’ethnie n’est plus possible car le changement de peuple est trop avancé. Donc il se rabat sur une volonté de sauver la culture allemande.
Il s’agit d’une thèse sombre, qui s’adapte à la réalité actuelle de l’Allemagne. En quelque sorte, le futur de l’Allemagne sera celui-ci : des personnes de couleur en culotte de peau mangeant des saucisses et buvant de la bière.
En Flandre, cela renvoie à la différence entre le parti nationaliste culturel N-VA et le parti national-ethnique Vlaams Belang.
En Allemagne, cela renvoie à la différence entre l’AfD de l’Ouest et l’AfD de l’Est.
L’Allemagne est l’Allemagne à cause des Allemands, s’ils devaient disparaître, ce en quoi je ne crois pas, alors peu importe comment vous appelez l’entité. Il serait alors plus cohérent de chercher un nouveau nom.
Mais l’Allemagne n’a pas non plus besoin d’un nouveau peuple, les Allemands ont besoin d’un État qui non seulement porte leur nom, mais qui place également leurs intérêts au premier plan et reconnaît clairement les Allemands en tant que peuple national – au profit du peuple allemand.
Si la droite nationale change, la destruction du pays va s’accélérer. Un des blocs « à maintenir à tout prix », est de résister. Quand la guerre civile va se produire, les étrangers vont quitter le pays, car la distribution automatique des allocations va s’assécher. Mais cette guerre civile (catastrophique pour tous!) peut se dérouler tard, trop tard, bien trop tard.