Le 7 mai 2023, cela faisait 29 ans que Sébastien Deyzieu, militant de l’Oeuvre française, trouva la mort en marge d’une manifestation contre l’impérialisme américain, organisée par des groupes Nationalistes-Révolutionnaires le 7 mai 1994. Une manifestation interdite par les autorités, à laquelle il se rendait, avant d’être pris en chasse par la police, traqué jusque dans un immeuble (au 4 rue des Chartreux, à Paris), immeuble duquel il chuta et trouva la mort, quelques jours plus tard, après avoir été plongé dans le coma.
Depuis, des militants nationalistes de toute l’Europe manifestent, chaque année, au mois de mai, pour lui rendre hommage. Ce fut encore le cas, ce samedi 6 mai 2023, où 500 militants défilèrent dans les rues de Paris, en son hommage, et en hommage à tous les militants nationalistes décédés du fait de la répression politique.
Une manifestation hommage désormais autorisée chaque année par les autorités, ce qui fait enrager la gauche et l’extrême gauche radicale qui ne supportent même pas que des gens se rassemblent pour rendre hommage à leurs morts. Une manifestation particulièrement médiatisée cette année après que des journalistes se soient « émus », qu’un tel cortège puisse défiler dans Paris.
https://twitter.com/GUDparis/status/1655658621441654785?s=20
Etait notamment visée la tenue des militants, beaucoup habillés en noir et en cagoules, ce qui ressemble pourtant aux cortèges « Black-Bloc » d’extrême-gauche qui eux – contrairement au cortège calme de samedi – sèment la désolation dans les grandes villes de France et de Bretagne depuis des mois et ce avec la complicité tacite des services d’ordre syndicaux qui ne font rien pour les expulser.
Un deux poids deux mesures médiatique qui trahit un militantisme et une idéologie certaines de ces nouveaux « indignés ».
Interpellées par tous les agents de la Pravda et de la police politique que compte le microcosme politique Parisien, la préfecture de police justifie son choix d’autoriser cette manifestation annuelle par ces mots : « Dans la mesure où cette manifestation n’avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l’ordre public, le préfet n’était pas fondé à prendre un arrêté d’interdiction à son encontre ».
Les choses sont claires d’un point de vue juridique. Et cela même si le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, gesticule à l’Assemblée, en annonçant l’interdiction de toutes « les manifestations d’ultra droite » (et pourquoi pas la peine de mort pour chaque militant dissident ?). Le comité du 9 Mai vient d’ailleurs de répondre par un communiqué à toutes les attaques.
Quoi qu’il en soit, pour nos lecteurs, nous avons décidé de remonter plus loin, à la genèse de cette manifestation, de cet hommage rendu à Sébastien Deyzieu. Et pour en parler, nous avons interviewé l’un des principaux organisateurs et acteurs de la manifestation du 7 juin 1994, Frédéric Châtillon, toujours resté fidèle à ses camarades et à ses idées malgré les années qui ont passé. Qui est Frédéric Châtillon ? Dans quel contexte a été organisée cette manifestation du 7 mai 1994 ? Que s’est-il passé ensuite à l’annonce de la mort de Sébastien Deyzieu ? Pourquoi est-il important de perpétuer cet hommage y compris 30 ans après ? Réponses dans cet entretien exclusif, ci-dessous.
Breizh-info.com : Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et retracer votre parcours politique ?
Frédéric Châtillon : Mon histoire française débute en 1984. Auparavant, je vivais en Afrique, d’abord au Maroc puis, les dernières années, en Côte d’Ivoire. J’ai été élevé dans une certaine fascination de la Bretagne et de la France, d’autant plus que je n’y avais pratiquement pas vécu. C’est un peu le syndrome des expatriés qui fantasment leur pays (je ne parle évidemment pas du macroniste new-yorkais). Pour les lecteurs de Breizh-Info, mon attachement charnel à la Bretagne vient de ma mère (finistérienne) qui fut militante dans sa jeunesse au MOB (Mouvement pour l’organisation de la Bretagne), la Bretagne était sa première patrie. Mon environnement politique ne me prédisposait pas à devenir militant nationaliste révolutionnaire, mes parents étaient plutôt de droite modérée avec un penchant très anti-gaulliste, je crois que mon père fut un temps giscardien (!).
Je suis donc arrivé à 16 ans en France pour intégrer le Prytanée militaire de la Flèche. L’ambiance y était plutôt « bien pensante » et c’est logiquement que j’ai voté pour la première fois Front national en 1986 à l’occasion des élections législatives, je venais d’avoir 18 ans. Je suis ensuite parti à Paris pour poursuivre mes études. J’ai commencé par un DUT avenue de Versailles et c’est là que j’ai été recruté par l’UNI dont le siège était à 150 mètres de l’IUT. Parallèlement, je commençais à militer au GUD, en passant de nombreuses heures à la cafétéria d’Assas, ce qui entraînera mon exclusion quasi automatique de l’UNI. (C’est l’époque où l’UNI se métamorphosera en mouvement 100 % chiraquien, les trublions nationalistes n’y avaient alors plus leur place, le GUD encore moins !). Après mon DUT j’ai poursuivi mes études à Paris V Jussieu tout en continuant à militer. C’est au début des années 90 que j’ai pris la direction du mouvement. La chute du mur de Berlin nous a imposé une nouvelle lecture du monde et de ses équilibres, le communisme était mort.
Le GUD devint alors un mouvement très anti-impérialiste avec deux cibles privilégiées : l’impérialisme yankee et l’impérialisme sioniste. C’est dans ce contexte que s’est organisée la manifestation du 7 mai 1994 contre l’impérialisme américain. Il faut rappeler que les États-Unis détenaient déjà en 1994 le triste record du nombre de pays bombardés, du nombre de civils tués, du nombre de pays envahis… depuis 1945 ! Aujourd’hui les USA sont toujours les champions toutes catégories.
Breizh-info.com : Le 7 Mai 1994, vous faisiez partie, je crois, des organisateurs d’une manifestation visant à dénoncer l’impérialisme américain. Quel était le contexte, la genèse de cette manifestation ?
Frédéric Châtillon : Les relations entre le GUD et les JNR n’étaient pas vraiment au beau fixe. Nous nous sommes donc rencontrés avec Serge Ayoub (le chef des JNR) et avons décidé d’organiser cette manifestation commune pour enterrer la hache de guerre et montrer notre unité. La manifestation avait été déposée en préfecture comme cela devait se faire. Mais, suite à des échanges avec la maréchaussée, nous avons rapidement senti que notre manifestation était sur le point d’être interdite.
Selon la Préfecture, un McDonald’s (entre autres) était présent sur notre parcours et il y avait un risque trop important que celui-ci soit endommagé. Nous avons alors décidé de ne plus dormir chez nous dans les jours qui ont précédé la manifestation afin d’empêcher les flics de nous notifier officiellement une interdiction éventuelle. Nous avions alors plusieurs associations déposées sous le même nom (UDEA – Union et Défense des Etudiants d’Assas) en préfecture ou à la faculté d’Assas. Toute personne membre d’un des bureaux était susceptible de recevoir la visite matinale de la police. C’est donc seulement le jour de la manifestation, en sortant du métro Denfert Rochereau à une centaine, que nous avons compris que nous avions vu juste : la manifestation était bien interdite.
Lorsque nous sommes arrivés à Denfert-Rochereau, la police, après m’avoir notifié l’interdiction, nous a immédiatement encerclés (plus précisément des gardes mobiles bien équipés) pour nous empêcher de défiler et pour dissuader nos militants de se joindre à nous. Des camarades étaient venus des quatre coins de l’Europe, d’Italie, d’Espagne, de Belgique, d’Allemagne… De leur côté les JNR étaient bloqués par les forces de l’ordre à Port Royal. Nous nous étions équipés (comme nous le faisions à chaque fois) en cas de coup de force avec des gauchistes ou des militants sionistes). Et c’est finalement les lignes des bleus que nous avons « chargées » avec nos maigres moyens pour nous désenclaver (et éviter de nous prendre une grosse branlée). Certains d’entre nous ont réussi à fuir mais la plupart ont été rattrapés à quelques centaines de mètres par les flics en civil (dont moi-même).
Breizh-info.com : A l’occasion de cette manifestation interdite, ou plutôt à l’issue de celle-ci, un jeune militant, Sébastien Deyzieu, a perdu la vie. Pouvez-vous revenir sur le déroulement de cette manifestation et sur cette fin, tragique ?
Frédéric Châtillon : Le cas de Sébastien Dezieu est assez différent. Sébastien, alors militant a l’Œuvre française, avait été repéré (sûrement en raison de son apparence) par des flics en civil à plus d’un kilomètre de la place Denfert. Il n’avait commis aucun délit, il était seul et n’avait pas de comportement agressif ou factieux. C’est donc de façon totalement gratuite que deux fonctionnaires zélés l’ont poursuivi jusque dans l’immeuble de la rue des Chartreux. Et c’est ce zèle qui a provoqué la chute et la mort de Sébastien qui essayait juste d’échapper à ses poursuivants. Savait-il seulement à qui il avait à faire ?
Nous vivions sous un gouvernement de droite « dure » (le rêve de Reconquête) avec Charles Pasqua comme Ministre de l’Intérieur et son fidèle Patrick Gaubert (en charge de la coordination de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie). Au cours de cette période plusieurs de nos militants, par ailleurs très bons étudiants, ont été incarcérés pour de simples bagarres sans conséquence. La persécution était systématique et particulièrement violente. Je crois que mon divorce avec cette droite atlantiste et libérale a été définitif suite à cette séquence.
Breizh-info.com : Quels ont été, dans les heures, dans les jours qui ont suivi, les retentissements de cette mort, y compris politiques ? Pouvez-vous revenir sur l’occupation des locaux de Fun Radio notamment ? Ou sur les déclarations de Charles Pasqua ministre à l’époque ? Pourquoi avoir baptisé ce comité « du 9 mai » et pas du 7 mai ?
Frédéric Châtillon : Lorsque nous avons été embarqués au poste, les policiers savaient déjà que Sébastien était entre la vie et la mort. Ils ne nous diront évidemment rien. Il décédera finalement le 9 mai. Nous ne l’apprendrons qu’en sortant de garde à vue, (je fus le dernier relâché parmi les 113 interpellés). Une fois libres, sonnés par la nouvelle, nous nous sommes réunis entre responsables pour réfléchir à ce que nous pourrions entreprendre pour faire entendre notre colère et donner de l’écho à ce drame. Le Front National a immédiatement manifesté sa solidarité à travers ses nombreux dirigeants de l’époque, en particulier Samuel Maréchal alors dirigeant du FNJ. C’est dans ces circonstances que sera créé le Comité du 9 mai (date de la mort de Sébastien) regroupant le GUD, les JNR et le FNJ. À l’époque l’Œuvre française restera aux abonnés absents, Sébastien était pourtant un de ses militants.
Une marche silencieuse de plus de 2000 personnes fut organisée le 16 mai avec en tête de nombreux élus du FN. Plusieurs opérations coup de poing furent organisées dont l’occupation de Fun Radio. Cette radio FM était très écoutée à l’époque par les adolescents et était située à Neuilly sur Seine dans les Hauts de Seine, département alors dirigé par Charles Pasqua (celui par qui le malheur était arrivé). Après avoir envahi les studios, l’antenne fut prise en direct pendant 30 minutes à une heure de très grande écoute. Nous avons pu à cette occasion raconter aux auditeurs les circonstances de la mort de Sébastien et dire tout le mal que nous pensions de Pasqua. L’opération s’est plutôt bien terminée (six interpellations alors que nous étions une cinquantaine), nous avons réussi à nous enfuir par les toits alors que la police nous attendait devant la porte principale des studios. Les deux abrutis d’animateurs de l’antenne (Doc et Difool) avaient alors raconté (pour donner un peu de piquant à leur histoire) que nous parlions entre nous en allemand !
Breizh-info.com : Avez-vous personnellement encore des contacts avec la famille de Sébastien Deyzieu ? Pouvez-vous nous dire, vous qui l’avez connu, qui était Sébastien Deyzieu ? Et qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui encore, en 2023, que des jeunes militants, venus de tout l’hexagone, mais même aussi d’autres régions d’Europe, se rassemblent, chaque 9 mai pour cet hommage ?
Frédéric Châtillon : En ce qui concerne Sébastien, je ne le connaissais pas mais son visage m’était familier. Il faisait partie de notre grande famille politique et nous nous croisions lors de différents rassemblements. Sa famille n’a jamais souhaité se manifester, ni se joindre à nous. Je crois me souvenir que nous avons eu un contact éphémère avec son père.
Cela fait maintenant presque 30 ans que Sébastien est mort et il n’y a pas eu une année sans que des militants, de génération en génération, organisent une commémoration, quel que soit le contexte répressif. J’ai moi-même participé à de nombreuses commémorations du 9 mai. Je vis maintenant en Italie (pays où la mémoire des militants est particulièrement vivace et célébrée), je n’ai donc plus aussi souvent l’occasion d’y participer. Mes vieux amis y participent (d’ailleurs leur présence ne passe pas inaperçue) et je tiens à rendre hommage et à féliciter ceux qui entretiennent le flambeau. J’espère que les 30 ans de la mort de Sébastien seront un évènement majeur et je compte bien y être présent, je lui dois bien ça !
Propos recueillis par YV
Crédit photo : Extraits du livre « Les Rats maudits », disponible en PDF sur demande sur [email protected]
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9 réponses à “Frédéric Châtillon : « Il n’y a pas eu une année sans que des militants, de génération en génération, organisent une commémoration pour Sébastien Deyzieu, quel que soit le contexte répressif » [Interview]”
Sur les trois impérialismes qui s’affrontaient en Europe en 1944, l’impérialisme yankee n’était pas le pire…
Depuis que le Rassemblement national a déserté la rue, semblable en cela à la droite estampillée républicaine, cette manifestation aura réjoui très certainement tous les autochtones abandonnés par leurs candidats et trahis par leurs élites. L’indignation de tous les partis institutionnels de l’extrême-gauche au RN en passant par les macronistes démontre leur peur viscérale de l’émergence d’une authentique alternative nationaliste dans l’espace public. La croix celtique demeure plus que jamais le symbole par excellence de l’opposition véritable au Système. Un symbole unificateur brandit dans divers pays d’Europe.
Comme dit la chanson:
La rue appartient à celui qui y descend!
Zéro troubles, respects les gars !
Que le Dieu des Armées vous tienne en sa sainte garde.
Étant un NR, ayant participé à de nombreux C9M (pas cette année problème de santé) mais étant aussi syndicaliste j’ai juste un commentaire a faire sur la complicité des services d’ordre syndicaux avec les blacks blocs et antifa que vous évoquez au débit de l’article.
La complicité ne touche qu’une minorité des services d’ordre (composé non pas de professionnels de la sécurité mais de syndicalistes qui font ça bénévolement, fini la grande époque du service d’ordre de la CGT PCF).
Beaucoup de membres des services d’ordre sont hostiles aux blacks blocks, et il est d’ailleurs courant que les antifas attaquent les services d’ordre syndicaux.
Par contre l’extrême gauche antifa étant en première ligne dans les luttes sociales actuelles et les syndicats n’obtenant rien face au gouvernement il n’est pas étonnant qu’une partie des manifestants se tournent vers eux. Il y a parfois des communes ou une infiltration discrète mais efficace d’égalité et réconciliation ou des patriotes arrivent a contrer la ligne antifas.
Encore une fois l’extrême gauche pratique lentrisme que cela soit dans les syndicats, les associations de parents d’élèves ou de consommateurs pendant que le camp national ne s’y implique pas…
Le contexte actuel pourrait pourtant permettre une rapprochement de la lutte sociale et du combat national…
Cordialement
Bertrand
Les vieux rats noirs survivants saluent chaleureusement les jeunes camarades qui entretiennent la flamme, car lorsque « tous trahiront nous resterons fidèles! » Sébastien présent!
« Que crèvent les yankees et les capitalistes, au rythme des hauts tambours des lansquenets »
Merci pour se superbe article. Quel plaisir de voir ces Croix Celtiques. Croix pour laquelle nous étions prêt à mourir.
je croyais qu’il était interdit par la loi de sortir dans la rue avec un voile intégral ou une cagoule! ceci dit les blackbloks et autres antifas le font impunément sans que le ministre darmanin n’y voit à redire, encore deux poids deux mesures
Force et respect
Sébastien DEYZIEU était un jeune Militant de ma fédération FNJ.95 au début des années 90. On avait fait quelques actions militantes ensemble… En tant que cadre, Il m’avait sollicité pour participer à des actions militantes plus endiablée comme celle que menait le GUD contre l’extrême gauche et les antifas… Je l’avais orienté et guidé vers l’OEuvre Française d’où j’étais issu avant d’adhérer au FN car il y avait une véritable doctrine nationaliste dans ce groupuscule dirigé par l’ami Pierre SIDOS. Malheureusement, Sébastien qui avait un gros potentiel d’activiste révolutionnaire, a disparu de façon tragique lors de la manifestation organisée par le GUD en 1994. Personne n’a vraiment su pourquoi il avait été pourchassé par 2 agents de police ce jour-là et comment il était tombé de cet immeuble où il s’était réfugié.
Paix à son âme !!