Curieux parcours que celui de ce professeur de criminologie de l’université d’État de Floride, aux États-Unis, qui a soudainement quitté son poste après avoir été accusé de falsification de données au cours de ses 16 années de service, affirmant notamment que le racisme était bien plus répandu qu’il ne l’est en réalité.
États-Unis : un universitaire accusé de falsification
Eric Stewart, professeur de criminologie à l’université d’État de Floride, a quitté son poste soudainement à la mi-mars 2023 au terme d’une enquête de plusieurs années sur sa fraude académique présumée. Six travaux de recherche de ce professeur ont été rétractés au cours de l’enquête, après accusation de falsification des données visant à exagérer la prévalence du racisme dans la société américaine. Si les première accusations datent de 2006, c’est la réunion d’une commission en 2020 pour lancer une enquête sur ses fautes professionnelles qui a visiblement précipité les choses.
Dans un article, Eric Stewart, qui gagnait 190 000 dollars par an à la « Florida State University » (un poste occupé durant 16 ans aux frais des contribuables de Floride), a faussement prétendu qu’il existait une corrélation entre l’origine ethnique d’un criminel et le désir du public de voir des peines de prison plus sévères pour ce criminel si celui-ci était afro-américain ou « latino ». L’enquête remettant en cause les affirmations du professeur a révélé qu’il n’y avait pas de corrélation et que la taille de l’échantillon avait été augmentée (1 184 répondants, alors qu’il n’y en avait en réalité que 500) pour obtenir le résultat souhaité par Eric Stewart.
Les premiers soupçons concernant ce dernier ont été émis par un autre professeur, Justin Pickett, lequel enseigne la criminologie à l’université d’Albany (université de l’État de New York) et a cosigné un article avec Eric Stewart en 2011. Au journal Florida Standard, Justin Pickett a déclaré qu’il y avait « une énorme incitation financière à falsifier les données et il n’y a pas de responsabilité. Si vous le faites, la probabilité que vous vous fassiez prendre est très, très faible », indiquant que le problème de la manipulation des données était très répandu dans le monde universitaire.
« Attiser le ressentiment racial »
Titulaire d’un doctorat en sociologie de l’université d’État de l’Iowa, Eric Stewart a donc, comme l’a relevé le New York Post, « falsifié des données dans le seul but d’attiser le ressentiment racial ». Pour le quotidien américain, « outre l’horreur morale de son crime présumé, […] il s’agit d’une trahison totale de la mission des universités ».
Ce scandale touchant le monde universitaire ne serait toutefois pas un cas isolé aux États-Unis. La même source indique qu’un certain Marc Tessier-Lavigne, neuroscientifique et actuel président de l’université Stanford, « fait l’objet d’une enquête pour avoir publié des articles contenant des images manipulées ». Par ailleurs, toujours selon le New York Post, en février dernier, quatre anciens cancérologues de Harvard ont vu un article publié dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences rétracté en raison d’une apparente manipulation de données.
D’autre part, l’ancien biologiste de l’université Yale (dans le Connecticut), Carlo Spirli, a été identifié ce mois-ci par l’Office of Research Integrity (« Bureau de l’intégrité de la recherche »), un organisme fédéral américain de surveillance, comme un truqueur de données en série.
Ainsi, au cours du seul premier trimestre 2023, ce sont déjà trois grandes institutions universitaires des États-Unis qui voient leur réputation entachée par trois cas majeurs d’escroquerie professorale…
Des universitaires menacés d’être décrédibilisés ?
Pour en revenir au cas d’Eric Stewart, cette affaire pose aussi des questions sur la politisation des universités américaines, avec une potentielle incidence sur la recherche. Aussi, la dépolitisation des lieux d’enseignement ainsi que l’obligation pour les universitaires ayant bénéficié de financements publics de respecter des règles de transparence rigoureuses en matière de recherche et de données apparaît comme une urgence aux États-Unis. Tout comme le renforcement des sanctions à l’encontre des fraudeurs.
À défaut, le risque est de voir la parole de ces universitaires présentés au grand public comme des « experts » être encore davantage décrédibilisée.
Enfin, la lenteur de la réaction de l’université d’État de Floride face au scandale interroge également. Selon Justin Pickett, sa plainte a été ignorée par l’université pendant des mois et ce n’est qu’après que quatre autres plaintes ont été déposées contre d’autres études d’Eric Stewart portant sur la race que l’université a créé une commission chargée d’examiner l’affaire.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “États-Unis. Un professeur d’université afro-américain aurait falsifié une étude sur le racisme”
Bien sur! Black lives matter! Black lives matter for 14%. Les noirs représentant 14% de la population américaine, leurs décès compte donc pour 14%. Il y a des domaines où cette minorité compte beaucoup plus, c’est sa participation au remplissage des prisons, qui est cependant très inférieure aux délits et crimes qui lui sont attribués.
Malheureusement, ce genre de comportement est facilité avec internet, l’informatique et le parti pris idéologique. Que ce soit dans les domaines scientifiques, économiques ou même archéologiques, le chercheur ne cherche pas de réponse mais des biais de confirmation.
quid du racisme antiblanc?