Vers une régulation des plateformes abrutissantes ? C’est ce que la décision de TikTok, qui entend limiter le temps de consultation des mineurs sur sa plateforme, semblerait indiquer. Mais qu’en est-il vraiment ?
TikTok a annoncé imposer un plafond de 60 minutes par jour pour les utilisateurs mineurs. Cette nouvelle fonctionnalité prévoit un avertissement après une heure d’utilisation pour tous ceux qui ont déclaré avoir moins de 18 ans au moment de leur enregistrement. Le mineur devra saisir un mot de passe pour continuer à regarder le site.
Elle s’ajoute à la fonction de jumelage familial des comptes, grâce à laquelle les parents peuvent définir un temps de consultation quotidien maximal de l’enfant.
Or, on mesure facilement la portée de telles annonces, qui relèvent plus du coup de communication que de la volonté réelle de mettre un frein à l’addiction et l’abêtissement induit par leur propre outil, puisque, dans un cas comme dans l’autre, les utilisateurs pourront simplement désactiver la fonction ou mentir sur leur âge. Rien de plus aisé.
Et ces fonctionnalités ne règlent pas le problème de la qualité des contenus. La duplicité des versions de TikTok, celle nationale et les autres destinées à l’export, est désormais bien connue : quand la version chinoise, Douyin, propose une majorité de vidéos pédagogiques (visites de musée, découvertes techniques ou scientifiques, saisons culturelles…), quand elle bloque les comptes des influenceurs jugés potentiellement nocifs (focalisant sur l’argent facile, l’homologation physique ou trop occidentalisés) et encense des modèles de qualité ; les versions destinées à l’étranger vantent dans leur écrasante majorité des vidéos stupides, sans aucun intérêt (les chiens qui sautent, les filles qui chantent mal, les gags…), à caractère sexuel, quand ce ne sont pas carrément des contenus dangereux, relatifs à l’automutilation, au suicide, à l’anorexie, ou les challenges (comme le dernier en vogue, qui consiste à prendre un anxiolytique et de lutter contre ses effets en restant debout).
Quant aux institutions françaises qui protègent leurs données contre l’espionnage en interdisant l’accès à TikTok à partir des dispositifs de ses fonctionnaires, on remarque elles n’ont que faire de la santé mentale des enfants. Des enfants connectés à un écran près de 3 heures par jour… dès 2 ans ! Entre 8 et 12 ans, ils y passent près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. TikTok, mais aussi Snapchat, Instagram, Facebook ou YouTube.
Ces chiffres vertigineux sont, de plus, à mettre en corrélation avec la provenance sociale des familles, car, quand les deux parents travaillent, la supervision des enfants est évidement moindre.
Comme l’écrit Eugénie Bastié « Si les enfants des classes supérieures sont encore préservés de l’abêtissement généralisé, les classes populaires y sont, elles, entièrement livrées. Le temps d’écran auquel sont exposés les enfants diminue à mesure qu’on monte dans la hiérarchie sociale. C’est pourquoi les promesses de “réduire la fracture numérique” à coups de distributions de tablettes ne sont que des machines à alimenter la fracture sociale. »
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2023 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
Une réponse à “TikTok limite son temps de consultation auprès des enfants ? Un leurre”
on entend partout que les chinois utilisent tiktok à leur profit…. ( tandis que les américains non, bien sur!) hypocrites!