La première coopérative légumière française, la SICA de Saint-Pol-de-Léon, située dans le Finistère, a connu une chute importante de sa production en 2022, celle-ci passant pour la première fois sous la barre des 200 000 tonnes de légumes.
La production de légumes bretons victime de la sécheresse
En Bretagne, si le caractère léonard n’est pas spécialement réputé pour sa jovialité, les mines sont encore plus fermées qu’à l’accoutumée pour les professionnels de la filière légumière nord-finistérienne. Cette situation est imputée à la sécheresse et à la canicule qui ont sévi durant l’été 2022, ayant des répercussions considérables sur l’ensemble des activités de la coopérative.
Ainsi, pour l’exercice 2021-2022, clôturé fin octobre, le chiffre d’affaires de la SICA (société d’intérêt collectif agricole) a connu une baisse de 8 %, s’établissant à 218 millions d’euros. Voilà le principal enseignement de l’assemblée générale de la coopérative qui a eu lieu le 17 mars dernier.
La diminution est encore plus marquée dans le secteur des légumes, avec une chute de 10 %, pour atteindre 175 millions d’euros, tandis que le secteur de l’horticulture a également enregistré une baisse de 1 %, pour un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros. Au cours de cette période, les 890 producteurs de la coopérative bretonne ont récolté 195 000 tonnes de fruits et légumes (cultivés sur 11 326 ha de plein champ et sous 65 ha de serres), soit 8 000 tonnes de moins que lors de l’exercice précédent.
Lors d’une conférence de presse diffusée sur Internet lundi 20 mars, Marc Kerangueven, le président de la SICA, a confirmé ces résultats, citant également parmi les principales causes de cette baisse de production le faible taux d’installation des jeunes agriculteurs, qui ne suffit pas à « compenser les départs à la retraite ».
Plus généralement, cité par Ouest-France, il a décrit un contexte économique très compliqué en 2022, « avec un climat anxiogène, entretenu par la guerre en Ukraine, la flambée du coût de l’énergie et des intrants agricoles, ainsi qu’une inflation galopante induisant une perte de pouvoir d’achat du consommateur ».
Un hiver trop doux pour consommer du chou-fleur ?
Concernant la sécheresse ayant durement touché les terres bretonnes à l’été 2022, la coopérative a indiqué dans un communiqué de presse que celle-ci avait été « dramatique pour la majorité de nos cultures, notamment l’artichaut, impactant fortement les rendements et la qualité ». Selon le président de la SICA, « certains producteurs ont perdu jusqu’à 75 % de leur chiffre d’affaires » suite à ces aléas climatiques.
Par ailleurs, le chiffre d’affaires du chou-fleur a chuté de 31 % au cours du dernier exercice. Chiffre d’affaires qui représente à lui seul 18 % du chiffre d’affaires total de la coopérative de Saint-Pol-de-Léon. Au sujet de cette baisse, Marc Kerangueven explique notamment qu’entre « 10 et 15 % des plants sont morts à la plantation » en raison de la « sécheresse et la canicule » de l’été 2022.
Un problème ne survenant jamais seul, ce même chou-fleur breton a dû aussi faire face a une rude concurrence européenne. Ainsi qu’à un marché peu demandeur en raison d’un hiver doux et donc peu favorable à la consommation habituellement hivernale de ce légume.
Gamme bio : la plus impactée par l’inflation
Parmi les légumes qui ont subi les baisses les plus importantes en termes de chiffre d’affaires, figurent également l’échalote avec une diminution de 41 %, l’endive en recul de 30 %, la pomme de terre primeur en baisse de 38 % et les artichauts avec une chute de 34 %.
Maigre consolation, la tomate, qui représente la production générant le plus de chiffre d’affaires (27% du total), a réussi à limiter les pertes en ne diminuant que de 8 %. Au cours du printemps 2022, les producteurs ont décalé leurs plantations ou diminué le chauffage des serres pour réduire les coûts énergétiques, cependant, l’ensoleillement de l’été s’est avéré finalement bénéfique pour les cultures.
De son côté, le chiffre d’affaires des légumes biologiques a baissé pour sa part de 6 %, s’établissant à 12,3 millions d’euros, en raison d’une consommation affectée au premier chef par l’inflation.
En ce qui concerne le pôle horticole Kerisnel, la SICA affirme que la situation demeure globalement positive malgré un contexte marqué par l’inflation. Ainsi, après deux années exceptionnelles, la croissance a ralenti en 2022 (-1%) avec un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros.
SICA de Saint-Pol : un peu d’histoire
Quant à l’avenir, le président de la SICA se veut timidement optimiste, indiquant que les dernières tendances concernant les légumes s’améliorent (+ 2 %) dans un contexte où les marchés sont « assez soutenus » avec une demande bien présente tandis que les volumes produits ont baissé.
Enfin, revenons conclusion sur la genèse de la SICA de Saint-Pol. Cette coopérative pris la suite du Comité de l’artichaut en janvier 1961. Elle est alors présidée par un jeune entrepreneur qui ne manquera pas de marquer l’histoire économique bretonne par la suite : Alexis Gourvennec.
L’organisation garantit enfin aux producteurs une indemnisation en cas d’invendus. Le but étant ainsi d’assurer un prix plancher à la vente. Dans la foulée, un marché au cadran verra le jour à Saint-Pol-de-Léon. C’est également à l’énergie d’Alexis Gourvennec et à son acharnement pour défendre concrètement le « vivre et travailler au pays » que l’on doit la naissance de la compagnie maritime bretonne Brittany Ferries.
Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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Une réponse à “Saint-Pol-de-Léon. SICA : en 2022, sécheresse et inflation ont miné la production de légumes”
je ne comprend pas pourquoi les eaux usées ne sont pas utilisées dans l’agriculture, que les boues comme engrais non chimiques etc.