Islande. Face aux abus de clandestins, le gouvernement durcit sa politique d’asile

La chose peut paraître étonnante mais, contrairement aux idées reçues, l’Islande doit faire face, elle aussi, à des problèmes d’immigration illégale. Et vient de se doter de moyens de lutter plus efficacement contre le phénomène.

L’Islande durcit sa politique migratoire

Le Parlement islandais, l’Althing, a adopté le 15 mars dernier un projet de loi très controversé sur l’immigration. Comme le rapporte le magazine islandais The Reykjavik Grapevine, ce projet de loi est un amendement à l’actuelle loi sur les ressortissants étrangers. Le texte a suscité la polémique sur l’île car accusé par des ONG pro-migrants de porter atteinte aux droits des clandestins venus « demander l’asile » en Islande.

Parmi les effets notables de ce durcissement législatif, la suppression des garanties pour l’accès au logement et aux soins de santé pour les immigrés dont la demande d’asile a été rejetée. À noter que le gouvernement islandais tentait d’adopter cette loi depuis 2018 mais devait faire face à une vive opposition. C’est finalement la quatrième version du projet de loi, que l’exécutif considère comme une réponse à la saturation des capacités d’accueil, qui va s’appliquer.

Suite à l’adoption du texte, une manifestation comprenant de nombreux clandestins demandeurs d’asile a eu lieu devant le Parlement islandais. Ce texte législatif sur l’immigration, porté par le ministre islandais de la Justice Jón Gunnarsson et approuvé par 38 voix contre 15, modifie la loi de 2016 relative aux droits des étrangers. Lors du vote, tous les membres des partis de la coalition gouvernementale islandaise, à savoir les Verts de gauche, le Parti de l’indépendance et le Parti progressiste, se sont prononcés en sa faveur.

Désormais, ceux dont la demande d’asile a été rejetée ne pourront plus bénéficier des services de base qui leur étaient auparavant garantis. Trente jours après le refus de leur demande, ils perdront leur accès aux soins de santé et à la couverture sociale. Tout comme leur droit au logement qui ne sera plus garanti après ce délai d’un mois. Toutefois, cette réduction des droits ne vise pas « les enfants et leurs parents, les femmes enceintes, ni les individus souffrant de maladies graves ou vivant avec un handicap qui requièrent des traitements à long terme », comme le précise l’article 8 du nouveau texte.

Quelle immigration en Islande ?

Pour sa part, une députée du Parti Pirate islandais a dénoncé un « gouvernement hostile aux réfugiés », critiquant ainsi un « projet de loi censé envoyer un message, un message selon lequel les gens doivent quitter le pays, sinon ils seront jetés à la rue, sans soutien et sans accès aux services minimums ».

Par ailleurs, à l’instar de la France, les actions des ONG pro-migrants et de leurs avocats ont réussi à entraver à plusieurs reprises des expulsions de clandestins ou le simple retrait de droits à ces derniers par le gouvernement islandais. Le tournant législatif du 15 mars devrait en partie mettre un terme à cette situation.

En 2021, la Direction islandaise de l’immigration avait retiré les allocations de logement et de nourriture à une vingtaine de clandestins devant être expulsés. Mais la Commission de recours en matière d’immigration et d’asile avait par la suite jugée cette action comme illégale. En décembre dernier, un tribunal de Reykjavík a jugé que l’expulsion d’un migrant irakien et de sa famille en novembre 2022 n’avait, elle non plus, pas de base légale.

Au cours de l’année 2022, l’Islande, comptant une population d’environ 370 000 habitants, aurait enregistré 2 500 nouveaux dossiers de demande d’asile, selon le site spécialisé SchengenVisaInfo. Par ailleurs, comme le précise le site InfoMigrants citant les données d’Eurostat, « près de 4 000 demandeurs d’asile étaient en attente de réponse au cours de l’année 2022 dans le pays » contre 870 en 2021. Soit quatre fois moins. À noter cependant qu’à la suite de l’invasion militaire russe en Ukraine, les réfugiés ukrainiens ont représenté plus de 50 % des demandes d’asile déposées en Islande en 2022, toujours selon Eurostat.

Rappelons enfin que c’est la décision prise par Reykjavik d’expulser un contingent de 200 clandestins principalement originaires d’Irak et du Nigéria au printemps 2022 qui a contribué à mettre la question de l’asile au cœur de l’actualité islandaise. Par le passé, les autorités islandaises avaient déjà mis en garde contre les abus à grande échelle en matière d’asile, favorisés par l’appartenance du pays à l’espace Schengen.

Quand l’Islande ouvrait ses portes à l’immigration extra-européenne (avant d’en mesurer les conséquences) :

Immigration extra-européenne : l’Islande ouvre ses portes

Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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3 réponses à “Islande. Face aux abus de clandestins, le gouvernement durcit sa politique d’asile”

  1. Gaï de ROPRAZ dit :

    l’Islande ouvre ses portes ? …
    Mais c’est un merveilleux message que nous nous devons et d’applaudir et d’aider !
    A cet égard, j’attends du Gouvernement de la France et de l’ensemble de nos patriotes Français un élan de joie et de soutien fraternel en mettant immediatement en place un pont aérien de nos sympathiques Mustapha, Mohamed, Fatima et autres pauvres hères de la Banlieue Nord de Paris en recherche d’une fraternité, de les amalgamer dans un immense élan de solidarité et les expedier illico chez nos charmants voisins Islandais.

  2. patphil dit :

    l’europe a déjà un trop plein, ils vont en islande gouter le froid? eux au moins ils ne plaisantent plus (nourris, logés, blanchis? encore que blanchis peut être considéré comme raciste) ils expulsent, eux!

  3. Phil dit :

    Concernant les tribunaux qui jugent que ne plus payer les migrants clandestins est une « action illégale », ils devraient déjà retrouver leur rôle dans la société.
    Ce sont les députés qui décident que ce qui est légal ou pas. Ce sont les députés qui font la loi, pas les juges.
    Les juges doivent soumettre leur verdict selon la loi qui a été votée. Ils doivent appliquer la loi qui a été votée et rien d’autres. Ce ne sont pas des instances supérieures à la loi.

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