Devenus omniprésents dans la vie quotidienne d’une large partie de la population, les réseaux sociaux seraient toutefois perçus par une courte majorité de français comme favorisant davantage l’isolement que le lien social. Un constat qui doit cependant faire l’objet de nombreuses nuances.
Réseaux sociaux : davantage de défiance de la part des Français ?
Pour faciliter le lien social, les réseaux sociaux sont-ils la solution ? Ou représentent-ils au contraire une menace conduisant leurs adeptes à l’isolement ? Les deux arguments peuvent, en effet, être avancés en parallèle. Toutefois, une étude réalisée par Harris Interactive les 27 et 28 avril 2023 auprès d’un échantillon de 1 109 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus pour le compte de l’Observatoire Cetelem permet d’y voir plus clair sur le point de vue des Français vis-à-vis de ces réseaux sociaux et de l’usage qu’ils en font.
Dans un premier temps, il apparaît que l’évocation des réseaux sociaux suscite des réactions ambivalentes chez les Français, avec d’emblée un accent mis sur les dangers qu’ils représentent. Les principaux dangers cités, assez variés, sont à la fois personnels (risque d’addiction, harcèlement ou encore arnaque) et collectifs (notamment via la propagation de « fake news »). Néanmoins, on trouve également des évocations plus neutres voire positives : le contact avec les amis, la communication, le partage, mais aussi le divertissement ou encore les influenceurs, etc.
Et pour cause, aux yeux des Français, réseaux sociaux riment avant tout avec « influenceurs » (91 %), ces personnalités devenues emblématiques de ces plateformes. Cependant, ils riment également avec « addiction » pour 86 % de la population. Se dessine donc une représentation dissonante des réseaux sociaux dans l’esprit des Français, naviguant entre partage (83 %), communauté (84 %), divertissement (80 %) d’un côté, et addiction, « complotisme » (75 %) ou encore « discours intolérants » (73 %) de l’autre.
D’autre part, bien que les différentes générations ne soient pas acculturées de la même manière aux réseaux sociaux, ces grandes représentations sont relativement partagées par les jeunes et les plus âgés : des différences de perception existent bel et bien mais elles sont d’une ampleur relativement modérées dans la plupart des cas. Parmi les points les plus différenciants, on note que, tendanciellement, les plus jeunes associent davantage les réseaux au divertissement, à l’information et à la mobilisation que leurs aînés, qui tendent plutôt à mettre l’accent sur les dérives possibles (« complotisme », narcissisme, etc.). Les différentes tranches d’âge sont en revanche relativement unanimes concernant le risque d’addiction induit par ces réseaux.
Twitter et TikTok ne laissent pas indifférent
Interrogés sur les différents réseaux sociaux qu’ils connaissent, les Français citent principalement les géants Facebook, Instagram, Twitter, TikTok et Snapchat. YouTube et WhatsApp sont également cités, mais aussi LinkedIn, Pinterest, etc. Cependant, en matière de réseaux sociaux, notoriété ne rime pas nécessairement avec popularité : si certains réseaux jouissent d’une très bonne image (WhatsApp), d’autres sont plus controversés, avec des taux de mauvaise image relativement élevés (Facebook, 35 %, mais surtout Twitter, 44 % et TikTok, 56 %).
Information notable à retenir de cette étude, les plus jeunes, qui sont également les plus grands utilisateurs, ont une image des réseaux nettement meilleure que les autres générations :
Comment les Français utilisent-ils les réseaux sociaux ?
Pour les utilisateurs, les réseaux sociaux sont une réalité de tous les jours puisque 81% d’entre eux indiquent s’y rendre quotidiennement. Et ils sont 18% à les consulter toutes les heures voire plus souvent, un chiffre qui atteint 46% chez les 15-24 ans.
Les Français affirment être inscrits en moyenne sur 4 réseaux sociaux différents, et jusqu’à 7 pour les 15-24 ans. Cependant, ils ne publient régulièrement que sur 2 d’entre eux en moyenne. Facebook est le réseau le plus utilisé avec 71 % de la population qui y a un compte et qui l’utilise, devant WhatsApp (56 %), YouTube (55 %) et Instagram (49 %). Les autres réseaux (Snapchat, Pinterest, TikTok, Twitter, LinkedIn…) recueillent moins d’1/3 d’inscrits actifs, voire moins de 10 % pour les réseaux les plus confidentiels, comme Telegram, Fortnite ou Mastodon. Par rapport au reste de la population, les 15-24 ans se déclarent davantage présents sur presque tous les réseaux sociaux… À l’exception notable de Facebook puisque seuls 45 % d’entre eux indiquent l’utiliser contre 66 % chez les 65 ans et plus.
Concrètement, lorsqu’ils sont derrière leur écran, la plupart des utilisateurs regardent les publications de leurs amis (89 %), consultent leurs messages (86 %), ou encore scrutent les publications suggérées par les algorithmes (69 %). Et pour cause, se divertir et se détendre (51 %), mais aussi discuter avec leurs proches (51 %) sont les objectifs premiers des utilisateurs ; s’informer sur l’actualité (27 %) et trouver de l’inspiration (26 %) apparaissent comme des bénéfices secondaires. Rares sont ceux qui avouent chercher à y élargir leur cercle social (12 %), faire leur autopromotion (7 %) ou flatter leur ego (5 %)… Néanmoins, les Français imaginent volontiers que ce sont de véritables priorités pour les autres : ainsi, pour 44 % d’entre eux, si les gens utilisent les réseaux sociaux, c’est pour élargir leur cercle social, et pour 40 %, c’est pour flatter leur ego.
Les effets négatifs des réseaux sociaux pointés du doigt
Si les Français manifestent aujourd’hui des opinions vives et contrastées au sujet des réseaux sociaux, c’est notamment parce que selon eux, ces réseaux et leur développement ont un impact bien réel et palpable sur les individus et la société. À un niveau personnel, une courte majorité perçoit un impact des réseaux dans leur quotidien, qu’il s’agisse de la manière dont ils occupent leur temps (58 %), dont ils échangent avec leurs proches (56 %), ou dont ils s’informent (50 %), avec des fortes variations selon l’âge, les plus jeunes se sentant particulièrement impactés (80 % chez les 15-24 ans contre 25 % chez les 65 ans et plus). Du point de vue collectif, les réseaux sociaux sont également perçus comme ayant de vrais effets sur le monde réel : par exemple, pour 57 %, ils permettent de créer des mobilisations pour changer les choses.
Aux yeux des Français, l’existence des réseaux sociaux est davantage synonyme de danger (50 %) que de bénéfice (33 %) pour la société en général. En effet, s’ils leur concèdent des effets bénéfiques sur le lien social (54 %) et l’accessibilité de l’information (50 %), ils les perçoivent essentiellement comme un danger pour les enfants et adolescents (81 %), la vie privée (78 %) et la qualité de l’information (62 %). Et pour cause, d’un point de vue psychologique, ils attribuent surtout des effets négatifs à la fréquentation des réseaux sociaux : sur la santé mentale en général (64 %), sur l’esprit critique (58 %) ou encore l’estime de soi (51 %).
En définitive, les Français portent un regard très mitigé sur la capacité des réseaux à rassembler, et pratiquement 6 sur 10 (58 %) d’entre eux estiment qu’ils favorisent davantage l’isolement que le lien social (42 %). À noter que les jeunes de 15-24 ans ne sont pas si inconscients du danger que représentent les réseaux sociaux puisque 45 % d’entre eux les voient comme un facteur d’isolement.
Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/Tamaldequeso) (photo d’illustration)
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