Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 24 Mai c’est la Saint Donatien et Rogatien
Donatien de Nantes associé à son frère Rogatien (noms à étymologie latine, donatio, don et rogatio, demande, mais cette consonance ne permet pas d’établir s’il s’agit de « romains immigrés » ou de « gaulois romanisés ») sont deux jeunes chrétiens martyrs. Selon la tradition chrétienne, ils sont suppliciés à Nantes, durant le règne de l’empereur Maximien, sans doute en 304 (date du quatrième édit de Dioclétien), pour n’avoir pas voulu renier leur foi. Ils sont couramment appelés les Enfants nantais.
aints patrons de Nantes, ils sont vénérés également à Orléans, Plougastel-Daoulas, Ambleville, Laval, Angers, Tours, Chartres, ainsi qu’au Canada et en Océanie, grâce aux nombreux missionnaires nantais
Leur histoire est connue par un document composé, semble-t-il, au vie siècle, la Passion des Enfants nantais. Ce récit, du genre littéraire hagiographique et liturgique, doit être pris avec précaution, d’autant plus que son ancienneté et son authenticité ont été l’objet de débats, le moine bénédictin Dom Henri Leclercq allant même jusqu’à écrire que ce document fondateur a été forgé de toutes pièces par Albert de Morlaix, au xviie siècle. Ce texte est connu principalement à travers deux éditions concordantes, les Acta Sanctorum des Bollandistes et les Acta martyrum sincera du bénédictin Dom Thierry ; il sert de base à tous les ouvrages postérieurs (à destination liturgique ou non) qui ont ajouté quelques suppléments pour compléter la légende5, par exemple la tradition qui rapporte qu’ils sont issus d’une « illustre » famille armoricaine6.
Ils seraient les fils d’Aurélien, premier magistrat de la cité, qui réside à l’extérieur de la ville. Donatien, le cadet, est baptisé (probablement par saint Similien, troisième évêque de Nantes, qui leur survécut), alors que son frère aîné, Rogatien, est catéchumène. La propriété familiale, une villa gallo-romaine, abrite d’ailleurs le premier sanctuaire chrétien édifié à Nantes, à l’endroit où s’élève aujourd’hui la basilique Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien, construite, selon la tradition, à l’emplacement du tombeau creusé, suivant la coutume, au sein de leur demeure7.
Les minutes du procès et le récit du passionnaire racontent que, dénoncés comme chrétiens, ils sont arrêtés et comparaissent devant le préfet impérial, gouverneur de la province, qui leur demande de sacrifier aux idoles. Devant leur refus, ils sont soumis à la torture du chevalet et passent leur dernière nuit à prier ensemble. Rogatien regrette de mourir sans être baptisé mais son frère le rassure, lui disant que le sang de son martyre tiendrait lieu de baptême. Ils sont fouettés, transpercés par la lance d’un licteur et décapités, au matin de l’an 289 ou 304, selon les historiens (un 24 mai, selon la tradition), en un endroit hors de l’enceinte de la ville. Une tradition situe ce lieu au no 63 de la rue Dufour, dont le parcours correspond à l’ancien tracé de la route venant de Paris, à proximité du lycée Eugène-Livet, non loin de la basilique qui leur est dédiée. Deux croix à écots en granit, dans un enclos, remplacent, en 1896, les deux croix de bois érigées en 1816 qui marquent le lieu traditionnel du supplice des deux frères et qui remplacent elles-mêmes deux croix (antérieures à 1325) détruites et brûlées en 1793. Sur le mur, derrière les deux croix, un médaillon de bronze et une plaque en granit rappellent cette tradition.
Leur culte se répand dans toute la vallée de la Loire, en Bretagne et jusqu’à Orléans, où leurs reliques sont déplacées, au moment des invasions normandes, puis déposées au ixe ou au xe siècles dans la basilique Saint-Donatien, déplacées en 1092 dans la cathédrale de Nantes dans une châsse en or et argent. Ces reliques sont dispersées au moment de la Révolution, une châsse en bois remplaçant, dès lors, le précédent reliquaire
Crédit photo : wikipedia (cc)
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 24 Mai c’est la Saint Donatien et Rogatien”
Beaucoup de Nantais se prénomment Donatien, tel Donatien Laurent , le « découvreur » (entre autres) des carnets de Villemarqué, Donatien Laurent qui était un musicologue, ethnologue et linguiste.
Sa mère était nantais, son père finistérien et lui de la diaspora (Paris)