Les tièdes d’aujourd’hui dénient la responsabilité de la Révolution jacobine dans le « génocide » de la Vendée, tel que le définissait et le voulait le Comité de Salut public. On parlait à l’époque d’« éradication ». C’était entre 1793 et 1794. C’était avant Thermidor, pendant la Grande Terreur. Les négateurs refusent le terme au prétexte que l’emploi du néologisme ne peut pas être antérieur à 1945. Si l’utilisation sous toutes les latitudes de ce terme a connu un franc « succès » depuis cette date, c’est que les façons des « génocidaires » continuent de se développer à la manière dont elles se sont produites depuis toujours. Cent têtes éclatées par des voyous méritent bien cette accusation, et voici pourquoi…
Définition de l’ONU – « Article II… Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a. Meurtre de membres du groupe ;
b. Atteintes graves à l’intégrité physique… de membres du groupe ;
c. Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
d. Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e. Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
» Notons qu’en 1793-1794, ce dernier point n’avait pas lieu d’être pris en considération, les enfants de la Vendée étaient massacrés comme leurs parents. Les exemples abondent…
Mais cela ne suffit pas. Certains disent qu’il y faut : « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». L’intention est en effet l’élément le plus difficile à établir. Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. C’est le cas de la « Vendée », au moins pour le religieux… La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier. En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État, même si la définition du génocide n’inclut pas cet élément. Ce fut le plan du gouvernement de la Convention en 1793.
Le génocide peut également être commis contre une partie seulement du groupe « ethnique, racial ou religieux », pour autant que cette partie soit identifiable et « significative » y compris à l’intérieur d’une zone géographiquement limitée… C’est le cas de la « Vendée », identité historique qui regroupe des territoires de Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire, des Deux-Sèvres et de la Vendée proprement dite et leurs habitants.
Bertrand Barère, député « centriste », membre du Comité de salut public du 6 avril 1793 au 1er septembre 1794, était un orateur à succès. Sous la Constituante, il avait été remarqué par ses propositions de réforme des institutions judiciaires, des finances et de l’administration. Il se battit pour que sa Bigorre natale devienne le département des Hautes-Pyrénées. Passe la Législative… Il fut réélu à la Convention et, après diverses fonctions, il fut chargé d’ouvrir le procès de Louis XVI et d’interroger le roi. Il intervint en janvier 1793 contre les Girondins. Il entra en avril au Comité de salut public, le véritable gouvernement d’alors, et en devint rapidement le rapporteur… C’est à ce titre qu’il inventa « l’éradication » de la Vendée. Outre la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) — loi qui supprimait les droits de la défense — on lui doit deux discours dans lesquels perce l’intention d’éradiquer… Celui du 1er août et celui du 2 octobre 1793.
Le premier discours aboutit à la promulgation d’un décret « relatif aux Mesures à prendre contre les Rebelles de la Vendée », le second réorganise les armées des côtes de la Rochelle et des côtes de Brest pour former l’armée de l’Ouest. Les deux sont marqués par la nécessité de la Terreur. Dans le premier, l’article 6 parle des combustibles nécessaires « pour incendier les bois, les taillis et les genêts », l’article 7 précise que « Les forêts seront abattues ; les repaires des rebelles seront détruits ; les récoltes seront coupées par les compagnies d’ouvriers, pour être portées sur les derrières de l’armée, et les bestiaux seront saisis »… C’est l’article 8 qui fait débat et autorise certains à nier le génocide car l’intention est vague.
On note en effet : « Article 8. Les femmes, les enfan(t)s et les vieillards seront conduits dans l’intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l’humanité. » De là, les défenseurs de Robespierre appuient sur l’humanité du Comité de salut public… Sauf que cette humanité ne tient pas dans la réalité… les « bleus » violent et assassinent dans tous les cas — il suffit de lire les mémoires du temps, les textes de la jeune Pauline Gontard des Chevalleries ou du révolutionnaire Jean-Paul Bénaben, « commissaire du Maine-et-Loire près des armées destinées à combattre les rebèles de la Vendée »… C’est l’horreur.
Barère est resté célèbre pour ces phrases prononcées à la tribune de la Convention, publiées dans le Mercure universel le 2 octobre 1793 : « Détruisez la Vendée, et Valenciennes et Condé ne seront que des domaines inutiles aux Autrichiens ; l’Anglais ne tentera plus d’enlever Dunkerque. Les Espagnols seront battus par les habitants du Midi ; détruisez la Vendée, vous aurez anéantis tous nos ennemis… »
« Anéantis » « Eradiqués » « Génocidés »… Quelle différence ?
MORASSE
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Une réponse à “Oui, il y eut génocide en Vendée !”
c’est tellement évident, la publication des preuves aujourd’hui après deux siècles de déni prouve la détermination des zélites de l’époque à faire taire ceux qui ne se taisaient pas