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La chute de la Silicon Valley Bank. Une autre expression de la crise capitaliste [L’Agora]

José Castillo, dirigeant de Izquierda Socialista, section argentine de l’UIT-QI, nous adresse cette tribune parue en espagnol ici et que nous reprenons.

Le vendredi 12 mars eut lieu., la faillite de la Silicon Valley Bank. Elle a déclenché une secousse durant tout le week-end et une forte chute des cotations des banques dans les bourses du monde entier. Un nouveau signe d’un capitalisme impérialiste en crise chronique. Quelle que soit l’issue de cet épisode, les grands capitalistes tenteront d’en faire payer le prix à la classe ouvrière et aux peuples du monde.

La Silicon Valley Bank est une institution financière spécialisée dans le financement des entreprises technologiques, qu’il s’agisse de grandes sociétés ou de jeunes « startups » plus modestes. Elle était la 16ᵉ banque des États-Unis. Sa faillite est la deuxième plus importante de l’histoire des États-Unis (la plus grave, en 2008, est celle de Lehman Brothers, au plus fort de la crise de l’époque).

Plus de la moitié des entreprises technologiques de la région de la Silicon Valley en Californie avaient déposé de l’argent dans la banque, y compris la grande majorité des soi-disant « startups ».

Les rumeurs de faillite de la banque ont entraîné une ruée jeudi et vendredi, durant laquelle 42 milliards de dollars ont été retirés. Finalement, la Réserve fédérale américaine a déclaré la banque en faillite. L’US Federal Deposit Insurance Corporation, une entité publique, a été laissée comme « liquidateur » et chargée des 175 milliards de dollars de dépôts. Le problème est que les dépôts ne sont garantis qu’à hauteur de 250 000 dollars par compte, ce qui ne couvre que 7 % des dépôts.

Pourquoi y avait-il autant de dépôts importants sur les comptes de la Silicon Valley Bank ? Parce que la plupart d’entre eux appartenaient à des entreprises de nouvelles technologies, les « startups ». Une startup est une nouvelle entreprise, généralement de petite taille, qui, puisqu’elle se situe dans le domaine des nouvelles technologies, vise à se développer très rapidement. Elles dépendent des capitaux de tiers, qu’il s’agisse de spéculateurs, d’autres grandes entreprises ou de banques. Les start-ups ont souvent du mal à obtenir un financement auprès des banques plus traditionnelles, car elles ne satisfont pas aux exigences en matière de sécurité. La Silicon Valley Bank était une banque spécialisée dans l’octroi de ces prêts « à risque ».

Les start-ups n’ont généralement pas beaucoup de revenus : elles paient leurs employés et d’autres factures avec les liquidités qu’elles collectent en vendant des actions à des investisseurs en capital-risque. Et, elles conservent l’excédent de liquidités qu’elles recueillent. Nombre d’entre elles l’ont placé dans des comptes à la Silicon Valley Bank. Ainsi, c’est cette même banque qui leur a accordé des prêts que d’autres banques plus importantes leur avaient refusés.

Une bulle qui se dégonfle

Ce qui s’est passé est un nouveau chapitre de l’éclatement habituel des bulles spéculatives. En 2021, ces sociétés de capital-risque technologique avaient levé 330 milliards de dollars de financement. Tout cela dans un contexte avec lequel, après la pandémie, elles se développaient rapidement. Mais, ensuite, leurs activités sont devenues moins rentables. Elles ont aussi commencé à se contracter (l’une des manifestations de ce phénomène est le licenciement de centaines de milliers de travailleurs dans toutes les entreprises du secteur technologique). Dans le même temps, la Réserve fédérale a commencé à relever les taux d’intérêt pour tenter de réduire l’inflation, rendant le crédit plus cher.

La Silicon Valley Bank, pour sa part, avait placé ses dépôts dans des bons du Trésor à 40 ans. Lorsque la Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt, les anciennes obligations, dont les taux étaient plus bas, ont perdu de la valeur et leur valeur a commencé à chuter. Les déposants des entreprises technologiques, confrontés au fait que leurs affaires n’étaient pas rentables, ont tenté de retirer leur argent des banques. Mais, la banque ne pouvait pas les rembourser : elle n’avait que ces obligations dévaluées comme contrepartie. La Silicon Valley Bank a tenté de vendre ses propres actions pour se procurer des liquidités, mais celles-ci ont également commencé à chuter. C’est alors que la ruée et la faillite se sont produites.

La faillite de la Silicon Valley Bank est une conséquence de la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale qui, pour réduire l’inflation élevée aux États-Unis, s’apprête à entrer en récession. Avec des taux élevés, l’argent est plus cher et plus rare, ce qui déclenche des crises comme celle qui a détruit la Silicon Valley Bank. C’est aussi une conséquence du dégonflement de la bulle spéculative dans les entreprises technologiques et chaque investisseur tente désespérément de sauver son argent.

Des banques sans contrôle

Une question pertinente est de savoir pourquoi la Silicon Valley Bank a été autorisée à avoir une telle exposition au risque, jouant avec les dépôts de ses clients en les plaçant dans des obligations qui ont fini par perdre de la valeur. La réponse est qu’en 2015, le gouvernement de Donald Trump avait démantelé la quasi-totalité des réglementations mises en place lors de la crise de 2008 pour éviter que cela ne se reproduise. C’est Greg Becker, le président de la Silicon Valley Bank, qui a été le principal lobbyiste au Sénat américain pour réduire la réglementation sur les banques dont le capital est inférieur à 250 milliards de dollars (à l’époque, toutes les banques, ayant des actifs de plus de 50 milliards de dollars, étaient soumises à des contrôles stricts). Avec l’assouplissement des contrôles, des centaines de banques, dont la Silicon Valley Bank, ont eu les mains libres pour toutes sortes de manœuvres spéculatives.

La faillite de la Silicon Valley Bank a affecté un grand nombre d’entreprises technologiques diverses tailles qui, si elles ne récupèrent pas leur argent, ne sont même pas en mesure de payer les salaires de ce mois-ci. C’est le cas de Roku (appareils de streaming à bas prix), Circle (technologie de gestion des paiements électroniques), Roblox (plateforme de jeux en ligne), BlockFi (prêteur de crypto-monnaies), Compass Coffee (café en ligne), Camp (magasin de jouets en ligne), Axsome Therapeutics (produits pharmaceutiques), Rippling (gestion des paiements), parmi les plus importantes.

Premier pas vers un nouveau krach ?

La faillite de la Silicon Valley Bank est sans doute celle qui a fait le plus de bruit. Mais, auparavant, il y avait déjà eu la faillite de la banque spécialisée dans les crypto-monnaies, Silvergate, et ce lundi, la Réserve fédérale elle-même a dû déclarer la fermeture de la Signature Bank.

Lundi, les cours de toutes les banques ont chuté sur les principales places boursières mondiales, craignant un effet de contagion. Les succursales des banques touchées commencent d’apparaître en dehors de la zone des entreprises de la Silicon Valley. Des entreprises technologiques en Israël et en Inde semblent être impliquées. En Grande-Bretagne également, où HSBC aurait racheté la succursale britannique de la Silicon Valley Bank pour une seule livre sterling.

Pour éviter que la panique ne se propage, la Réserve fédérale, le département du Trésor et la Federal Deposit Insurance Corporation ont publié une déclaration commune garantissant que tous les dépôts seraient remboursés. Le président américain Joe Biden a dû lui-même prendre la défense du système bancaire, en déclarant qu’il y aurait de nouvelles réglementations, une question difficile à mettre en œuvre avec la composition actuelle du Congrès américain. Cependant, aucune de ces annonces n’a réussi à ramener le calme, et à la clôture des principaux marchés lundi, l’incertitude demeurait.

Nous ne pouvons pas prévoir si nous sommes déjà confrontés à un nouveau krach du type de celui qu’a connu le capitalisme impérialiste en 2008, ou si les grands banquiers, les gouvernements impérialistes et les organisations financières internationales parviendront à contrôler la situation. Ce que nous pouvons dire, c’est que ce qui se passe n’est qu’un nouveau chapitre d’une crise chronique du capitalisme impérialiste qui dure déjà depuis un demi-siècle, avec d’innombrables situations de ce type, dont beaucoup se sont terminées par des crises mondiales aiguës. Et, qui, dans tous les cas, a commencé par l’éclatement de bulles spéculatives générées par des profits fictifs, face au fait concret que dans le capital productif, les taux de profit continuent de baisser. Il y a des milliers de milliards de dollars placés dans la spéculation financière, boursière et immobilière, dans des entreprises de nouvelles technologies totalement surdimensionnées ou dans l’ascension et la chute des crypto-monnaies. Celles-ci peuvent exploser à tout moment. Et, puis, comme toujours, on essaiera de faire payer la crise aux travailleurs et aux peuples soumis de la planète.

Tout cela montre une fois de plus que le capitalisme ne va pas plus loin, puisqu’il n’a que la crise, la faim, la misère et le pillage à offrir. Il est plus que jamais nécessaire que les travailleurs gouvernent sur la voie du socialisme.

José Castillo

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

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4 réponses à “La chute de la Silicon Valley Bank. Une autre expression de la crise capitaliste [L’Agora]”

  1. Merlin dit :

    Le mot socialisme a tellement été galvaudé que si nous devions aller dans une direction qui lui serait un tant soit peu rattachée, il faudrait d’abord vaincre l’hostilité au au moins les réticences d’une grande partie du peuple.

  2. Pschitt dit :

    Quelle est l’utilité pour Breizh Info de publier ce genre de texte ? Sur l’exposé des faits, pas grand chose à dire : on a un résumé très succinct, identique à ce qu’on a pu lire un peu partout dans la presse depuis plusieurs jours. Mais aucune analyse économique originale et/ou sérieuse du phénomène, juste quelques slogans trotskistes (la crise plus ou moins finale du capitalisme…) ressassés une Nième fois par un intellectuel militant, même pas considéré comme une pointure dans son domaine.
    Cerise sur le gâteau, ce texte paraît quelques jours trop tard. Rédigé lundi dernier, il était inspiré par l’espérance d’un krach boursier imminent (« à la clôture des à la clôture des principaux marchés lundi, l’incertitude demeurait »). Raté !
    Il y aurait pourtant beaucoup de choses intéressantes à dire sur le sujet, par exemple sur le rapport entre créativité et prise de risque, sur l’illusion du progrès permanent, sur les effets pervers des interventions étatiques, sur la crédulité des amateurs de crypto-monnaies, etc. Mais c’est peut-être pour de prochaines parutions ?

  3. « Tout cela montre une fois de plus que le capitalisme ne va pas plus loin, puisqu’il n’a que la crise, la faim, la misère et le pillage à offrir. » Quelle stupidité ! Le capitalisme existe depuis l’ère préhistorique. Il est inhérent à l’homme qui considère que sa femme, ses enfants, son territoire font partie de son capital et que son devoir consiste à les protéger. Le capitalisme nous mène sur la Lune et sur Mars, il nourrit 7 milliards d’êtres humains, il nous offre constamemnt des solutions, parfois imparfaites mais qui globalemet vont dans la bonne direction. Quelqu’un a-t-il une autre solution à proposer ?

    Merci le capitalisme !

  4. patphil dit :

    ouf, notre super ministre de l’économie a juré ses grands dieux que la france serait épargnée, merci le maire! quand à la russie, une catastrophe bancaire l’attend

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