Un plan national a été décidé pour résorber les décharges littorales, surtout celles qui sont menacées par l’érosion du trait de côte ou l’évolution des usages de la côte et de la pression urbaine. Parmi ces 55 sites identifiés – dont le premier est en cours de résorption à Fouras dans l’Aunis (17), 21 se trouvent dans les cinq départements de la Bretagne historique.
Sur la liste diffusée par le gouvernement, les Côtes d’Armor se taillent la part du lion avec 13 décharges, dont 1 à Erquy, deux à Hillion, trois à Saint-Jacut de la Mer, les autres à Lancieux, Paimpol, Frehel, Ploubezre, Pouldouran, Saint-Brieuc et Treguier. Il y en a cinq dans le Finistère, au Faou, Penmarc’h, Plougloulm, Plouneour-Trez et Pont l’Abbé. Une en Ille-et-Vilaine – au Duguen à Cancale. Deux en Loire-Atlantique, à Trignac et Saint-Brévin les Pins. Trois enfin dans le Morbihan, à Gâvres, Theix et Vannes.
Le recensement a été fait de 2019 à 2022 par le CEREMA, qui s’est notamment appuyé sur les communes, des sondages géologiques, mais aussi des interviews de riverains, d’habitants âgés, et des recherches bibliographiques dans la presse locale notamment, pour remonter la mémoire de sites enfouis au sens littéral du terme.
Les Côtes d’Armor, record national des décharges littorales recensées
Il y a cependant encore du travail, car les sites qui font l’objet de travaux de résorption – où les déchets vont être excavés, retirés, retraités et le site rendu à l’état naturel ou réhabilité d’ici 10 ans – ne sont que les sites les plus menacés par l’érosion, situés en limite de côte ou à 100 m du trait de côte. Il faudra probablement un second plan, comme l’explique le site spécialisé Les Déchéticiens :
« Le premier inventaire publié en février 2022 faisait état de 55 anciennes décharges littorales. Le second publié en juillet 2022 faisait état de 67 unités. Le 3e de février 2023 en dénombrait désormais 91. Sur ces 67 anciennes décharges, les Côtes-d’Armor arrivent en tête avec 19,4 % des anciennes décharges inventoriées (13 unités). Ensuite, la Seine-Maritime et le Finistère se partagent la 2e et 3e place avec 11,9 % des décharges inventoriées (8 unités). Le Finistère a donc moins de décharges littorales recensé alors qu’il possède un trait de côte plus important que son département voisin ».
Le site se focalise sur l’ancienne décharge de Tréguier, qui est un bon exemple – à la fois un site dont l’activité est peu connue, et pas du tout repérable au moment de l’inventaire : « l’ancienne décharge est impossible à détecter si l’on ne l’a pas connue ou si l’on n’a pas fait de recherches sur son sujet. Elle est située route de Sainte-Catherine.. L’endroit est bucolique, calme, joli diraient certains. Le terrain est garni d’arbres et arbustes de différentes espèces, des chênes, des bouleaux, des noisetiers… […] Pourtant sous ce paysage enchanteur, c’est un décor moins glamour qui sommeille. Par ailleurs, aucun panneau n’informe sur la présence d’une ancienne décharge ici.
L’ancienne décharge littorale de Tréguier a eu une activité qui a cessé en 1984 selon l’inventaire du BRGM. La date de début d’activité n’est pas connue selon ce même inventaire. La date de fin d’activité est pourtant erronée selon plusieurs sources. Des habitants de la commune rencontrés ont pu témoigner sur l’activité de cette ancienne décharge. Des habitants ont montré un article de journal qui était daté au crayon de bois d’« août 1991 ». Cet article évoque des habitants en colère contre le dépotoir où la municipalité et des habitants venaient brûler leurs déchets sur « le cratère ». Le site de l’IGN « remonter le temps » et sa rubrique « télécharger » permet de se rendre compte de l’état du terrain après 1984.
Différents habitants ont livré leurs récits de cette époque. Certains d’entre eux disent avoir connu cette décharge depuis les années 1970. L’outil « remonter le temps » de l’IGN laisse voir un terrain dégradé dès 1970 et toujours dégradé en 1979, ce qui laisse deviner une activité de plus de vingt ans minimum. Un habitant retraité raconte qu’il est intervenu plusieurs fois sur cette ancienne décharge, car il était pompier. Il y a connu des départs de feu. Mais à la fin, il explique que plus personne ne voulait y aller car « c’était dégueulasse ». Il se souvient aussi de l’époque où c’était un cheval avec une remorque qui emmenait les ordures sur le dépotoir, puis après est arrivé le camion motorisé ». Et depuis plusieurs décennies, à proximité immédiate de la décharge – voire dessus selon certains anciens – il y a un champ de maïs. Miam.
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo DR
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “Décharges littorales : 21 sites seront résorbés en Bretagne historique”
J’ai particulièrement connu le site de la » grève des courses » à Langueux jusqu’au milieu des années 60 ; effectivement il y avait des courses de chevaux organisées en belle saison ( à marée basse ) , ainsi qu’un stand de tir pour l’entraînement des trouffions de la caserne du 71ème RI de St Brieuc .
Endroit bucolique à souhait , un fond de grève avec des herbus et de petites mares propices à la traque d’anguilles , une falaise de terre argileuse où nichaient un grand nombre d’hirondelles dans de petits terriers : un lieu propice aux ébats du jeudi après midi , des pensionnaires que nous étions alors .
Fin des années 60 la ville de St Brieuc a décidé d’en faire le lieu de réception de toutes ses ordures , sans tri sélectif bien sûr , et ce triste dépotoir a été utilisé pendant 3 décennies ; des dizaines d’hectares ont été ainsi gagnés sur la mer avec remblais de terre associés qui ont servi d’assise à des constructions de bâtiments , notamment le refuge de la SPA .
Ce lieu est devenu une hideuse verrue , avec écoulements de » purins » consécutifs à tous ces entassements d’ordures non triées ; fermé depuis plus de 30 ans il n’en reste pas moins un chancre purulent , témoin des égarements des débuts de la société de consommation . Site devenu honteux que » l’agglo » de St Brieuc préfère garder dans l’ombre .
Les derniers bardots de Cesson ont été témoins de ce saccage écologique , remplacés depuis dans leurs pâtures par le béton pavillonnaire .
Que ce lieu soit remis dans son état originel ( pas de l’à peu près au moins cher ) serait un plus pour la ville de St Brieuc , mais elle risque de souffrir financièrement pour rattraper les erreurs de ses aînés !