L’Amérique latine précolombienne, Les fermiers, Rwanda assassins sans frontières, Baden Powell, la révolution racialiste : la sélection littéraire hebdo

L’Amérique latine précolombienne, Les fermiers, Rwanda assassins sans frontières, Baden Powell, la révolution racialiste : voici la sélection littéraire hebdo.

L’Amérique latine précolombienne

Au cours d’une longue histoire – des temps archaïques où les premiers hommes s’y installèrent à la découverte du continent par les Européens -, les peuples indigènes d’Amérique latine ont formé des bandes de chasseurs-cueilleurs, sont devenus agriculteurs, se sont organisés en chefferies, ont bâti des cités puissantes, des empires, ont édifié une architecture monumentale sur une aire immense, de la Mésoamérique aux confins de la Terre de Feu. Malgré des reliefs et des climats parfois hostiles, des civilisations complexes virent le jour : Olmèques, Mayas et Aztèques en Mésoamérique, Incas dans les Andes et des dizaines d’autres aux langues, croyances et organisations particulières. Malgré des avancées scientifiques considérables, des pans entiers de cette histoire fascinante demeurent pour l’heure méconnus, et c’est à les éclairer que s’attache Carmen Bernand dans cet ouvrage. À l’appui de l’archéologie, dans toutes ses composantes, de la botanique à la géologie, de l’ethnographie et de sources essentiellement précolombiennes, ainsi que d’une iconographie originale et de cartes inédites, ce sont plus de 30 000 ans d’une histoire de l’Amérique latine qui sont ici retracés.

Les fermiers

La noblesse, le clergé et le tiers état. Cette tripartition de l’Ancien Régime, et la bipolarisation du tiers état entre peuple et possédants, jusqu’ici admises, sont remises en cause par cette œuvre magistrale de Jérôme Fehrenbach, que n’aurait d’ailleurs pas renié Fernand Braudel. Les « grands fermiers » auraient été aussi importants et auraient même constitué une classe à part et singulière. Avant la Révolution française s’intercale, entre propriétaires et travailleurs, cette classe moyenne avant la lettre. Ils organisent les campagnes, donnent du travail, sont les seuls capables d’approvisionner les villes en dizaines de tonnes de grain. Aussi à l’aise avec les grands qu’avec les petits, ces pragmatiques simples mais éduqués, organisés en clans, se faufilent à tous les étages de la société, contrôlent les leviers de pouvoir, se serrent les coudes, se coordonnent et pipent les marchés. L’iniquité du prélèvement féodal permet à ces apparents capitalistes de générer les marges de sécurité afin d’approvisionner les marchés et de prévenir les disettes. C’est ce territoire, ces exploitations, ces familles, cette France parfaitement méconnue, dont Jérôme Fehrenbach nous donne les clés, au terme de la première enquête minutieuse et globale sur cette classe sociale oubliée.

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Rwanda, assassins sans frontières

Best-seller cité comme meilleur livre de l’année par le Financial Times et The Economist, cette enquête journalistique constitue une plongée saisissante et dramatique dans lhistoire moderne du Rwanda, pays ravagé par l’un des plus grands génocides du XXème siècle. Ce récit audacieux, fondé notamment sur des témoignages inédits d’intimes de Paul Kagame, déchire le script officiel, selon lequel un groupe idéaliste de jeunes rebelles aurait renversé le régime génocidaire de Kigali, inaugurant une ère de paix, de prospérité et de stabilité jusqu’à faire du Rwanda le chouchou des donateurs occidentaux. 

Michela Wrong raconte notamment en détail l’histoire de Patrick Karegeya, ex-chef du renseignement extérieur du Rwanda, pour dresser le portrait d’une dictature à l’image de son président qui a fait de la vengeance la caractéristique de son règne, jusqu’à poursuivre ses anciens compagnons d’armes jusqu’au bout du monde.

La journaliste examine les questions qui hantent le présent : pourquoi tant d’ex-rebelles contestent-ils la version officielle de l’attentat qui a tué les présidents rwandais, burundais et a été l’élément déclencheur du génocide ? Pourquoi les massacres n’ont-ils pas pris fin lorsque les rebelles ont pris le contrôle du pays ? Pourquoi plusieurs de ces chefs rebelles, la victoire assurée, ont-ils préféré fuir le pays ?

Michela Wrong est une journaliste anglaise (Reuters, BBC, Financial Times) reconnue dans le monde entier pour son expertise sur l’Afrique.  Elle a couvert à la fois les derniers jours du dictateur Mobutu et le génocide au Rwanda. Elle a reçu le prix James Cameron 2010 «pour sa vision morale et son intégrité professionnelle».

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Baden Powell, chef scout

Voici un livre qui est l’histoire d’un homme. Il appartient à la Grande-Bretagne, à cette nation qui, elle aussi, a possédé tout un lot de grands serviteurs et qui a, généralement, mieux su les honorer que la France ne l’a fait pour trop des siens. Il est d’ailleurs célèbre dans le monde entier, comme inventeur du Scoutisme.

Ce système a si bien fait ses preuves qu’après avoir été pendant quelques années considéré comme tout juste susceptible d’amuser de jeunes garçons, il est actuellement reconnu, accepté, considéré.

À l’inverse de ces antiques dont nous reconnaissons qu’ils sont beaux, mais ennuyeux, Baden-Powell, lui, est gai. En lui rien de conventionnel. Il est varié, amusant, fantaisiste, pour être instructif. Et combien simple ! Et puis il a découvert une grande chose : c’est que pour être un homme utile, un citoyen efficace, il ne suffit pas d’être intelligent. Il faut avoir du caractère, être vigoureux, courageux, adroit, savoir se décider. Le Scoutisme tend à créer entre ses adhérents, de quelque nation qu’ils appartiennent, de quelque condition qu’ils soient, un esprit d’amitié. Et il a espéré en ce faisant, par l’accroissement progressif du nombre des hommes se réclamant de son esprit dans le monde entier, arriver par une meilleure compréhension mutuelle, à diminuer les risques de guerre, c’est là une noble ambition.

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La révolution racialiste

La vision racialiste, qui pervertit l’idée même d’intégration et terrorise par ses exigences les médias et les acteurs de la vie intellectuelle, sociale et politique, s’est échappée de l’université américaine il y a vingt ans. Et la voilà qui se répand au Canada, au Québec et maintenant en France. Elle déboulonne des statues, pulvérisant la conscience historique, elle interdit de parler d’un sujet si vous n’êtes pas héritier d’une culture, et vous somme de vous excuser « d’être blanc », signe de culpabilité pour l’éternité. Le racialisme sépare et exclut, n’apporte pas de libertés quoi qu’en disent ses hérauts, et, plus dangereux, modélise une manière de penser le monde.

Mathieu Bock-Côté est sociologue, et chroniqueur pour la presse québécoise et française. Ses travaux portent sur le régime diversitaire, le multiculturalisme et les mutations de la démocratie.
Seul lui pouvait signer un essai aussi éloquent, percutant. Sidérant même.

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Illustration : DR
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