Après trois semaines de grève des éboueurs, près de 24 camions-benne sont finalement sortis des centres de collecte ce jeudi 30 mars, après que les éboueurs de la Janvraie et de la rue de Grande-Bretagne ont finalement décidé de reprendre le travail.
Mais seules quelques rues de l’ouest de Nantes ont été réellement ramassées, car le centre technique de l’Etier, prairie de Mauves, l’incinérateur Arc-en-Ciel de Couëron et le site de la Prairie de Mauves sont toujours bloqués. Le second, à Couëron, avait été débloqué par les gendarmes ce matin avant d’être rebloqué… par une trentaine de personnes à peine les gendarmes partis.
Par ailleurs les abords du marché de Talensac ont aussi été débarrassés ce matin – probablement par une société privée. Néanmoins les poubelles s’accumulent, avec leur lot de nuisances, odeurs, rats, voire animaux sauvages qui viennent se servir dans les rues les plus éloignées du centre-ville. Dans Nantes, la lassitude monte.
« La grève des éboueurs, pour fissurer la majorité contre la réforme des retraites, y a pas mieux ».
Dans le centre-ville, les poubelles s’accumulent. Et c’est sans compter ce que les commerces gardent dans leurs réserves, et les particuliers dans leur cour ou leur jardin. « Ça devient difficile de travailler avec l’odeur », constate ce restaurateur du centre-ville, qui se « débrouille. J’ai des employés qui viennent en voiture et qui habitent hors de Nantes, chaque soir ils partent avec un ou deux sacs et les mettent dans les poubelles de leur commune de résidence en rentrant chez eux. C’est ça ou travailler avec l’odeur des déchets en décomposition ».
D’autres habitants, excédés, envisagent de « porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui ». D’ailleurs ce X, « pourquoi pas le préfet ou Johanna Rolland », constate un chef d’entreprise qui habite près de Saint-Pasquier. « Ils ont les moyens de réquisitionner, mais laissent faire. Johanna, pour ne pas se mettre à dos les employés de la Ville, qui votent, et le préfet, car c’est une courroie de transmission des ordres du gouvernement – les poubelles qui s’accumulent à Nantes ou à Paris, Macron, ça lui en touche une sans faire bouger l’autre, pour paraphraser un ancien président de la République, en revanche, pour fissurer la majorité des français qui est toujours contre la réforme, y a pas mieux. A un moment, les désagréments, l’odeur et la perte de qualité de vie vont être plus forts que l’opposition à la réforme, les gens vont lâcher les grévistes, qui sont tout de même une extrême minorité ».
Pendant ce temps là, à Couëron, la trentaine de manifestants qui bloque l’incinérateur continue d’empoisonner la vie – au sens littéral – de plus de 300.000 habitants, comme le symbole d’un mouvement syndical à l’image du pays – profondément malade et incapable d’imaginer des stratégies vraiment efficaces pour faire plier le gouvernement. En Israël, où une très impopulaire réforme des juridictions a été retirée, ils ont visiblement trouvé. Ces messieurs de l’intersyndicale pourraient aller prendre quelques leçons de résistance efficace du côté de Tel-Aviv.
Louis Moulin
Crédit photo : breizh-info.com
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