Concert profane annulé dans une église de Carnac. Que s’est-il réellement passé ? [Exclusif]

Suite à l’autorisation d’un concert profane, voire profanatoire, d’une artiste organiste suédoise (Kali Malone) – encore – en l’église de Carnac le 13 mai dernier, trente bretons ont rappelé à la paroisse, au diocèse, à la mairie et à tous ceux qui ignorent que les églises sont un lieu sacré qu’il ne s’agit ni d’une salle polyvalente, ni d’un lieu « culturel » qui ignore le sacré.

Nous y étions. Contrairement aux épanchements du maire de Carnac – qui cherche visiblement à se faire pardonner auprès de ses amis que c’est lui qui a fini, à 23h passées de quelques minutes, par prendre la décision d’annuler le concert, la manifestation s’est passée dans le plus grand calme – si ce n’est, sur la place devant l’église saint Cornély, les (quelques) vociférations de quelques dizaines de personnes venues former un attroupement, non pas pour voir le concert vu le prix prohibitif (20 euros), mais pour pouvoir crier « dehors les fachos » devant les gendarmes tout en leur demandant de « faire des contrôles d’identité » ou d’user de « lacrymo ». Sous le gauchiste des plages, le vrai (sale) bourge.

Mais face à eux, déterminés, calmes, résolus – trente bretons, bâtis dans le même roc que ceux qui s’alignent à l’entrée nord de Carnac. « A peine 672 ans après, le nouveau combat des Trente a eu lieu », écrivait Riposte Catholique le matin du dimanche 14 mai. « Trente fidèles bretons, en prière à l’entrée nord de l’église Saint Cornély de Carnac – et à l’intérieur – ont empêché le concert profane et profanatoire d’avoir lieu ».

Ce même dimanche, un des textes de la messe – de rite tridentin, celle pour laquelle l’église de Carnac a été bâtie – comme la quasi-totalité des églises de Bretagne et de France, priait : « Dieu, de qui procède tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants, que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien, et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse ».

Si le diocèse connaissait ses devoirs, il n’y aurait pas eu de manifestation à Carnac

Vers 18h10, l’église était encore ouverte, et les organisateurs y faisaient des prises de son. Des baffles, des tables de mixage et des câbles encombraient de partout les chapelles, les accès, jusque et y compris l’autel dans le choeur – à Carnac, difficile de s’y tromper, l’espace sacré est matérialisé par une grille.

Pourtant, comme le rappelait Riposte Catholique – aussi présent sur les lieux – le soir même, « on se demande comment le diocèse de Vannes peut laisser jouer un album du titre de  »Codex Sacrificium » dans une église […] d’après les photos qui […] ont été communiquées, le diocèse de Vannes n’a certainement pas eu connaissance des textes officiels romains et de la CEF qui réglementent les concerts dans les églises affectées au culte » et qui s’imposent au diocèse, mais aussi à la paroisse – que le diocèse de Vannes semble avoir laissée seul juge, ou plutôt le curé Dominique le Quernec.

« Entre autres, on constate du matériel lourd et des sonos jusque dans le choeur. Pour rappel [disent ces textes] on n’occupera jamais le choeur de l’église et on respectera en toutes circonstances l’autel, l’ambon et le siège du célébrant. Le Saint Sacrement sera lui aussi respecté, voire transféré en un autre lieu. Ce qui n’est visiblement pas le cas », relevait alors Riposte Catholique.

Qui poursuivait : « une église ne peut être utilisée que pour des activités cultuelles. Sous peine de perdre son affectation – c’est la lettre même de la loi de 1905. C’est pourquoi le concert ne peut être que de musique religieuse – ce n’est pas le cas à Carnac, et ne peut, occuper l’église avec du matériel lourd ».

Ces dispositions s’imposent à tous – fidèles, laïcs en mission d’église, curé, diocèse. C’est pourquoi les fidèles venus prier devant l’église pour en empêcher la profanation étaient dans leur bon droit et n’ont fait que leur devoir de chrétien. Que visiblement le diocèse de Vannes ignorait… comme le diocèse de Nantes à peine un an et demi auparavant, la veille de l’Immaculée Conception 2021.

D’autant que selon nos informations, les fidèles – et même Civitas, qui a écrit une lettre ouverte à l’évêque Mgr Centène et appelé à empêcher cette profanation en récitant le chapelet – ont contacté à plusieurs reprises le curé. Qui a préféré les ignorer, sûr d’avoir raison contre tous et surtout contre le bon sens.

Des fidèles qui récitent calmement le chapelet

Bref, une bonne demi-heure avant le début du concert – qui ne se faisait pas à guichets fermés, loin de là, une billetterie était prévue devant l’église – un petit groupe de fidèles est entré dans l’église, et une vingtaine d’autres s’est mise dos à la porte – la seule – d’entrée au nord, les accès ouest (sous le porche) et sud ayant été condamnés.

Puis ils se sont mis, calmement, avec détermination, à prier, récitant les mystères glorieux puis douloureux du chapelet.

Trois policiers municipaux un peu esseulés sont arrivés, puis sont entrés dans l’église à 22h20 s’assurer que tout allait bien. Au même moment, le curé répondait au téléphone à une fidèle que les priants « font du tapage nocturne et une profanation ». Car ils prient le chapelet, dos à la porte de l’église…

A 22h40, quatre gendarmes sont sur place. Ils font quelque peu reculer l’attroupement qui grossit – une demi-heure avant, seule une dizaine de personnes attendait pour acheter des billets pour le concert, ou tout au moins se renseigner du prix des places. Dans la foule, un jeune homme (?) s’agite contre « les fachos ». Il a les ongles laqués de rouge. Néanmoins, personne ne reprend ses slogans.

Un gendarme auditionne posément le jeune homme qui est le responsable local de Civitas. Puis explique aux organisateurs, un peu à l’écart, qu’ils sont en attente d’une décision d’intervention ou non, que tout remonte au préfet, et que c’est à lui, de donner, ou non, l’intervention. L’attroupement grossit, sans autres violences – seule une femme essaie de forcer le passage sous le porche. Elle se fait arrêter net, une fidèle lui lance – « arrière, Satan ! ». Et décidément, elle recule.

Enfin, vers 23h05 le maire annonce à plusieurs reprises que le concert est annulé. L’attroupement se disperse, les fidèles partent en groupe, applaudis. Un jeune dans un coin, « et voilà ! On va encore passer pour des cons, raté pour le concert ». Un autre lui répond, « ils ne vont tout de même pas envoyer des CRS de Vannes pour gazer des gens qui sont en train de prier quand même ».

Quelques uns se réfugient au bar breton, qui passe de la musique électro, et où les avis sont assez partagés, entre partisans de l’ouverture « consternés » par la manifestation, ceux qui trouvent que « 20 euros le billet pour le concert par une structure gavée de subventions, c’est n’importe quoi, faudrait arrêter de faire de la culture rien que pour les vacanciers » et ceux qui trouvent qu’une « église, ce n’est pas une salle où on peut faire n’importe quoi n’importe comment. Dans cette histoire, il y a beaucoup d’incompréhensions, et au lieu d’aller vers les fidèles qui protestaient, le diocèse les a ignorés et maintenant la presse va les traiter de fachos… ce qui ne va générer que des nouvelles incompréhensions et très certainement de nouvelles manifestations comme celle-ci ».

« Une église est un lieu sacré »

A une centaine de mètres de l’église, l’un des fidèles, issu des environs de Carnac – tant pis pour le maire qui est allé déclarer ensuite, à la presse locale, que « pas un n’est de la paroisse », surprenant pour un élu de la République, suit-il ses administrés à la trace pour savoir qui va dans quelle église et à quelle messe?

« Nous avons rappelé calmement, par la force de la prière, qu’une église n’est pas une salle de concert, une salle polyvalente, ou un lieu dit de culture, c’est un lieu sacré. La présence réelle ne semble même pas avoir été retirée.

Nous avons fait ce qu’il fallait faire, ce concert n’avait pas lieu d’être à cet endroit – et en plus, comme il faisait très beau, ils auraient très bien pu aller jouer entre les menhirs comme le matin même ou à Carnac-Plage… certes, d’autres auraient pu en profiter, à distance, et donc ils auraient peut-être moins vendu de billets à 20 euros que s’ils s’enfermaient dans l’église, mais là encore, ce n’est pas un prétexte à prendre en compte pour des concerts dans des lieux sacrés, pas plus que la qualité des œuvres ou le nombre de petits points en triangle derrière l’organisation ou le donneur de subventions ».

Une autre habitante de Carnac, qui était sur la place ce samedi 13, s’exprime : « pour le père Le Quernec – qui n’a visiblement pas jugé utile de s’abaisser à venir discuter avec nous, puisqu’on n’est pas de la paroisse, ou de sa paroisse tout au moins – quand il dit autoriser n’importe quoi dans les églises par attitude pastorale, visiblement, il ne va pas jusqu’au bout de sa logique, bref. On ne peut que lui rappeler les paroles du Seigneur : Ma maison est un lieu de prières, et vous, vous en faites une caverne de voleurs ».

Le curé, « libre de ne pas répondre », demande à faire confiance… à qui ?

Curé qui, le lendemain matin, n’en était pas encore revenu. Interpellé peu avant sa messe, il avait balayé : « je suis bien libre de ne pas répondre aux gens qui m’ont sollicité [pour lui faire part de leurs réserves] Il faut faire confiance aux gens qui sont en responsabilité d’église ».

Sauf que la confiance, cela se mérite.

Le 21 octobre 2021, l’ex-vicaire général de Vannes – le second personnage du diocèse après l’évêque, en charge notamment de la discipline dans le clergé, souvent des nominations et de nombreuses autres fonctions d’organisation religieuse – passait en procès au tribunal correctionnel pour avoir, « de façon irrégulière, perçu des offrandes de messes et obtenu des prêts personnels auprès de prêtres et de congrégations en usant de son titre officiel de vicaire général ».

Il a, rappelait alors Actu Morbihan, « reconnu la totalité des malversations financières qui lui étaient reprochées pour un total évalué à 678.000 euros, dont 175.000 euros aux dépens directs du diocèse par détournements d’offrandes de messes ». Et le « tribunal a rapporté que cela lui a permis, pendant de longues années, des relations intimes avec de jeunes adultes majeurs ». Autrement dit, des relations homosexuelles tarifées – ce qui n’est pas très compatible non plus avec les engagements du sacerdoce. Il a été condamné à trois ans de prison avec sursis et à 171.239 euros de remboursements divers.

Il n’est guère étonnant que les fidèles du diocèse de Vannes en général et de Carnac en particulier n’aient pas beaucoup confiance…

Louis Moulin

Crédit photo : DR

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12 réponses à “Concert profane annulé dans une église de Carnac. Que s’est-il réellement passé ? [Exclusif]”

  1. Durandal dit :

    Bonjour,

    Ce qui m’interroge à chaque fois dans ces affaires, c’est comment les évêchés peuvent choisir des personnes aussi incompétentes pour prendre des décisions sur la vie de l’Eglise.

    CDT.

    M.D

  2. Alan al Louarn dit :

    Je m’attendais à une description claire du projet de concert et de lire la démonstration de l’inadaptation, voire du désir sacrilège des musiciens. Or l’on se contente de banalités sur les églises, dont l’abandon par la population dû à Vatican II les destine à devenir de l’immobilier pour bobos. Si je me réjouis des débuts de réaction chrétienne de soutien à notre civilisation celto-romaine, je ne peux que constater que l’église, par sa vocation stupide et impérialiste universelle, a abandonné les sources populaires et traditionnelles qui la fondent. L’église est peut être la maison de chaque dieu qui a été créé par chaque peuple à sa ressemblance, mais construite par le peuple elle lui appartient. Et c’est chaque curé qui en a la charge. Ce genre de manifestation n’aidera que les forces musulmanes à s’implanter.

  3. JP VARESE dit :

    Aux yeux du curé, réciter le chapelet en commun, même vers 22H., devient du « tapage nocturne et une profanation », il faut le faire. Je crois que ce curé n’est pas très catholique.

  4. Lilien dit :

    Alan al Louarn, vous oubliez allègrement la loi de 1905, de séparation de l’église et de l’Etat, qui a achevé de dessaisir l’Eglise de ses biens et de l’exercice entier de sa liberté en ses terres… La liberté du prêtre en charge de son église, la maison de Dieu, est donc toute relative…

    La preuve étant, qu’au final, dans le cas de l’opposition concrète au concert profane de l’église de Carnac, ce sont essentiellement les forces de police, la préfecture, et la mairie qui sont intervenues.

    Par ailleurs, les sources populaires et traditionnelles, dites-vous, qui fondent notre civilisation celto-romaine, du moment qu’elles sont éloignées d’un véritable corpus spirituel, n’ont aucune raison d’envahir nos églises. Des textes précis de la Conférence des évêques de France, comme le rappelle l’article ci-dessus, documentent ce sujet. Il n’y a, à bon droit, et de bon sens… qu’à s’y référer.

    Ce qui éviterait bien des complications…

    • Thierry MADEC dit :

      Si, en 1905, l’État anti-catholique a effectivement spolié l’Église des tous ses bâtiments bâtis antérieurement, il en laisse quand même (théoriquement) dabord l’usage au Diocèse qui a légalement la possibilité d’en interdire l’utilisation pour des manifestations telles que ces concerts ou spectacles notoirement contraires à la vocation originelle des lieux.

  5. kaélig dit :

    A la Révolution française, de nombreux édifices religieux ont été convertis en entrepôts, grenier à sel, écuries…ceci en plus des innombrables profanations de sépultures, destruction de statues, reliques, ouvrages et livres religieux voire des constructions elles-mêmes.
    Pour ma part, j’attends toujours qu’un historien ou un membre de l’Académie Française nous dresse un inventaire objectif de tous ces dégâts de la fureur révolutionnaire.
    Mais il ne faut pas rêver, attendre la repentance de nos maître jacobins pour tous ces méfaits autant que pour le Génocide vendéen est mission impossible.
    La repentance, c’est pour nos anciens colonisés empressés de venir se réfugier chez leurs anciens « bourreaux ».

    • Le duff dit :

      Bonjour kaelig,
      Allez écouter sur YouTube les conférences de Marion Sigaut qui est une historienne très au fait sur le 17 et 18 siècle. Elle parle de façon exhaustive
      de la revolution française ( 1789 ) et autres.
      Très instructif.

  6. Le euff dit :

    Kaelig bonjour,
    L’historienne qui en parle très bien ( de la revolution française et de l’église ) est Marion Sigaut.

  7. Jean-Paul SAINT-MARC dit :

    Je me suis enquis de qui était Kali Malone : une organiste, pas de quoi me faire frissonner !
    Mais rien de malsain…
    Il y a bien des orgues dans les églises, certes pour des champs religieux.
    Il s’organise à juste titre des concerts de musique classique, de bel canto, les églises offrant des conditions acoustiques extraordinaires… Ce n’est pas un sacrilège que le beau puisse s’y exposer… Et justement ont-elles été construite pour aussi… Des œuvres s’étalent souvent sur leurs murs ou y sont hébergées…
    Si l’Eglise utilisait mieux la musique, pas n’importe laquelle, elle inspirerait plus à la foi…
    D’autres chrétientés la pratiquent avec bonheur !
    Et puisque j’y suis, l’Eglise devrait revoir tout ce qui l’a viciée depuis des siècles…
    Elles a pris de bonnes décisions, mais elle en a pris beaucoup de mauvaises…

  8. patphil dit :

    la salle des fêtes étant trop exiguë… le curé a eut pitié

  9. GERARD dit :

    Dommage qu’il faille toute la détermination d’un public catholique (ou pas), pour protéger nos lieux de culte, de la lâcheté et la résignation de la curetaille, qui décidément, coche de plus en plus de « cases » Mais… les mauvaises…

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