Ouest-France : François-Xavier Lefranc devient président du directoire

Premier quotidien de France… Aujourd’hui à la peine, Ouest-France cherche la formule magique qui permettra de relancer le titre qui en a grand besoin vu la chute de ventes

Habituellement, dans les groupes de presse, des « gestionnaires » – recrutés à l’extérieur – accèdent aux postes de direction. Si bien que, souvent, ils ne connaissent rien au fonctionnement des journaux ; ils sont là pour réaliser des « économies », c’est-à-dire virer du personnel – c’est le cas du Midi libre en ce moment. Au quotidien Ouest-France, on procède différemment puisque c’est un pur produit de la maison qui devient président du directoire et directeur de la publication, à compter du 22 juin prochain. En effet, François-Xavier Lefranc y est entré comme secrétaire de rédaction en 1985. On le retrouve chef d’agence à Vire en 1991. Depuis il a franchi tous les échelons. Rédacteur en chef délégué de Dimanche Ouest-France (septembre 2003 à septembre 2008). Rédacteur en chef adjoint et directeur de l’information régionale et locale d’Ouest-France (septembre 2008 à août 2013). Rédacteur en chef adjoint, responsable des contenus d’Ouest-France (papier et numérique) de septembre 2013 à juin 2014. En juillet 2014, il devient rédacteur en chef d’Ouest-France. Il poursuit  son ascension en devenant membre du directoire en septembre 2020, puis directeur des rédactions du groupe Ouest-France en août 2022. Cela fait donc plus de 38 ans qu’il travaille à la plus grande gloire de l’ « Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste » (sic), l’association propriétaire du groupe.

Les gens lisent de moins en moins

Lefranc est condamné à ramer car la situation n’est pas brillante. En 2022, « le journal a dû faire face, pour la première fois, à un résultat d’exploitation négatif de 5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de plus de 320 millions » (Le Figaro Economie, samedi 22-dimanche 23 avril 2023). La cause avancée : la diminution de la publicité et une explosion des coûts de fabrication et de distribution. Pourtant, une explication n’est jamais produite : la chute des ventes. Un sujet tabou… Raison de plus pour consulter les chiffres de l’OJD-ACPM. La diffusion totale est de 781 033 exemplaires/jour en 2005. Elle tombe à 641 238 exemplaires/jour en 2021. Soit un recul de 139 795 exemplaires/jour. Bien sûr, les dirigeants d’Ouest-France vont s’empresser de désigner les responsables de cette dégringolade : la radio, la télévision et les réseaux sociaux. Mais on pourrait leur répliquer que si le contenu était plus intéressant, ils pourraient très certainement freiner cette chute. Mieux traiter l’information locale, souvent réduite à peu de chose, « travailler » les faits divers, la seule matière qui passionne vraiment les lecteurs, favoriser les enquêtes qui dérangent les notables, voilà quelques pistes susceptibles de donner une meilleure santé au journal. Bien entendu, tout cela exigerait d’avoir des journalistes qui soient de vrais localiers… pas de simples parachutés. « D’un quotidien régional, nous sommes devenus un grand média national et international », se félicite Lefranc (Le Figaro Economie, samedi 22-dimanche 23 avril 2023) ; ça n’a pas l’air de donner de grands résultats dans les ventes…

Dans sa nouvelle mission, François-Xavier Lefranc est chargé par le conseil de surveillance « de piloter le projet éditorial de Ouest-France dans le respect de son indépendance éditoriale et de ses valeurs éthiques ». Sur sa feuille de route, le développement de la diffusion papier et numérique « constituera la priorité opérationnelle ». Il reviendra au nouveau directoire de saisir « toutes les opportunités pour conforter le modèle économique de Ouest-France et développer les revenus d’abonnement et de publicité, dans tous les formats possibles » (Le Figaro Economie, samedi 22-dimanche 23 avril 2023). Nous souhaitons bien du plaisir à Lefranc !

Bernard Morvan

Illustration : DR
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4 réponses à “Ouest-France : François-Xavier Lefranc devient président du directoire”

  1. Paulo dit :

    A force de relayer la peur et la désinformation du gouvernement et de ses sbires la presse officielle perd de plus en plus de lecteurs. Ce n’est pas internet qui fait chuter les ventes de la presse, mais les médias indépendants qui leurs prennent de plus en plus de parts de marché. Au passage, Bravo à Breizh-info, qu’il faut soutenir coûte que coûte.

  2. ALREN dit :

    Souhaitons donc « Bon courage »à M. François-Xavier Lefranc chargé « de piloter le projet éditorial de Ouest-France dans le respect de son indépendance éditoriale et de ses valeurs éthiques ».
    Tout de suite les belles phrases qui suscitent d’emblée la méfiance. Quand on se présente avec des chartes de toutes sortes et une ligne éditoriale porteuse de « valeurs éthiques » on a compris que ce n’est pas le choix du lecteur qu’on privilégie. C’est typiquement le problème de Ouest-France et son côté éditorial « prêchi-prêcha » qui agace le lecteur. On ne s’abonne pas à un quotidien pour recevoir des sermons des nouveaux cléricaux, voire des nouveaux gourous de la Société. Je dirais même qu’on en crève de ça : bien pensance, conformisme, antiracisme, féminisme, wokisme, etc…. Nous les abonnés nous voulons surtout l’air frais de la liberté de pensée et surtout pas de leçons de morale svp. Or que nous impose donc ce quotidien en Bretagne ? Nous ne sommes plus Bretons mais des « gens de l’Ouest ». C’est, disons-le franchement, insultant, et les Directions ne s’en rendent même pas compte. On n’a rien contre nos amis Normands et Angevins (évitons le terme « Ligériens » mais eux aussi le droit d’exiger de leur journal d’être autre chose que d’être « à l’ouest ».

    « D’un quotidien régional, nous sommes devenus un grand média national et international », se félicite Lefranc (Le Figaro Economie).

    On en prend acte mais le problème ne réside-t-il pas justement dans cette confusion en faisant l’impasse sur les raisons qui motivent encore un lecteur à se réabonner. Pourquoi se réabonne-t-on ? D’abord c’est pour recevoir les nouvelles aux format papier, la formule numérique n’intéresse l’abonné qu’en complément à ce qu’il ne trouve pas sur le papier. C’ est assez souvent une personne d’un certain âge, habitant la campagne, qui se lève tôt et qui aime bien parcourir le journal de bonne-heure. Or pas de chance, les porteurs de journaux ne distribuent plus dans les hameaux isolés et l’alternative postale par le facteur fait que ces abonnés sont livrés tard le matin ou parfois l’après-midi. Ne comptez pas pour ce lecteur pour aller lire OF sur l’internet. Deux rubriques motivent des lecteurs à maintenir leur abonnement : Les nouvelles dans la commune, à défaut, la communauté de commune dont il dépend et les avis de décès. Paradoxalement, tout est fait par maladresse des Directions des rédactions locales de dégoûter leur correspondants locaux, par des exigences pratiques de « petits chef » qui font que plus personne ne veut exercer ce job sur le terrain. On pourrait en consacrer un très long article pour raconter la vie d’un correspondant or lorsque la vie dans la commune n’apparait plus dans le quotidien, celui n’a plus d’intérêt pour l’abonné. Alors mettre en avant la vocation internationale de Ouest-France est totalement à côté de la plaque.

    Petit détail technique qui compte : Vous avez remarqué le format du journal ? Très bien pour l’étaler ouvert sur la table cuisine (si elle est libre au moment de la lecture) mais les lecteurs peuvent préférer le fauteuil. Dans cette hypothèse, il est bien probable qu’à partir d’un certain âge, les lecteurs qui restent encore fidèles aient quelques difficultés à tenir ce journal à bout de bras le temps de parcours d’un article situé dans les pages intérieures. Et pour les malheureux tentés de le replier à l’envers, l’exercice est parfois périlleux. De ce point de vue, le format du concurrent breton semble mieux adapté.

  3. P.G. dit :

    Ouest-France n’est plus le journal agréable que j’ai connu dans les années 1950 à 1968. Il est devenu un journal gauchisant et servile comme l’était son ancêtre « Ouest-Eclair » condamné à disparaître pour collaboration avec l’occupant…

  4. Pitois dit :

    Bonjour Vous mentionnez le parcours interne de FXL mais vous omettez dans votre décryptage de relever que c’est un journaliste. Et il est bien rare dans le paysage de la PQR qu’un journaliste accède à la plus haute responsabilité d’une entreprise de presse. Ce n’était pas le profil de M. Echelard. Or à quoi pense un journaliste du matin au soir? A l’information et au lecteur qui va la découvrir.
    A ce titre cette nomination est plutot engageante pour l’avenir.
    Quand à l’allusion aux 500 journalistes répartis sur trois régions qui ne dérangeraient pas beaucoup les notables, je connais bon nombre d’élus et d’acteurs en responsabilité qui ne partagent, mais alors pas du tout, cette affirmation. 😃

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