L’actuel gouvernement de Catalogne ne renonce pas à ce que la question d’un autre référendum sur l’indépendance soit de nouveau mise sur la table. Mais doit faire face à diverses oppositions…
La Catalogue veut un autre référendum sur l’indépendance
Le président de la Generalitat (communauté autonome) de Catalogne, Pere Aragonès (ERC, « Esquerra republicana de Catalunya », parti indépendantiste), s’était fixé comme objectif de préparer pour 2023 sa proposition d’ « accord de clarté », c’est-à-dire les règles et les conditions qu’il souhaite convenir avec le gouvernement central de Madrid pour la tenue éventuelle, dans le futur, d’un référendum sur l’indépendance.
Bien que le gouvernement de Pedro Sánchez refuse catégoriquement de négocier sur cette question et que le Parlement ait voté contre l’initiative, Pere Aragonès maintient son idée et a expliqué le mardi 11 avril dernier les prochaines étapes, qui comprennent une commission d’experts et trois processus participatifs : un avec les partis, un autre avec les entités et un troisième avec les citoyens.
En Catalogne, comme l’a rapporté le 11 avril le quotidien espagnol El País (réputé hostile à une éventuelle indépendance catalane), il est prévu qu’après l’été, 100 habitants tirés au sort dans chacune des huit vigueries catalanes (délimitations territoriales établies par la Generalitat, qui ne coïncident pas avec les frontières provinciales) participent à des groupes de débat, qui complèteront le travail avec une table ronde de partis politiques et d’autres entités.
Le résultat final sera présenté au gouvernement central à la fin de cette année ou au début de 2024. « Notre volonté ne s’arrête pas en fonction de qui se trouve à La Moncloa [siège du gouvernement espagnol, NDLR] », a déclaré le président de la Generalitat de Catalogne au sujet d’un éventuel changement de couleur politique au sein du gouvernement central espagnol après les élections générales censées avoir lieu avant la fin de cette année 2023.
Carles Puigdemont en désaccord sur la méthode
Mais le gouvernement catalan doit également composer avec des voix discordantes parmi les partisans de l’indépendance. À ce sujet, Pere Aragonès a tenté de dissiper les doutes concernant le rejet de la proposition qu’il a lui-même lancée en septembre, lors du débat de politique générale au Parlement, par une partie du camp indépendantiste. « Si quelqu’un pense que ce n’est pas la solution, qu’il dise quelle est la sienne. Je suis ouvert aux alternatives », a-t-il déclaré, dans une référence à peine voilée à Junts per Catalunya (présidé par Carles Puigdemont de 2020 à 2022) et à la CUP (Candidature d’unité populaire, formation politique classée très à gauche), qui continuent d’insister sur la voie de la rupture unilatérale pour parvenir à l’indépendance de la Catalogne, mais sans donner davantage de précisions sur la marche à suivre…
Carles Puigdemont a par ailleurs critiqué sur Twitter le 11 avril la proposition de son successeur à la tête de la Généralité de Catalogne. « La proposition d’accord de clarté a été rejetée par le Parlement. Il est incontestable qu’elle ne recueille pas le consensus nécessaire. Les propositions de référendum convenues avec l’Espagne ont été rejetées à chaque fois qu’elles ont été présentées », a-t-il écrit.
Et d’ajouter : « N’ayant pas le pouvoir d’investir le président du gouvernement espagnol, il n’y avait aucune possibilité d’accord. La loi référendaire et la déclaration d’indépendance, en revanche, ont été approuvées à la majorité absolue. Mais ce qui est rejeté continue d’être promu et ce qui est approuvé continue d’être ignoré ». En clair, pour Carles Puigdemont, « ceux qui ont accepté le cadre de l’indépendance constitutionnelle n’ont pas une légitimité suffisante pour défaire le chemin collectif et entraîner tout le reste dans une dérive qui peut apporter des avantages personnels et de parti, mais aucun pour la Catalogne et les Catalans ».
La proposta d’acord de claredat va ser rebutjada pel Parlament. És indiscutible que no té el consens necessari.
Les propostes de referèndum acordat amb Espanya han estat rebutjades cada vegada que s’han plantejat. Ni disposant del poder per investir president de Govern espanyol…
— krls.eth / Carles Puigdemont (@KRLS) April 11, 2023
Madrid : « pas de référendum d’autodétermination » avec Sánchez
Malgré ces divergences stratégiques parmi les formations politiques catalanes favorables à l’indépendance, Pere Aragonès s’appuie sur les dernières données du baromètre du Centro d’Estudis d’Opinió (Centre d’études d’opinion de Catalogne) pour justifier son soutien au référendum convenu : le soutien à cette consultation atteint 77 %, et même parmi les opposants à l’indépendance, il est proche de 60 %. Parmi les électeurs du PSC (Parti des Socialistes de Catalogne), l’idée de cette consultation est approuvée par 71 % des personnes interrogées.
Le président de la communauté autonome estime que cette réalité sociologique faciliterait la mise en œuvre de l’« accord de clarté » proposé au gouvernement espagnol, un modèle inspiré du droit canadien qui, en 2000, à la suite d’une décision de la Cour suprême, a établi les conditions dans lesquelles le gouvernement canadien pouvait autoriser un vote d’indépendance dans la province de Québec. Toutefois, Pere Aragonès a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas de transposer des modèles, mais d’en créer un.
Par ailleurs, des sources au sein du cabinet de la présidence Catalogne ont expliqué que l’objectif est qu’un organe « indépendant » supervise la dimension « technique » et structurée qui doit être de mise sur l’ensemble du processus de dialogue entre Barcelone et Madrid.
Un dialogue qui, du côté du gouvernement central, n’est pas à l’ordre du jour : dès le 12 avril, le ministre espagnol des Finances María Jesús Montero affirmait : « Le gouvernement catalan en est parfaitement conscient. Avec le président Sánchez, il n’y aura pas de référendum d’autodétermination en Catalogne ». En ajoutant que la proposition de Pere Aragonès était « contraire à la Constitution » et n’avait « aucun soutien ». Autant dire que l’actuel exécutif catalan dispose d’une marge de manœuvre assez fine…
Le Vlaams Belang, un trop rare soutien sur la scène européenne
On pourra également retenir en conclusion le soutien reçu par la Généralité de Catalogne de la part des nationalistes flamands du Vlaams Belang. Ce dernier est l’une des très rares formations politiques européennes de premier plan à prendre clairement la défense des nations sans état sur le Vieux continent.
Comme l’a rappelé le député Ellen Samyn, « pour le Vlaams Belang, chaque peuple, y compris les Catalans, doit pouvoir exprimer directement son opinion sur les questions fondamentales qui touchent à son avenir dans le cadre d’un plébiscite. La Flandre doit également défendre la démocratie ailleurs. »
Le VB rafraîchit également les mémoires : « En octobre 2017, une nette majorité de Catalans a opté pour l’indépendance, malgré la terreur d’État, le chantage économique et même l’emprisonnement politique. De plus, avec un taux de participation de plus de 80 %, le scrutin ne pouvait pas être considéré comme non représentatif ». De plus, le Vlaams Belang, qui « n’a cessé de dénoncer le silence de la Commission européenne et du gouvernement belge sur la question », considère que « l’opposition aux référendums découle de la peur de l’opinion du peuple ».
Enfin, le parti nationaliste flamand dresse un parallèle avec la situation belge : « La Catalogne est l’une des régions les plus riches et les plus peuplées d’Espagne. La région contribue financièrement à l’État espagnol plus qu’elle ne reçoit en retour. Une situation qui semble très familière à la Flandre. »
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Catalogne. Un nouveau référendum sur l’indépendance en 2024 ?”
Les européiste ont évidemment très peur d’une autonomie Catalane, on a vu toutes les entraves de Bruxelles lors du premier référendum et son soutient total au gouvernement espagnol avec des menaces quasi martiales envers Barcelone. Toute indépendance régionale ou nationale est un affront pour UVDL et ses acolytes.
Je crois, que suite à la défaite de l’Espagne à Cuba, beaucoup de catalans ont perdu de biens.
L’Espagne a alors accordé à la catalogne des avantages fiscaux, ce qui explique la richesse de la Catalogne.
Elle peut dire merci à l’Espagne…
CHUT !