Irlande du Nord. Il y a 25 ans aujourd’hui, les accords du Vendredi Saint, The Good Friday Agreement, mettaient (en partie) fin à la guerre civile

Ce 10 avril 2022 marque le 25ème anniversaire de la signature des accords du vendredi Saint (The Good Friday Agreement ou Belfast Agreement). Des accords qui mirent (en grande partie) fin à des décennies de guerre civile en Irlande du Nord. Une guerre civile faite de violences et de divisions entre les communautés protestante et catholique en Irlande du Nord. Retour sur cette date historique dans l’histoire de l’Europe et particulièrement dans l’histoire de l’Irlande du Nord.

Les Accords du Vendredi Saint (Good Friday Agreement) : un contexte historique

Depuis la partition de l’Irlande en 1921, l’Irlande du Nord, province du Royaume-Uni, a été le théâtre de conflits violents entre les communautés protestante et catholique. Ces affrontements, connus sous le nom de « The Troubles« , ont débuté à la fin des années 1960 et ont duré près de 30 ans. Le conflit oppose principalement les nationalistes catholiques, favorables à une réunification de l’Irlande, et les unionistes protestants, partisans du maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.

Les négociations

Les négociations ayant abouti à l’accord du Vendredi Saint ont été menées sous la supervision du sénateur américain George Mitchell, envoyé spécial du président des États-Unis, Bill Clinton. Les discussions ont impliqué le gouvernement britannique, le gouvernement irlandais, ainsi que les principaux partis politiques d’Irlande du Nord, mais aussi les groupes paramilitaires tels que l’IRA (Armée Républicaine Irlandaise) et les loyalistes (UVF, UDA…)

Les Accords du Vendredi Saint (Good Friday Agreement) : Les principales dispositions de l’accord

L’accord du Vendredi Saint a permis la mise en place d’un cadre institutionnel et politique favorisant la paix et la réconciliation entre les deux communautés. Parmi les principales dispositions de cet accord, on peut citer :

  • L’élection d’une assemblée locale d’Irlande du Nord de 108 membres, élus à la proportionnelle ;
  • La création d’un conseil des ministres dirigé par un Premier ministre d’Irlande du Nord ;
  • Le désarmement des groupes paramilitaires (IRA provisoire, UVF, UDA, etc.) ;
  • La création d’un conseil de coopération Nord/Sud avec des représentants de la République d’Irlande et des 6 comtés du Nord ;
  • La suppression de la revendication territoriale de la République d’Irlande sur l’Irlande du Nord (), par le biais de la modification des articles 2 et 3 de la constitution de la République d’Irlande, le  ;
  • La reconnaissance, pour chaque personne née en Irlande du Nord, du droit de s’identifier et d’être acceptée en tant qu’Irlandais ou Britannique, ou les deux, quoi que cette personne choisisse ;
  • La confirmation que le droit de détenir les deux citoyennetés, irlandaise et britannique, est acceptée par les deux gouvernements, quelle que soit l’évolution du statut de l’Irlande du Nord à l’avenir.

La signature de cet accord a été approuvée par une majorité des Irlandais lors d’un référendum :

  • 71,1 % de OUI en Irlande du Nord. Même si des mesures avaient été prises pour qu’il soit impossible d’identifier la confession religieuse des votants, il apparut que la grande majorité des 28,8% du NON à l’accord venait de la communauté protestante, notamment de la minorité ultra-unioniste incarnée par le DUP. La grande majorité de la communauté catholique a largement voté pour le oui. Le taux de participation au référendum atteint les 81%.
  • 94 % de OUI en République d’Irlande.

Des attentats sanglants y compris après le Good Friday Agreement

La signature de l’accord ne signifie pas la fin des violences. Après la signature de celui ci, une dizaine d’églises sont incendiées suite à l’élection de l’unioniste modéré David Trimble, qui partageait alors le pouvoir avec un vice-premier ministre catholique Seamus Mallon (nationaliste modéré du SDLP). Des bagarres et affrontements éclatent aussi en marge du 12 juillet, quasi fête nationale pour les unionistes d’Ulster.

Mais le pire est à venir : le , une force dissidente de l’IRA réplique par un attentat à la voiture piégée dans le centre d’Omagh, tuant 28 personnes et en blessant 220 autres, ce qui constitue l’attentat le plus meurtrier de l’Histoire des Troubles et qui avait provoqué une vague gigantesque d’indignation..

L’IRA ne renoncera officiellement à la violence politique qu’en 2005. Mais d’autres ont pris la relève, notamment la New IRA qui ne reconnait pas les accords du Vendredi Saint, comme certains groupes loyalistes.

Depuis les accords, la violence ne s’est d’ailleurs pas arrêtée puisque l’on recense 93 morts, dans des attentats et des meurtres dits « sectaires » ou des règlements de compte, de 1999 à 2010.

L’impact de l’accord du Vendredi Saint

Depuis la signature de l’accord du Vendredi Saint, l’Irlande du Nord a toutefois connu une période de paix relative, bien que certaines tensions subsistent entre les communautés. La violence a considérablement diminué, permettant un retour à une vie plus normale pour les habitants de la région. La mise en place d’institutions partagées a également favorisé un dialogue politique et une collaboration entre les partis nationalistes et unionistes.

Le processus de réconciliation a cependant connu des difficultés et des défis, notamment en ce qui concerne le désarmement, la réforme de la police et la résolution des problèmes liés au passé. Des organisations dissidentes de l’IRA et des groupes loyalistes continuent d’exister.

En outre, le Brexit a créé de nouvelles tensions entre les communautés et a soulevé des questions sur l’avenir de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.

Les accords du Vendredi Saint ont, en conclusion, marqué un tournant majeur dans l’histoire de l’Irlande du Nord, mettant fin à des décennies de violence et ouvrant la voie à un processus de paix et de réconciliation. Bien que des défis subsistent, cet accord a permis de jeter les bases d’un avenir plus sûr et plus stable pour les générations futures. Il représente un exemple précieux de la manière dont le dialogue, le compromis et la coopération internationale peuvent contribuer à résoudre les conflits les plus profonds et les plus enracinés.

Pour en savoir plus sur les Troubles, outre la bibliographie en Français que nous avons rédigée et que nous vous avons mis en lien plus, haut, nous vous conseillons cette chaine Youtube d’archives.

Crédit photo : DR

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