La Grèce va devoir se passer du soutien financier de l’Union européenne pour réaliser les travaux de prolongation de sa clôture métallique à la frontière turque. Une barrière destinée à endiguer l’immigration clandestine.
35 km supplémentaires de clôture métallique en Grèce
C’était le 12 janvier dernier. Le ministre grec de la Protection du citoyen, Tákis Theodorikákos, signait alors la déclaration d’extension du mur de clôture à la frontière nord-est de la Grèce avec la Turquie, se matérialisant par la construction d’une barrière métallique dans la zone allant de Psathades Didymoteicho à Kornofolia Soufli.
Puis, le 21 janvier, le même Tákis Theodorikákos profitait d’une visite sur le sol grec d’émissaires de l’UE, de la Suisse et du Royaume-Uni pour annoncer cette prolongation, sur 35 km supplémentaires, de l’actuelle clôture métallique de 5 m de haut disposée sur 37,5 km le long de la frontière avec la Turquie. Une région très prisée par les migrants clandestins puisque les autorités grecques empêchèrent 260 000 de ces derniers d’entrer dans le pays en 2022.
Cependant, lors de cette visite, le ministre grec avait sollicité l’aide financière de l’Union européenne pour mener à bien ce projet dont le coût a été évalué à environ 100 millions d’euros. « Cette tâche [de protection des frontières, NDLR] nécessite le soutien du public européen, de l’Union européenne elle-même et de ses membres constitutifs à titre individuel », avait alors déclaré Tákis Theodorikákos. Ajoutant qu’Athènes était « fermement convaincue que les États membres de premier accueil ne peuvent pas être la seule destination européenne des migrants » et qu’une « solidarité entre les États membres et un partage équitable des tâches » étaient nécessaires.
La Grèce va devoir se passer du soutien financier de l’UE
Mais ces appels à la solidarité de l’exécutif grec à destination de l’Union européenne n’ont pas été entendus. Pourtant, lors du très attendu Conseil européen qui s’est déroulé le 9 février 2023, la question immigration clandestine avait été abordée.
Dans une lettre commune adressée quelques jours avant le sommet aux présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, Ursula Von der Leyen et Charles Michel, la Grèce faisait partie des huit pays dénonçant un « système d’asile actuel défaillant » et appelant ainsi à une réforme « innovante » du droit d’asile et à un renforcement de la protection des frontières dans le but d’éviter « une autre crise migratoire grave ».
À la suite de ce sommet organisé à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement, bien qu’ayant esquissé un début de consensus sur des dispositions menaçant de suspendre les aides, les échanges en franchise de droits et l’accès aux visas pour les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants dont la demande d’asile n’est pas acceptée, n’étaient pas parvenus à se mettre d’accord sur la question du financement de murs et autres barrières « anti-immigration » aux frontières extérieures de l’UE.
Pour sa part, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, déclarait à l’issue de ce Conseil européen que les dirigeants des pays de l’UE avaient seulement promis d’octroyer des fonds « importants » pour renforcer les « infrastructures mobiles et fixes, des voitures aux caméras, des tours de contrôle aux dispositifs de surveillance électronique ». Mais ne financeraient pas directement la construction d’un mur.
« Avec ou sans l’argent européen »
Puis, le 30 mars dernier, le Parlement européen a une nouvelle fois rejeté sans surprise la demande de financement du mur grec par l’UE. Si l’opposition des eurodéputés des Socialistes et Démocrates (S&D), de la Gauche, du parti centriste Renew Europe et des Verts lors de ce vote n’est pas une surprise, il est à noter que l’amendement a également été soutenu par la moitié des eurodéputés du Parti populaire européen (PPE). Un groupe auquel appartient pourtant la formation politique du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
En réaction, ce dernier a déclaré le même jour que la Grèce achèvera la construction de sa barrière anti-migrants dans la région de l’Évros, « avec ou sans l’argent européen ».
« Ce que vous voyez ici est une barrière que le gouvernement grec a construit afin de protéger les frontières d’un pays qui se trouve également être les frontières extérieures de l’Union européenne », a également affirmé Kyriakos Mitsotakis. « J’ai toujours cru fermement que nous ne pourrions pas parvenir à un nouvel accord sur l’immigration et l’asile si nous ne protégions pas nos frontières extérieures ». Un point de vue qui est cependant resté insuffisamment partagé à Strasbourg et Bruxelles jusqu’à présent…
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Une réponse à “Grèce. Privée du soutien financier de l’UE, Athènes va malgré tout achever la construction de sa clôture anti-immigration [Vidéo]”
Bravo Mme Méloni