Choucas des tours : entre dégâts agricoles et protection de la biodiversité

Le choucas des tours est une espèce protégée qui cause des dégâts importants aux cultures en France, provoquant des tensions entre agriculteurs et associations écologistes. Et les solutions proposées pour limiter la prolifération de ces oiseaux ne font pas l’unanimité…

Choucas des tours : un oiseau fâché avec les agriculteurs

Le choucas des tours (Coloeus monedula) est un oiseau de la famille des corvidés, souvent confondu avec ses cousins, les corbeaux et les corneilles. Cependant, il se distingue par sa taille plus petite, son plumage noir avec des reflets métalliques et ses yeux bleu-gris. Cet oiseau se retrouve dans de vastes zones géographiques, allant de l’Europe jusqu’à l’Asie centrale et l’Afrique du Nord. Il est également très présent dans les zones urbaines, où il profite des ressources offertes par les villes.

Mais le choucas des tours aime également voler au-dessus de nos campagnes, y compris en Bretagne. Une présence qui est toutefois assez peu appréciée par certains agriculteurs puisque l’oiseau, classé espèce protégée depuis 1989, prolifère et cause de nombreux dégâts aux cultures à travers l’Hexagone, avec des ravages considérables sur certaines récoltes.

Ainsi, le choucas des tours est devenu, avec le temps, le symbole d’une lutte entre deux mondes qui ont bien du mal à se comprendre : les professionnels agricoles d’un côté et une série d’associations dites « écologistes » de l’autre.

Quelles pistes pour freiner la prolifération ?

Du côté de ces associations justement, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et Bretagne vivante ont communiqué le 27 avril dernier au sujet du choucas des tours. Elles ont ainsi rappelé que les conclusions de l’enquête scientifique sur l’écologie du Choucas des tours en Bretagne, présentées il y a plus d’un an désormais, allaient « dans le même sens que les analyses portées par les associations de protection de la nature ».

En substance, l’enquête a ainsi rapporté que les campagnes de tirs ne sont « pas utiles pour réguler l’espèce ». Pour la LPO et Bretagne vivante, il est donc désormais urgent de lancer « des expérimentations pour obstruer les cheminées (sites de reproduction) et limiter leur accès au maïs, principale nourriture du choucas », les deux associations déplorant au passage que ces solutions, « désormais connues et partagées », ne soient « toujours pas mises en oeuvre ».

Quant au Plan régional d’actions (PRA) Choucas des tours annoncé à la suite de la présentation du rapport en question en mars 2022, son lancement aura finalement été plus long que prévu. Comme le rapportait le quotidien le Télégramme le 1er août 2022, ce plan d’action devait comprendre trois axes principaux : « Une meilleure connaissance scientifique et la mise en œuvre d’un dispositif de déclaration de dégâts, des mesures de prévention avec des essais menés sur différents procédés et la continuité des prélèvements dérogatoires « au statut d’espèce protégé afin d’accompagner la montée en charge des autres actions prévues ».

Un appel à travailler de concert avec le monde agricole…

En ce qui concerne les conclusions de l’étude évoquée précédemment, celles-ci présentaient des leviers pour limiter les populations de choucas : « Ainsi, pour freiner la dynamique du choucas des tours dans l’ouest de la France, considérant que la destruction d’individus par tir ou par piège n’est pas une solution efficace à terme, il semble nécessaire de mettre en place des solutions pour limiter autant que possible l’accès aux sites de nidification (engrillagement/obstruction des conduits de cheminées) et aux ressources alimentaires (destruction du maïs dans les chaumes, limitation de l’accès aux tas d’ensilages et stabulations, etc.) », peut-on ainsi lire dans le rapport.

De leur côté, Bretagne Vivante et la LPO Bretagne affirme qu’elles resteront « vigilantes » sur l’engagement des instances publiques et des élus dans le processus d’occultation des cheminées. Ces dernières accueillant aujourd’hui « plus de 90% de la nidification ».

Par ailleurs, les deux associations exhortent les défenseurs de l’environnement et le monde agricole à « travailler ensemble » pour résoudre le « problème choucas ».

Trop de nourriture laissée dans les champs moissonnés

Du côté des agriculteurs, comme le note l’hebdomadaire Paysan breton, « le démarrage des semis de maïs coïncide avec des craintes pour les producteurs de voir leurs cultures attaquées par les choucas ». À savoir que les populations de corvidés continuent leur progression, un couple donnant naissance à 5 petits par an, tandis qu’un oiseau vit en moyenne de 10 à 15 ans. À titre d’exemple, dans le Finistère, la population reproductrice de choucas des tours est passée de 15 000 couples en 2010 à 45 000 en 2021.

Dans ces conditions, le dialogue entre les deux parties est-il possible ? Si Bretagne Vivante et la LPO Bretagne se proposent « d’accompagner sur le long terme les agriculteurs dans l’élaboration de solutions durables et efficaces », les deux associations se montrent dans le même temps assez fermes en indiquant vouloir « suivre également de près l’investissement du milieu agricole » dans les mesures mises en œuvre pour limiter les quantités de nourriture issues des champs moissonnés de maïs et des grains de maïs non digérés dans l’ensilage.

À l’échelle de la Bretagne administrative, ce serait en moyenne 7 000 tonnes sur champs et 10 000 tonnes de grains non digérés qui resteraient dans l’ensilage. Mais il y a fort à parier que les agriculteurs concernés n’ont pas besoin d’injonctions pour prendre conscience du problème…

Crédit photo : Flickr (CC BY-NC-ND 2.0/Claude Dopagne) (photo d’illustration)
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10 réponses à “Choucas des tours : entre dégâts agricoles et protection de la biodiversité”

  1. maxal dit :

    Déja il faudrait arrêter de tuer les prédateurs comme les renards ou les blaireaux ,ça reglerait déja une parti du problème , Si ça n’est pas trop tard !!

    • BBB dit :

      Bonjour, renards et blaireaux ne sont pas prédateurs des choucas. Ils sont la proie de prédateurs ailés, éperviers, autours, certains faucons, milans royaux parfois, qui sont protégés, eux.

    • JPE dit :

      Renards et blaireaux ,prédateurs du corbeau?
      Tiens c’est nouveau ça !!!

    • Bertrand dit :

      Bravo, encore une fois, un « expert » nous explique comment faire ! Les renards et les blaireaux ??? À des fois, on se demande où sont les blaireaux !!!

  2. annaig29 dit :

    on peut aussi et surtout déclarer les dégâts via l’application « signaler dégâts faune sauvage ». Photos à l’appui, ça ne rembourse pas les dégâts mais ça contribue au suivi des animaux et apporte des billes pour un éventuel plan de chasse qui limiterait les populations de destructeurs….

  3. Agriculteurs et éleveurs et si on arrêtait tout ? dit :

    On sent qu’on est dans un média plein de pro de la nature qui ne connaissent que le béton et les jeux vidéos comme d’habitude et quelques articles de vulgairisation aussi stupides que le journaliste qui les a écrit.
    Chouca des tours, pas de prédateurs, juste l’humain pour régulateur. Proies préférées des renards : les oiseaux nichant au sol parce que c’est ultra facile, raison de leur disparition actuelle comme les perdrix. Ensuite le renard croque le hérisson car il a la technique. Les rats et souris sont bien moins chassés, c’est des proies difficiles et les animaux prédateurs sont comme les lecteurs de Breizh, ils préfèrent ce qui tombent tout seul dans la gueule façon fast food et n’ont aucune idée du travail de la terre ou de l’élevage.

  4. Marie dit boulot Bernard dit :

    Bonjour.
    J’habite dans la Seine-et-Marne sur la commune de Château-Landon. Et dans cette commune nous avons les 5 corvidés le choc a des murailles le corbeau Freud l la pie le geai des chênes. Le 6e ayant disparu c’est le grand corbeau qui a été massacré jusqu’au dernier pour superstition religieuse.
    Mais en lu plusieurs articles qui parlaient de votre problème de nuisances des oiseaux chez nous les agriculteurs utilisent des canons à son je suppose que vous dans votre région c’est pareil il il existe des solutions sans les exterminer jusqu’au dernier surtout quand c’est des espèces qui mettent du temps à se reproduire. Je ne veux pas être méchant après les agriculteurs mais il touche quand même beaucoup de subventions de l’Europe qui compense soit leur perte de production agricole parce que les changements climatiques qui sont issus de la faute de l’humain donc il faut éviter de massacrer une espèce parce que certaines personnes trouvent que la seule solution c’est de leur tirer dessus. C’est ce que j’ai pu lire dans certains articles ont été publiés lancer des plans de régulation par la chasse. Je trouve ça encore une fois ridicule que l’humain décide de éradiquer ou de contrôler les autres formes de vie.

    • Agriculteurs et éleveurs et si on arrêtait tout ? dit :

      Tu produis quoi pour te nourrir toi même sans les magasins ou le maraicher local et tu es capable de tenir combien de temps ?

    • Courtin dit :

      Bonjour vous parlez d’installer des canons et que faites-vous des autres animaux qui nichent au sol vous croyez qu’ils vont pas abandonner leur nid si vous installez un canon à proximité réfléchissez un peu avant de sortir n’importe quoi

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