Depuis plusieurs semaines – 11 février, 16 février, 7 mars – des manifestations mobilisent des foules importantes et inhabituelles dans tout le pays depuis les grandes métropoles comme Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse jusqu’à des villes modestes comme Albi, Niort, La Roche sur Yon, … pour s’opposer au projet gouvernemental de modifier les modalités des régimes de retraite, en particulier de porter l’âge légal de prendre sa retraite de 62 à 64 ans.
Mais cette réforme n’est-elle pas accessoire par rapport aux enjeux vitaux pour l’avenir de la France ?
Une réforme accessoire
En quoi cette réforme, mise en application, bouleverserait la vie quotidienne de la majorité des français et hypothéquerait leur avenir et celui de leurs enfants.
Pourquoi ce projet, qui ne changerait pas radicalement le mode de vie de la grande majorité des manifestants, ni leurs revenus, et qui ne remet pas en cause le choix du système de retraite par répartition au lieu de celui par capitalisation, fait réagir une majorité de français ?
Certains politiques ou analystes disent que la réforme des retraites n’est que l’élément déclencheur de revendications sur les salaires, l’inflation, et du rejet d’Emmanuel Macron. Il est probable que cela joue un rôle dans cette mobilisation.
Mais il s’agit toujours de facteurs économiques immédiats et non d’éléments qui peuvent changer l’avenir ou entraîner un effondrement économique et, donc, social.
Inertie face aux vrais défis pour l’avenir
Ne peut-on s’en étonner quand d’autres sujets beaucoup plus graves pour leur avenir comme la chute de la natalité, l’effondrement de l’Education nationale, l’immigration sans contrôle, l’insécurité généralisée et l’explosion des trafics criminels, la détérioration des services publics, les déficits publics et sociaux financés par l’endettement, les déséquilibres des balances commerciales et des paiements, la baisse continue de la production industrielle et agricole, les laissent amorphes et sans réaction ?
Pourquoi cette différence ?
Bien sûr, cette réforme présente de nombreuses anomalies tout en ne traitant pas la cause principale des déficits des caisses de retraite tout en maintenant certains avantages des régimes spéciaux, dont la clause dite du grand-père, financés par les impôts.
Ainsi, la prolongation de la durée du temps de travail de deux ans de 62 à 64 ans est lourde pour les métiers dont la pénibilité physique est source de problèmes de santé.
Cela peut justifier une partie de la mobilisation. Cependant, d’autres causes plus profondes méritent d’être envisagées.
Depuis des décennies, en particulier depuis la présidence de François Mitterrand et l’invention du ministère du temps libre, qui a fait partie de 1981 à 1984 des trois gouvernements de Pierre Mauroy, l’idéologie dominante incarnée par la politique de ce ministère avait pour objectif la réduction du temps de travail en abaissant l’âge de départ à la retraite de 65 à 60 ans, en réduisant la durée hebdomadaire de travail de 40 à 39 heures et en ajoutant une cinquième semaine de congés payés.
Cette politique a été continuée avec l’adoption de la semaine de 35 heures par deux lois votées en 1998 et 2000 sous le gouvernement de Lionel Jospin et l’impulsion de Martine Aubry.
C’est cette idéologie, qui est mise en avant par LFI de Jean Luc Mélenchon et EELV de Marine Tondelier et Sandrine Rousseau, laquelle n’hésite pas à faire l’éloge de la paresse, et qui imprègne une partie des manifestants, dont certains déclarent qu’ils ne veulent pas travailler du tout.
En complément, pour occuper ce temps libre, c’est l’exaltation de la fête permanente, dont les municipalités de gauche sont les promoteurs très actifs. La ville de Nantes en est une illustration exemplaire.
Par contre, ils sont silencieux sur la baisse de la natalité, qui est pourtant un des facteurs clef pour le maintien du système de répartition pour les retraites.
Il s’agit donc d’une préoccupation pour la jouissance immédiate et une absence de vision sur l’avenir
D’après les sondages au moins les deux tiers des Français s’opposeraient à cette réforme et soutiendraient les grèves et manifestations. Bientôt, va venir en discussion au Parlement, un projet de loi sur l’organisation de l’immigration. Quelle sera la mobilisation populaire alors que, toujours d’après les sondages, deux tiers des français souhaiteraient l’arrêt de l’immigration ?
JF LEBRETON
Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2023 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
6 réponses à “Retraites. Mobilisation pour l’accessoire, inertie pour l’essentiel [L’Agora]”
Salut La Bretagne,
Pour participer aux manifs anti-retraite et distribuer mes tracts tout en rimes contre la situation générale et les visées mortifères du mondialisme, je confirme la sous-information de la majorité des manifestants, leaders compris, sur les vrais enjeux de la société et notre danse sur le Titanic de notre civilisation !
Morale de l’histoire ? Tant que le citoyen de base pourra pousser son caddie et ouvrir la porte du resto, il ne semble pas très chaud pour remettre en question notre société dégradée et qui se dégrade encore plus à la vitesse grand V.
J’envoie mes rimes à part
C’est un écran de fumée qui permet de cacher les vrais sujets casse gueule: dette abyssale, immigration, insécurité, nucléaire, niveau scolaire… on est devenu des moutons
Parmi les causes de la crise, vous devriez citer le Covid-19, qui a puissamment réactivé l’éloge de la paresse. Des millions de Français ont cessé de travailler pendant des mois sans que cela leur coûte grand chose. C’était une retraite provisoire avant l’heure. Au moins 2 ou 3 % d’entre eux ne sont pas revenus au travail après le confinement : ils ont préféré vivre chichement à la campagne avec le RSA au lieu de se taper des heures de transports en commun, et on peut les comprendre. Retraite avant l’heure, et problèmes de recrutement pour les entreprises.
Je pense que le gouvernement (qui a continué à travailler pendant la pandémie) n’a pas pris la mesure de ce phénomène. Il fallait sûrement rétablir l’équilibre financier de la retraite, mais il aurait mieux valu le faire en jouant sur l’autre plateau de la balance : baisser les retraites pour les aligner sur le niveau des recettes. Tout en laissant la possibilité de travailler au-delà de 62 ans pour améliorer sa retraite. Subitement, il y aurait eu beaucoup plus d’amateurs de travail jusqu’à 64 ans et au-delà.
N’oubliez pas aussi les services de santé publiques et privés qui bientot vont nous faire pleurer par leur pénurie ! et tout ça c’est pour demain ….
Tout à fait d’accord quant à l’aspect mineur de cette réforme par rapport aux vraies questions existentielles. Elle est par ailleurs parfaitement inutile puisque
la réforme Touraine portant le nombre d’années de cotisation à 43 oblige déjà beaucoup à travailler au delà de 64 ans mais permettait aussi de partir à 61 ou 62 ans pour ceux ayant commencé avant 20 ans. La fixation du gouvernement sur cet âge de 64 ans n’a fait qu’agir comme un chiffon rouge et exacerber les tensions.
La réforme de la retraite était dans le programme de Macron: les gauchistes et les syndicats (qui l’ont élu)le savaient: c’était plombé depuis le début et perdu d’avance!…mais, en manifestant, cela a permis aux syndicats de se requinquer…Martinez, le patron de la C.G.T., pleure chez Renault ,pour être réintégré à 62 ans(car il n’a pas tous ses trimestres)…Les gauchistes feraient mieux de manifester contre l’invasion musulmane!…Ces musulmans qui augmentent l’insécurité et les impôts des Français …qui ont tué et torturé des milliers de »civils innocents » et des soldats français!..