Le 2 avril dernier à Auxerre, le portrait naturaliste et sensible d’un jeune paysan breton en costume traditionnel, oeuvre du peintre Jules Breton, a obtenu un résultat remarquable lors d’une vente aux enchères, triplant l’estimation initiale : 47 730 €. Daté de 1872 il a pour cadre une des ces innombrables processions qui se déroulent depuis des siècles en Bretagne, il s’agit ici du pardon de Kergoat sur la commune de Quéménéven dans le Finistère, entre Locronan et Châteaulin. Ce pardon, le dimanche suivant l’Assomption du 15 août, était un des événements religieux les plus célèbres de Bretagne.
Jules Breton (1827-1906) était originaire de Courrières dans le Pas de Calais, il fit son apprentissage à Gand et à Anvers, puis continua sa formation à Paris en suivant les cours d’Ingres et d’Horace Vernet.
De formation académique, peintre réaliste puis naturaliste il s’impose rapidement comme le peintre de la paysannerie à une époque, la seconde moitié du XIXe siècle, marquée par l’exode des campagnes vers les villes et l’industrialisation. Il peint hommes et femmes dans la quotidienneté de leurs travaux journaliers, cherchant à les idéaliser au travers d’un réalisme parfois moralisant. Il est loin des audaces de Gustave Courbet ou du réalisme poétique de Jean-François Millet. Son art répond alors aux goûts du public et des milieux académiques.
Consacré officiellement, membre de l’Académie des beaux arts, il obtint médailles, décorations et achats de l’état, commandeur de la légion d’honneur, il acquiert une renommée internationale, en particulier aux Etats Unis où il est toujours apprécié aujourd’hui et où ses tableaux paysans sur fond de crépuscule doré sont très recherchés.
Jules Breton découvre la Bretagne à Douarnenez en 1865, il y reviendra de nombreuses années durant l’été . Il y puisera l’inspiration de grands tableaux exposés au Salon de Paris comme un pardon de Kerlaz ( 1869) ou le plus célèbre le pardon de Kergoat auquel il assiste en 1890 et qu’il illustrera l’année suivante. Cette œuvre d’une panoramique composition a été montrée aux expositions universelles de Chicago en 1893 et Paris 1900. Mise en vente à New York en 1994, elle a été achetée par le musée de Beaux Arts de Quimper, où elle est exposée aujourd’hui, grâce à une souscription publique.
Elle représente une immense procession des fidèles venus des paroisses avoisinantes, Image d’une piété collective, « la procession des miracles », qui se déroule après les vêpres, est constituée de pèlerins vêtus de costumes régionaux, tenant un cierge, accompagnés des tambours et des porteurs de bannières, des pénitents pieds nus ou encore de jeunes femmes portant les statues de sainte Anne et de sainte Marguerite
Le Paysan breton au pardon de Kergoat offre une scène au cadrage nettement plus rapproché, sur un pèlerin dont on ressent toute la piété. Le peintre y déploie son style académique – qui lui impose, ainsi que par les mouvements réaliste et naturaliste ayant vu le jour dans cette seconde partie du XIXe siècle . De ce phénomène devait naître une attention toute particulière envers ces hommes et ces femmes à la vie ordinaire et difficile, sublimée par un artiste comme Jules Breton en quête du vrai.
François Cravic
Crédit photos : DR
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Une réponse à “Jules Breton, témoin du monde paysan et de la religiosité de la Bretagne”
Quel « coup de patte », quelle précision dans le trait, les nuances et transitions de couleurs aussi réaliste qu’une photo…Cà c’est de l’Art et non les fumisteries pondues par « L’Art Contemporain ».