Une société qui considère le fait de préparer un repas pour l’être aimé comme une soumission au patriarcat et vante la laideur pour ne pas se plier aux diktats masculins, ne pouvait qu’enfanter des monstres… aussi mignons soient-ils. Le mouvement #Tradwives, qui s’oppose aux excès du féminisme à coup de vidéos derrière les fourneaux, pour combien puisse t’il paraître anachronique, voire ridicule, n’en est pas moins révélateur.
Plus qu’un mouvement, il s’agit d’une tendance de plus en plus populaire sur les réseaux sociaux sous des appellatifs différents : #tradwife, #tradfem #vintagehousewife #stayathomegirlfriend… Des femmes, souvent très jeunes, prônent le mode de vie familial traditionnel (TradWife pour Traditional Wife), où les rôles sexués sont strictement définis et respectés. Elles revendiquent une féminité assumée et défendent leur choix de vouloir incarner la parfaite femme au foyer. Ces petites-copines-qui-restent-à-la-maison sont jolies, respirent la santé. À coté de nos ratons laveurs à moustaches féministes, il faut avouer que ça fait du bien !
Une esthétique – ambiance pub américaine années 50 – révélatrice, qui évoque la nostalgie d’un temps où tout semblait aller mieux, où les rapports entre hommes et femmes ne ressemblaient pas à un combat de boxe ou une compétition de charge mentale, calculatrice à main. Où les familles étaient plus unies, plus fortes, durables. Ces centaines de vidéos pour « faire en sorte qu’un homme se sente aimé et valorisé, en prenant soin de lui et en s’occupant d’une jolie maison chaleureuse », sont autant de manifestations de la crise de la féminité des sociétés occidentales : ce qui devrait être normal, naturel, sain est regardé avec suspicion, raillé, condamné, qu’il faut défendre, et pire, expliquer.
@esteecwilliams Create the perfect foundation and you’ll have a successful marriage ♾ #fyp #tradwife #megawife #wifetips #makewivesgreatagain #housewife #homemaker #sandwhichmaker #traditional #marriage #newlymarried
Les énumérations de leurs tâches quotidiennes sonnent aussi comme une revendication, réhabiliter un rôle dénigré par la modernité, « ce que nous faisons compte, nous ne valons pas moins que celles qui ont choisi la carrière. » Comment les en blâmer ?
Or, là où le bât blesse, c’est quand elles versent dans la caricature.
« Je ne vais jamais à la salle de sport sans mon mari. Jamais ! » proclame Estee Williams, une des influenceuses les plus suivies sur TikTok. « Une tradWife doit se soumettre à son mari. » Dommage. Car ce faisant, elles restent prisonnières du cadre imposé par le féminisme et sa vulgate marxisante qui ne considère les rapports entre les sexes que sous l’angle dominé/dominant. Les féministes disent qu’avant, les femmes étaient soumises à leur mari ? Incarnons gaiement cette soumission ! C’est se méprendre sur la véritable histoire des femmes et des relations au sein de notre civilisation. Une histoire, qui, sans être linéaire, ne peut absolument pas être réduite à cette « soumission ».
C’est donc plus au modèle de la femme années 50 états-uniennes – avec son lot de publicités sur l’électroménager dernier cri sous le sapin – qu’à la Tradition qu’elles en appellent. Car notre Tradition, nous n’aurons de cesse de le répéter, est celle de femmes fortes, qui n’ont jamais vraiment fait dans la servitude. Allez demander à vos grands-mères dans leur campagne si elles se sentaient soumises à papi ! Les miennes en auraient beaucoup ri.
« Mon mari ne fait aucune corvée à la maison. Il travaille, le dernier mot en matière d’achat lui revient » c’est en oublier que l’économie domestique est historiquement du ressort des femmes. Ce que la publicité capitaliste a d’ailleurs très bien compris et magistralement mis en scène à partir justement des années 50 .
L’Amérique c’est aussi ça, folkoriser, ridiculiser toutes les mouvances politiquement incorrectes ou contraires à l’air du temps. Une stratégie gagnante : plutôt que d’abattre les adversaires sur le terrain des arguments, mettons en exergue les variantes les plus extrémistes et caricaturales !
Le courant est donc totalement réactionnaire. Il ne prend pas en compte l’époque, les changements sociaux survenus dans la vie des couples, comme le simple fait que nos régimes économiques n’offrent plus la possibilité à toutes celles qui le désirent de se dédier pleinement à leur foyer, ou qu’une indépendance financière féminine soit nécessaire.
Pour la psychologue Sandra Wheatley qui a étudié ce courant, il serait une réponse au contexte social actuel anxiogène (guerre, Covid, réchauffement climatique..). Ou peut-être, est-il simplement une réaction – un peu maladroite et très superficielle certes, mais compréhensible – aux délires féministes, un ras le bol de la guerre des sexes imposée par une bande de frustrées en proie au ressentiment. Parce que ça aussi, c’est anxiogène !
Audrey D’Aguanno
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6 réponses à “TradWife, les Femmes Tradis, sont elles ridicules ?”
Ma femme est un peu comme cela : elle tient la maison du mieux qu’elle peut, elle a élevé nos enfants, elle s’habille coquettement, quand il y a un conflit, elle accepte que je prenne la décision. Pour le reste elle dirige et gère tout très bien. En résumé je dirai cyniquement qu’elle est la mère de mes enfants, que les arrangements entre nous nous conviennent à tous les deux et que je crois que c’est cela l’amour qui dure. Je le souhaite à tout le monde et plains sincèrement les hommes qui n’ont pas trouvé une telle femme. Nos filles ont trouvé à se marier très tôt, se mettent à faire des enfants comme nous l’avons fait et la famille est unie. Grâce à ma femme qui est au coeur du foyer. Moi je n’en suis que le pourvoyeur et le protecteur.
Très bon article merci ✌️
On a l’impression de revivre les films ou pubs des années 50/60 avec une jolie maman élégante, bien coiffée et le mari au physique de Cary Grant, Jimmy Stewart, Montgomery Clift…..le féminisme à outrance et radical oublie l’élégance naturelle des femmes au prétexte de se conformer aux clichés masculins. Je vous suggère de voir sur you tube les images INA du métro des années50/60 et de comparer à ces gens en survêts Adidas et tennis, voire pire comme tenue de ville !
Des belles femmes et des beaux mecs ça devient complètement » has been « c’ est normal dans un nouveau monde où on ne sait plus qui est homme, femme, trans, Lgbt, bi ou je ne sais quoi !
Euh … les mœurs de Cary Grant et de Montgomery Clift ne fait pas d’eux des parangons de l’homme hétérosexuel (sans homophobie de ma part et sans remettre en cause leur immense talent).
Vous citez : « Mon mari ne fait aucune corvée à la maison. Il travaille, le dernier mot en matière d’achat lui revient ». Mensonge par omission ! Il est rajouté : « en terme de gros achats », c’est-à-dire de gros investissements.
À un autre moment vous dites : « Dommage ». C’est complètement méconnaître les Saintes Écritures où il est bien dit que la femme doit se soumettre à son mari et que le mari est le chef de la femme et il est rajouté immédiatement qu’il doit l’aimer autant que soi-même.
Les familles traditionnelles que je connais pratiquent ainsi : rien n’est fait sans l’autorisation du père. Ce sont des familles très chrétiennes et très unies et pour donner une autorisation, le père fait de longues prières afin d’avoir la réponse (il s’agit bien sûr d’actes importants dans la vie et non pas d’aller manger une glace !), réponse qu’il a très souvent. J’ai demandé à l’un d’entre eux comment il fait pour savoir, il m’a répondu sérénité ou inquiétude. S’il y a de l’inquiétude il ne donne pas sa bénédiction. De plus le fait d’être majeur légalement n’a aucune influence !
Finalement, Tradiwife = Normalwife ! :))
Je ne sais pas, en ma qualité d’homme, s’il y a une relation entre meurs et beauté des femmes mais quand je compare les photos des jeunes femmes des années 50, 60, 70, avec celles de jeunes des années de l’après 2000 je ferais le mauvais jeu de mots: « ya pas photo ». Autant les premières était belles autant les secondes sont en grand nombre difformes. Effet de malbouffe certainement mais essentiellement dues à l’abandon de tâches dites « ménagères » et d’exercices physiques seuls capable de garantir une alimentation saine et équilibrée. Nous allons vers une catastrophe de santé publique qui font que de nombreux « jeunes » ou en pleine force de l’âge sont des candidats à de graves problèmes à leur arrivée en retraite. Ce problème est systémique (comme on dit maintenant) car ce sont leurs enfants qui sont maintenant obèses avant leur puberté.