Il y a 100 ans, l’affaire Seznec.

Le 25 mai 1923, Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère et Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, quittent Rennes de grand matin pour se rendre en voiture à Paris. Les deux amis vont y négocier un contrat de vente de voitures américaines, c’était le temps des grands trafics de l’après-guerre. Ensemble ils furent aperçus, une dernière fois, devant la gare d’Houdan, vers 22 h. Seznec revint seul à Morlaix. Quémeneur ne réapparut jamais.

Ainsi commença une affaire qui n’a cessé de remuer l’opinion depuis cent ans ; une affaire non encore close et, sans aucun doute, selon la plupart des observateurs, l’une des plus cruelles erreurs judicaires de ce siècle.

Pierre Quémeneur, qui est resté sur l’arrière pendant la Grande guerre, s’est enrichi en vendant au génie militaire des poteaux de mine pour ses milliers de kilomètres de tranchées, est devenu conseiller général du Finistère.

Guillaume Seznec, lui, tient une blanchisserie industrielle à Trémillau, à côté de Brest et a été enrôlé par l’Armée française pour laver le linge de régiments français. Lors de l’arrivée des américains, ceux-ci le débauchent, ses machines seront transportées par wagons réquisitionnés à Morlaix, dans une ancienne scierie. C’est ainsi qu’à la fin des hostilisés Seznec devient maître de scierie.

C’est dans l’intendance de l’Armée que les deux hommes deviennent amis. Guillaume Seznec est marié, sa femme s’appelle Marie-Jeanne, et il a quatre enfants. Autant il est grand et silencieux — « taiseux « disent les Bretons — autant Quémeneur est petit, volubile. Célibataire, le conseiller général a de grandes ambitions politiques. Il guigne le siège de député du Finistère aux prochaines élections. En attendant, il projette de vendre des automobiles aux Soviets qui sont boycottés par toutes les nations. La France n’a plus aucune relation diplomatique avec la Russie. Celle-ci manque cruellement de véhicules.

Quémeneur convainc son ami Seznec de s’associer avec lui. Il lui faut un prête-nom. Un conseiller général bien-pensant (catholique) ne peut pas commercer ouvertement avec les diables rouges. Et puis, il n’a pas l’argent nécessaire depuis qu’il a prêté une grosse somme à son beau-frère, le notaire Pouliquen, et le fisc lui réclame deux millions de francs-or pour « bénéfices exceptionnels de guerre ». Seznec a, lui, un joli paquet de dollars que Marie-Jeanne a gagné en blanchissant le linge de l’Armée américaine.

Quémeneur propose à Seznec de lui vendre le domaine qu’il possède près de Paimpol, Traou-Nez, contre ses dollars. C’est ainsi qu’ils signent tous les deux une promesse de vente et décident de partir pour Paris où Quémeneur a rendez-vous avec un mystérieux intermédiaire, un dénommé Gherdy dit Charly l’américain.

Les deux hommes quittent Rennes pour Paris, le 25 mai 1923. Le voyage va tourner au cauchemar. La Cadillac tombe en panne constamment. Seznec répare et met les mains dans le cambouis. Le soir, ils dînent, exténués, à Houdan, au restaurant Le Plat d’Etain. Quémeneur décide de prendre le train. Il craint de rater son rendez-vous et constate surtout que la Cadillac, qui doit servir d’échantillon pour un lot d’une centaine de voitures à venir, n’est plus présentable. Il conseille à Seznec de rentrer à Morlaix et de la faire réparer. Personne ne le reverra.

L’affaire commence à faire du bruit lorsque, au bout d’une quinzaine de jours, la famille Quémeneur s’étonne de ne plus avoir des nouvelles de Pierre. La presse évoque la disparition étrange de cet élu breton. Ce silence devient inquiétant. Seznec fait un aller-retour en chemin de fer pour retrouver sa trace à Paris. En vain. Le 13 juin 1923. Louis Quémeneur, le frère du conseiller, Me Pouliquen, son beau-frère, et Seznec se rendent à la brigade mobile de Rennes pour signaler un silence qui devient inquiétant. La police les rassure, sous-entendant qu’un célibataire de quarante quatre ans à Paris, il n’y a pas de quoi s’inquiéter…

Mais, lorsque le 20 juin, quatre semaines après la disparition de Quémeneur, un employé de la gare du Havre découvre, dans la salle d’attente des voyageurs, une valise abandonnée, celle de Quémeneur, l’inquiétude est à son comble. Dans la valise, la police trouve, outre les affaires personnelles,, un exemplaire d’une convention dactylographiée par laquelle il s’engage à vendre à Seznec sa propriété de Traou-Nez. Seznec est interrogé par la police. Pas n’importe laquelle. Le dossier qui aurait dû revenir à la police judicaire de Rennes est confié à la Sûreté générale, surnommée la « Secrète ». L’enquête, conduite par le commissaire Vidal, est confiée à un jeune policier aux dents longues, l’inspecteur principal Pierre Bonny, qui enquête déjà dans le milieu des trafiquants des stocks américains.

Seznec conduit les policiers sur les lieux où il dit avoir déposé Quémeneur le soir du 25 mai 1923, à la gare de Houdan. Tout sera minutieusement vérifié.

La Sûreté mobilise la troupe, fait sonder les étangs et réquisitionne tous les maîtres-chiens de la région : aucun cadavre, pas d’aveu, aucune preuve, pas de témoins ! Pour la police, Seznec est surtout l’homme qui a vu Quémeneur pour la dernière fois.

L’enquête est totalement orientée et n’a de cesse de transformer ce témoin principal en coupable. Les témoins ayant vu Quémeneur vivant après sa mort supposée sont soit écartés, soit discrédités soit, plus grave encore, complètement escamotés.

On découvrira, malheureusement beaucoup plus tard, le rôle néfaste de l’inspecteur Bonny. Mais en 1923, il est secrétaire-greffier du commissaire Vidal. Il a carte blanche : la pince à greffe, par exemple, qui sert à authentifier les actes ou les saisis, n’est maniée que par lui. En l’occurrence, la fameuse promesse de vente de l’Affaire Seznec est « enregistrée » par Bonny. Sa doctrine — nous l’apprendrons plus tard par son fils — est que l’enquête peut n’importe quoi, pourvu qu’elle étaye la culpabilité. L’opinion ou les journalistes il est aisé de les manipuler. La justice de l’époque a tellement confiance dans sa police qu’elle n’imagine pas que celle-ci puisse truquer des preuves.

Seznec persiste à ne pas avouer « son » crime. La Sûreté diffuse largement une photo anthropométrique très défavorable à l’accusé. On lui fabrique une « sale gueule ». C’est sur cette photo que certains témoins « reconnaîtront » Seznec. Le commissaire Vidal envisage de relâcher Seznec, mais la Sûreté générale — après plusieurs perquisitions dans la maison des Seznec — y « découvre » soudain, le 6 juillet 1923, la machine à écrire qui aurait servi à dactylographier la promesse de vente !

Plusieurs témoins attesteront que jamais Seznec n’a eu entre les mains cette machine à écrire, la police en trouve d’autres au Havre qui croient reconnaître en Seznec l’homme qui l’a achetée. C’est ainsi que se nourrit le dossier contre Seznec.

Restent cachés les rapports de la Sûreté générale attestant l’existence du dénommé Gherdy avec lequel, selon Seznec, Quémeneur avait rendez-vous à Paris, et les procès-verbaux d’audition de ce même Gherdy, qui risquaient de conforter les déclarations de Seznec. Au terme de l’instruction, l’acte d’accusation affirme que nulle trace n’avait été retrouvée de ce prétendu interlocuteur, « pure création de l’imagination de Seznec ». La malchance de Seznec fut que l’illustre avocat qu’il avait désigné, Vincent de Moro-Giafferi, entre au Gouvernement quelques semaines avant ce procès qui s’annonce pourtant comme le plus important de l’entre-deux-guerres. Moro-Giafferi, qui ne veut pas être remplacé, délègue l’un de ses jeunes collaborateurs, Me Marcel Kahn, qui apporte sa bonne volonté, son ardeur, mais n’a aucune expérience en matière de procès d’assises. Implacablement accusé, Seznec est privé du défenseur qu’il a choisi.

Au cours des onze jours de procès, il ne manque plus à l’audience des Assises de Quimper que le concours des malchances ordinaires qui portent les jurés à la condamnation : un « mauvais accusé «, agressif et déplaisant, des témoins à décharge absents, démolis, compromis ou maladroits, une défense qui ne fait pas de miracles…Où 80 % de ceux qui sont appelés à la barre, sont policiers…

L’acte d’accusation restera longtemps comme un chef d’œuvre de l’absurdité : s’il n’y a aucune preuve, aucun indice, aucun aveu. C’est-à-dire sans rien. On ne sait pas où, on ne sait pas comment – même pas l’arme du « crime » — aucun témoin et, surtout, pas de cadavre. Malgré tout, on a une conviction « acquise dès la première heure », que c’est Seznec. Pourtant, s’il échappe à la guillotine, c’est peut-être précisément un miracle. Grâce à un premier verdict absurde : Seznec aurait commis un guet-apens… sans préméditation ! Les douze hommes sont donc obligés de délibérer à nouveau : il est reconnu coupable d’assassinat sans préméditation et de faux en écriture,. Il est condamné, à une seule voix de majorité, aux travaux forcés à perpétuité. Seznec envoyé au bagne, en Guyane, pour un crime sans cadavre !

Guillaume Seznec ne part tout de suite au bagne car, en haut Lieu, on se pose des questions. Notamment sur l’existence de Gherdy. Des journalistes ont retrouvé ce personnage prétendument inventé par Seznec. Le quotidien Le Journal du 8 avril 1926 place même sa photo en Une. Puis certaines anomalies de l’enquête sont découvertes, déclenchant une information supplémentaire de la part du ministère de la Justice. Mais qui nomme-t-on pour enquêter sur les agissements suspects d’un certain commissaire Jean Cunat, dans l’enquête? L’inspecteur André Cunat… son propre fils ! C’est si grotesque que la presse et l’opinion publique commencent à se poser des questions. La puissante Ligue des droits de l’homme entre dans la danse… Malgré tout et après deux longs séjours dans la forteresse de l’île de Ré – où les conditions de détention sont terribles pour les forçats —Guillaume Seznec quitte la France le 7 avril 1927 avec huit de ses compagnons d’infortune. Marie-Jeanne, prévenue au dernier moment, n’a ni le temps ni les moyens de venir lui dire adieu.

Ils ne se reverront jamais.

Tous les biens des Seznec sont saisis.

Les quatre enfants sont placés dans des orphelinats sous de faux noms. Marie-Jeanne, mise à la rue, est obligée de monter à Paris et de travailler comme domestique. Elle écrit requête sur requête aux différents ministres de la Justice et tente d’alerter la presse. Tout semble perdu.

En 1930, la fille aînée de Seznec, Marie, qui veut le rejoindre en allant soigner les lépreux en Guyane, meurt à l’âge de vingt ans. L’année suivante, Marie-Jeanne décède à l’âge de quarante-cinq ans. La presse lui rend un vibrant hommage. Guillaume Seznec, est interné à l’île Saint Joseph — l’île du silence — car il avait tenté de s’évader pour aller la retrouver. Mais on ne s’échappe pas de ces trois îles — le bagne du bagne — les requins, en outre, sont les gardiens les plus efficaces.

La raison d’Etat avait besoin d’un coupable.

Cependant, en France, la campagne en sa faveur s’amplifie. Des milliers de personnes manifestent un peu partout pour tenter d’obtenir la révision de son procès. Un juge, le juge Hervé, qui a participé à l’enquête, s’aperçoit que l’on a caché des faits favorables. Selon lui, la Raison d’Etat avait besoin d’un coupable afin d’étouffer une enquête risquant de déboucher sur le trafic de véhicules des stocks américains. Le magistrat dénonce ainsi la machination politique et policière qui a broyé Seznec.

En 1933, on propose sa grâce à Seznec qui la refuse, déclarant « il n’y a que les coupables qui demandent pardon ». Le 18 février 1934 — fait unique dans les annales judiciaires — six des jurés réclament la révision du procès. Le président des assises, Dollin du Fresnel, fait part lui aussi de ses remords.

Puis, en 1934, Bonny — qui a été sacré « meilleur policier de France » grâce à son rôle dans l’Affaire Seznec — est viré de la police pour avoir falsifié des preuves dans les affaires Prince et Stavisky. Il est accusé, entre autres, d’avoir fait disparaître les talons de chèque impliquant de nombreux hommes politiques compromis avec Stavisky, le célèbre escroc, et il est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat du magistrat-instructeur.

Bonny est jeté en prison. Il en sort au bout de sept jours, non s’en avoir menacé publiquement de faire des révélations : « Si on continue de m’emm… je dis tout sur l’Affaire Seznec ! ». Il est chassé de la police. En 1936, il avoue à son ancien capitaine de la guerre 14-18 « avoir déposé, sur ordre, la machine à écrire chez Seznec, là où on la « découverte ». A la Libération, Bonny sera fusillé pour avoir été l’un des principaux agents de la Gestapo. Auparavant il confesse au très officiel Docteur Paul qu’il s’est trompé de bonne foi, que Seznec est au bagne, qu’il est innocent.

En 1946, de Gaulle gracie Seznec. Il revient en France le 1er juillet 1947, accueilli en héros par des milliers de personnes. il continue inlassablement à réclamer la révision de son procès.

Jeanne Seznec, sa fille cadette, chez qui il vit, entouré de ses quatre petits-enfants, (Il sera le parrain de Denis) va connaître un autre drame. Son mari– l’un des témoins de survie de Quémeneur qu’elle a connu lors de meetings en faveur de son père – est abattu de deux balles de revolver. Elle s’accusera – arguant de la légitime défense – mais son acquittement sera unanimement prononcé en quelques minutes par la cour d’assisses de Quimper.

Cette même Cour qui avait condamné son père vingt deux ans auparavant. En 1951, André Cayatte, l’un des avocats de Seznec pendant sa réclusion aux îles du Diable, devenu cinéaste, se voit interdire de tourner un film sur l’Affaire, visant à démontrer l’innocence de Seznec.

Le 14 novembre 1953 Seznec est renversé avenue des Gobelins, à Paris, par une camionnette qui prend la fuite. Pendant son coma des fouilles gigantesques, devant des milliers de personnes, sont organisés à Traou-Nez par la presse et la police. Il meurt, après trois mois de coma, le 13 février 1954. Pas un jour, Seznec n’aura cessé de crier son innocence. Une plainte pour assassinat est déposée par un jeune avocat de vingt-sept ans, Robert Badinter.

De nombreux rebondissements vont avoir lieu après sa mort, qui corroborent pleinement la thèse d’une machination.

Le 23 juin 1989, la loi dite « Seznec » est votée à l’unanimité du Parlement. Elle permet, en améliorant la recevabilité des faits nouveaux, de réviser un procès d’assises. Laurent Fabius (Président de l’Assemblée nationale) déclare : « Je ne sais pas quelle est la vérité sur l’Affaire Seznec. Ce que je sais, c’est qu’entre les deux postulats qui doivent tracer le chemin de la Justice – d’un côté il faut une stabilité des situations juridiques, de l’autre on ne peut pas admettre que durablement l’erreur l’emporte sur la vérité – qu’entre ces deux exigences-là c’est la seconde qui doit prévaloir. Si doute il y a, il doit être favorable au condamné. Cela veut dire que, dès lors qu’il y a doute, étayé en raison, j’estime que l’esprit de la loi doit l’emporter. En disant cela je ne veux pas me mêler de ce qui concerne l’autorité judiciaire, mais je préside une assemblée où l’on fabrique la loi. La loi doit être bonne en elle-même et dans son application. Les législateurs que nous sommes ne peuvent pas se désintéresser du suivi de l’application de la loi. Pas d’interférence avec le pouvoir judiciaire – indépendant, respecté – mais en même temps pas d’indifférence à l’application de la loi, faute de quoi nous n’aurions fait qu’une partie de notre travail »

Des faits nouveaux il y en aura. Parmi ceux-ci :

-Mlle Héraval, la vendeuse de la machine à écrire, révèle publiquement avoir fait un faux témoignage, à l’époque, en accusant Seznec d’être l’acheteur de la fameuse machine ! C’était, précise-t-elle, à la demande de l’inspecteur Bonny.

-Le 5 septembre 1996, trois photos et un procès-verbal de gendarmerie – concernant la découverte d’un crâne que l’on avait escamoté et innocente Seznec – sont découverts, cachés, par le fils du commandant de l’escouade de gendarmerie. Le procureur général près la Cour tente d’étouffer cette velléité de révision en déclarant officiellement, le 17 janvier 1997, que « malheureusement l’ensemble du dossier criminel de Seznec a été détruit lors de l’incendie du Parlement de Bretagne ». En réalité, tout le dossier était, depuis 1976, à la Chambre criminelle de Paris, aux mains de la Commission de révision.

-Le 1er novembre 1998, Collette Noll, ancienne déportée et internée de la Résistance, reconnaît en Gherdy, témoin-clé dans l’Affaire Seznec, l’agent double de la Gestapo qui a donné tout son réseau pendant la Seconde guerre mondiale. La Commission de révision de 1996 reconnaît enfin l’existence de Gherdy, niée en 1923 par la police. La Justice la qualifiant comme « un fait nouveau incontestable » mais malheureusement insuffisant, à ses yeux, pour déclencher la révision. Pourtant ce témoignage établssait que l’inspecteur Bonny et Gherdy ont collaboré main dans la main.

Le 27 janvier 2001, la ministre de la Justice, Marylise Lebranchu déclare : « Il faut rouvrir le procès de Guillaume Seznec. La magistrature doit reconnaître ses erreurs. Non pas comme des fautes mais comme des erreurs dues à des circonstances ou à la façon dont a été monté un dossier. » Trois mois plus tard, la réponse tombe : la demande de révision est déposée au nom du ministère de la Justice.

Le 11avril 2005, la Commission de révision reconnaît l’existence du fameux Gherdy et le rôle trouble de l’inspecteur Bonny. Elle vote un avis favorable à la révision. La Chambre criminelle se transforme alors en cour de révision. Une décision unanimement saluée par l’opinion publique et une presse française et étrangère qui souligne ce moment historique.

Le 5 octobre 2006, les trente-trois magistrats de la Cour de révision entendent l’avocat général près la Cour de cassation déclarer qu’il a la conviction absolue de l’innocence de Seznec.

Et que les magistrats « sont historiquement en présence d’un grand devoir », celui de le réhabiliter. L’Institut scientifique de criminologie de la gendarmerie nationale va dénoncer les faux fabriqués par la Sûreté. Les hauts magistrats sont appelés à « décharger la mémoire du mort ».

Mais le 14 décembre 2006, la Cour de révision – à une courte majorité – rejette tous les faits nouveaux présentés par la Chancellerie, les considérant comme « trop anciens », « rapportés », « indirects » ou « dépourvus de pertinence ».

Désapprobation unanime de l’opinion publique et de la presse qui constatent que la Justice est incapable de revenir sur la « chose jugée », même lorsque le Droit lui en ouvre la voie.

L’Affaire Seznec a couvert tout le XX° siècle. Mais les archives américaines (FBI) et soviétiques commencent à parler, Quémeneur et Seznec auraient été que les victimes d’un immense trafic de Cadillac.

La Raison d’état se fiche de tout, surtout d’une justice qui veut restée aveugle… A suivre ?

Crédit photo : DR

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12 réponses à “Il y a 100 ans, l’affaire Seznec.”

  1. Lilien dit :

    Merci pour ce résumé de l’affaire très bien fait !!! Curieusement non signé… À suivre ? ;-)

  2. sutter dit :

    Excellent résumé de toute cette affaire qui a fait de nombreux malheureux…
    l aveuglement de la justice  » qui refuse de se contredire »
    Certains mauvais coucheurs pensent encore à la culpabilité de cette homme malgré tous les vices de procédures dans cette enquête à charge..

  3. « Mais les archives américaines (FBI) et soviétiques commencent à parler, Quémeneur et Seznec auraient été que les victimes d’un immense trafic de Cadillac. »
    Vérifiez donc vos infos avant d’écrire n’importe quoi.
    Je vous suggère de lire avec attention :
    http://seznecinvestigation.over-blog.com/personne-ne-peut-nous-prouver-que-leon-turrou-etait-bien-en-france-en-mai-1923

  4. Gaï de ROPRAZ dit :

    Effectivenent, pour une fois, voici un article bien commenté et curieusement non signé. Et comme il est dit plus haut, durant toutes ces années d’occultation de vérité, sans aucune preuve, aucun indice, aucun aveu, la honte planait sur la France. Et à mon sens, elle plane encore … Quant à ce qui se réfère de l’impartialité de la Justice de notre pays, autant rappeller qu’elle est toujours aussi incapable de revenir sur la « chose jugée ». Et autant en ce qui concerne « le doute » qui devrait être favorable au condamné, puisqu’il n’est pas toujours pris en considération. Précisément puisque « la Justice », et autant la Cour des Revisions, ainsi que tout ce petit monde legislatif qui grapille autour, par tous les moyens possibles, évitent d’avoir leur nez tremper dans leur propre merde.

  5. Jourdan dit :

    Il est tout à fait clair que cette affaire a été mal jugée.

  6. Adrien Matelot dit :

    Très bon commentaire de cette sombre affaire. Il est clair qu’il y avait dans la Police, la Justice et l’Etat, un grand nombre de pourris qui, pour arriver à leurs fins, n’ont pas hésité à falsifier, dissimuler, fabriquer des preuves et désigner des coupables. Aujourd’hui, des corrompus évoluent toujours au sein des Administrations et des instances gouvernementales. S’il ne s’agit pas d’homicide comme dans l’affaire Seznec, les magouilles et compromissions en tous genres déshonorent les institutions. Trop souvent, dans la République des copains, des personnalités impliquées dans des affaires de gros sous ou de prises illégales d’intérêts (on ne nommera personne) sont immédiatement blanchies et la confiance de l’Etat leur est renouvelée. La Justice n’a pas alors à se contredire quand elle ne s’exerce pas. Passez votre chemin, Mesdames et Messieurs, il n’y a rien à voir !

  7. Bonjour
    J’ai mis un lien de mon site affaire-seznec.com vers ce communiqué de Denis Seznec.
    Avec les découvertes faites ces dernières années dans les archives étrangères notamment du FBI et du fonds Hoover conservées à l’université de Stanford en Californie, nous comprenons beaucoup mieux toute l’affaire Seznec. Il n’y a aujourd’hui, d’un point de vue historique, aucun doute sur l’innocence de Guillaume Seznec. En 1924, la justice a décidé qu’il était coupable sur la base d’une construction intellectuelle hasardeuse. Il est quasiment impossible de revenir sur la chose jugée puisqu’il faudrait prouver que Seznec n’a pas tué, ce qui revient à prouver son innocence. L’affaire Seznec restera pour l’éternité le symbole de l’erreur judiciaire.

  8. Genevieve Kilburg dit :

    Bien dit ! En effet, le justice ne veut pas avoir tord, et peu importe les dégâts qui suivent, c’est une honte !
    Sans oublier que tous ceux qui sont de la partie se serrent les coudes pour ne pas tomber, la justice est finalement le territoire d’une fumisterie, et d’un spectacle permanent et impitoyable qui détruit surtout les petites gens sans moyens financiers – c’est plus facile puisqu’ils ne peuvent rien faire – résultat : moins on a affaire à la justice, mieux ça vaut ! de plus, les lois sont inutiles puisque non appliquées, et c’est de la faute à qui ?

  9. Pierre Quémeneur dit :

    Du grand n’importe quoi comme d’habitude. Vous reprenez au mot près les théories fumeuses développés par les soutiens de Seznec depuis sa condamnation par un jury populaire breton pour avoir assassiné un autre breton dont la famille est salie sans aucune preuve depuis presqu’un siècle. Documentez-vous un peu, ça évitera de défendre inutilement un assassin.

  10. Christophe dit :

    La question est de savoir si Quéméneur est vraiment mort en 1923 ou s’il a fuit car il y a des témoins de sa survie.
    L’affaire commence-t-elle vraiment en 1923 ou est-elle la suite de l’Affaire Cadiou, dans le contexte du scandale des poudres et des explosions des cuirassiers Iéna en 1907 et Liberté en 1911: qui a les mêmes protagonistes, le même scénario: l’ingénieur Pierre étant alors l’accusé et étrangement un juge: Léon Louis Joly, pourtant extérieur à la Bretagne intervient dans les deux affaires en transmettant l’audition de témoin clef: dans l’affaire Cadiou, alors qu’il est juge à Clermont dans l’Oise et dans l’affaire Seznec, alors juge au Havre, en Normandie: nous aurions alors l’affaire Cadiou-Pierre-Quéméneur-Seznec.
    Cette affaire serait l’équivalent de l’affaire Dreyfus (liée au canon de 75), mais pour la poudre B sans fumée, sabotée intentionnellement par les allemands, à l’origine de l’usine de la grande Palud à Landerneau.

    • Quelle méconnaissance de l’Histoire avec un grand H.
      L’affaire Seznec est juste un petit crime provincial qui a été monté en épingle.
      L’affaire Dreyfus, c’est toute autre chose.
      Allez donc lire le remarquable livre de Me Jean-Denis Bredin sur l’affaire Dreyfus.
      Quant à Pierre Quemeneur bootlegger au Canada avec Charles Pasqua comme gendre…
      Je me tiens les côtes de rire, si, si…

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