En Allemagne, Michael Kretschmer, le ministre-président du Land de Saxe, a appelé à la réduction des prestations sociales pour les demandeurs d’asile, invoquant la nécessité d’un ajustement entre les États membres de l’UE. Une idée qui a rapidement suscité la réprobation des Verts allemands…
L’Allemagne, « eldorado » des prestations sociales pour les clandestins ?
Devant faire face a une forte pression des demandeurs d’asile depuis plusieurs années, l’Allemagne n’envisage cependant pas de se donner les moyens, pour l’instant, de décourager ces derniers. Le 22 mai, le ministre-président du Land de Saxe, Michael Kretschmer, a demandé une réduction des prestations pour les demandeurs d’asile, arguant qu’il était nécessaire pour Berlin de regarder ce qui se faisait en la matière chez les voisins européens : « Nous devons de toute urgence parler des prestations versées aux demandeurs d’asile et les comparer avec celles versées ailleurs en Europe », a-t-il déclaré au quotidien régional de Bavière Münchner Merkur.
Des prestations sociales qui seraient l’une des principales motivations des milliers de demandeurs d’asile souhaitant traverser l’Europe pour se rendre en Allemagne selon Michael Kretschmer. Or, pour ce dernier (CDU, « Union chrétienne-démocrate », formation politique de la très immigrationniste Angela Merkel), les frontières intérieures de l’espace Schengen ne peuvent rester ouvertes que si l’on procède à un ajustement entre les États membres. Il a par ailleurs appelé à la création d’une commission bipartisane sur la réforme de l’allocation d’asile capable de présenter des propositions dans un délai de six mois.
Le ministre-président du Land de Saxe reproche au SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), actuellement à la tête du pays au sein d’une coalition composée des Verts et des libéraux, de ne pas avoir réussi à s’imposer face aux Verts et à leur trop grande générosité concernant les aides sociales allouées aux demandeurs d’asile. Et ce, alors que l’actuel chancelier Olaf Scholz (SPD), a accepté en 2018 (étant vice-chancelier à l’époque) de limiter l’immigration.
Plus de 360 € par mois pour un demandeur d’asile
En Allemagne, l’aide de base pour les demandeurs d’asile adultes célibataires est actuellement de 367 euros par mois. Celle-ci diminue en cas d’hébergement ou de logement commun pour les couples et les communautés d’habitation à 330 à 294 euros chacun. Les jeunes reçoivent 326 euros en fonction de leur âge (14-17 ans), ce qui diminue progressivement jusqu’à 249 euros (pour les moins de six ans).
Par ailleurs, les principaux besoins de ces immigrés sont couverts par des prestations en nature dans les centres de premier accueil et d’hébergement collectif.
Par le passé, Michael Kretschmer s’est déjà prononcé pour la limitation du nombre de demandeurs d’asile et l’introduction de contrôles aux frontières intérieures en Saxe. Il s’était également montré hostile à la mise en place de programmes d’accueil volontaires. Il avait en outre demandé au gouvernement fédéral davantage de soutien financier pour l’hébergement des réfugiés dans le Land de Saxe.
Le ministre des Verts et la plus-value sociétale des demandeurs d’asile…
Toutefois, les arguments avancés par Michael Kretschmer n’auront pas convaincu Wolfram Günther, le ministre de l’Environnement de Saxe. Sur Twitter le 22 mai, celui-ci a rejeté la demande du ministre-président de réduire les prestations des demandeurs d’asile. « Le minimum vital décent est dû à toutes les personnes qui vivent en Allemagne », a écrit le politicien des Verts allemands (Die Grünen). Ajoutant que « la Cour constitutionnelle fédérale a clairement confirmé ce droit fondamental », Wolfram Günther estime que le remettre en question serait « dangereux dans un État de droit ».
Il va même plus loin en indiquant que l’Allemagne et la Saxe aurait même besoin de l’immigration. « Nous devons permettre aux gens de trouver du travail le plus rapidement possible au lieu de continuer à leur mettre des bâtons dans les roues », affirmant que les demandeurs d’asile cherchant à se rendre Allemagne souhaite « travailler et vivre de manière indépendante ». D’autre part, le ministre de l’Environnement de Saxe considère que l’apport de ces clandestins serait un « atout » pour la société allemande…
Im Gegenteil: Wir brauchen #Zuwanderung und wir müssen Menschen so schnell wie möglich in Arbeit kommen lassen, anstatt ihnen weiterhin Steine in den Weg zu legen. Die Menschen, die hier ankommen, wollen arbeiten und selbstbestimmt leben. Das hilft auch uns als Gesellschaft. 2/2
— Wolfram Günther 🇪🇺🏳️🌈🇺🇦 (@Gruen_WGuenther) May 22, 2023
La position de Wolfram Günther étant partagée par de nombreuses figures politiques de la coalition actuellement au pouvoir à Berlin, il y a fort à parier que la création d’une commission bipartisane appelée de ses vœux par Michael Kretschmer n’est pas pour tout de suite.
Autre exemple de ce clivage de plus en plus marqué en Allemagne sur le sujet de l’immigration, le ministre-président du Land de Thuringe Bodo Ramelow (Parti de gauche, « Die Linke ») s’est prononcé, au début de ce mois de mai, en faveur de la régularisation de tous les demandeurs d’asile arrivé en Allemagne depuis 2020 et n’ayant pas encore commis de délit. « Nous n’aurions alors plus besoin de recruter de la main-d’œuvre », avait-il ajouté, tandis que, selon l’Office fédéral allemand des statistiques, près de deux millions de migrants au total ont déposé une demande d’asile dans le pays entre 2015 et 2020.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine