Fête des mères, fête des pères, fêtes des parents….halte à l’orphelinophobie ! [L’Agora]

Je viens de découvrir un nouveau concept : « La fête des parents », qui, imposée par les agences de communication et quelques cerveaux malades, est en train de gangréner les écoles, et les têtes de nos gamins. Plus question d’une fête des mères ni d’une fête des pères, qui relèveraient presque du crime d’intolérance absolu.

Place désormais à la fête des parents, où l’on pourra célébrer joyeusement Parent 1 et Parent 2, et puis éventuellement dans quelques années Pingouin et Souris, ou Ressenti d’urine de cheval et Renard furtif. Du moment qu’ils sont parents qu’on vous dit ! Sauf que. Il y a un soucis. Car nos chers déconstructeurs ultimes ont oublié quelque chose.

Et moi, l’orphelin, qui pense à moi, moi qui n’ai ni Père, ni Mère, ni Dauphin de substitution ? Ne va-t-on pas là vers le développement d’une orphelinophobie intolérable, inacceptable dans une République inclusive, patrie des droits de l’homme, modèle du monde civilisé, qu’est la République française ?

J’ai donc décidé moi aussi de monter une association de lute contre l’orphelinophobie. Je veux être invité dans les médias, dans les écoles, pour expliquer que je ne suis né de personne. Que je n’ai pas de passé. Que je suis une nouvelle création, que c’est mon droit, et que j’aimerais bien que la majorité de mes camarades de classe me respectent et surtout s’adaptent à Mon ressenti. Et éventuellement, je suis en droit d’exiger des réparations, parce que les Orphelins du monde entier ont, durant des siècles, enduré les pires souffrances psychologiques, les pires moqueries, et même parfois, les brimades dans les Orphelinats, ces véritables camps de concentration pour Orphelins sur lesquels il faudra un jour se pencher, pour éventuellement, obtenir une journée nationale d’hommage à tous les Orphelins de la planète.

Et un musée également, c’est pas mal ça un musée. Sur fonds publics. Pour célébrer les Orphelins comme moi, et pour pouvoir y amener tous les camarades de ma classe afin qu’ils ne deviennent pas Orphelinophobes et que, eux aussi, éventuellement, puissent décider – mon corps, mon choix – d’être des Orphelins.

J’ai vu que certains journaux parlaient scandaleusement de la « fête des gens que l’on aime », pour remplacer les trois notions précédentes, la « fête des parents » devenant déjà has been. Et bien sachez que là encore, je ne sais pas si il y a une forme de philophobie ou de phobophilie dans ce concept…mais je m’insurge ! Car non seulement je suis Orphelin, mais je n’aime personne. Et encore moins les cons.

Et vous conviendrez tout de même, qu’en République française, nous sommes quand même les champions du monde de la connerie non ?

Julien Dir

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