Le fanzine Zentromag rentre dans sa 4ème année, avec un 15ème numéro sorti en début d’hiver. Au menu, un long papier sur Mishima (dont vous allez découvrir le début ci-dessous) , un focus sur une librairie enracinée du Puy en Velay (Arts enracinés), des chroniques de livres, un article sur les femmes dans nos traditions, ou sur l’aviateur Général Douhet. Et un gros plan sur un groupe de musique Québécois, les Cowboys Fringuants.
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Et découvrez en exclusivité pour breizh-info le début de l’article sur Mishima.
Mishima, le chef militaire, le chef politique
La mort de Mishima par seppuku, le 25 novembre 1970, n’est pas pour rien dans la célébrité du personnage. Mais, cette dernière, largement incomprise au Japon, comme en Occident, où elle a fini par être présentée comme une sorte de vulgaire et macabre happening artistique, a complètement occulté la réalité des sentiments politiques du personnage.
Vaincu en 1945, le Japon n’a pour autant pas connu le sort de l’Allemagne. L’institution impériale, certes amoindrie, a été conservée, mais les troupes américaines – alliées ou occupantes, selon les points de vue – y occupent plusieurs bases. Dans ce qui constitue une position clef de l’Occident, face à la Chine maoïste et à la Corée du Nord communiste, toutes proches, les passions politiques maintiennent le pays sous tension.
L’armée japonaise, réduite à sa plus simple expression de « Forces japonaises d’autodéfense », dans un pays où la tradition guerrière fait figure de ciment national est vécue par beaucoup comme une humiliation.
Le Japon des années 1960 ressemble par de nombreux aspects à une cocotte vapeur en surchauffe. La gauche, puissante depuis la capitulation, montre, notamment à travers le syndicat étudiant Zengakuren (Fédération japonaise des associations d’autogestion étudiantes) des signes évidents de radicalisation idéologique. De l’autre côté de l’échiquier politique, de nombreux patriotes, ulcérés par l’humiliation de la capitulation de 1945 et les nombreuses atteintes à la souveraineté du Japon, rêvent de revanche. Ainsi, le 12 octobre 1960, alors que de très violentes manifestations se sont déroulées dans le centre de Tokyo à l’initiative du Parti Socialiste et du Parti Communiste japonais, un nationaliste de 17 ans, Yamaguchi Otoya, attaque le leader socialiste Asanuma Inejirî, lors d’un débat télévisé. Devant les caméras, armé d’un wakizashi, un sabre court traditionnel, il se précipite sur Asaunma et le tue.
C’est en 1966, alors que la Révolution culturelle en Chine bat son plein et que le mouvement Zenkyoto (Conférence interuniversitaire de lutte conjointe), dissidence radicale du vieux Zengakuren, prend de l’ampleur, que Mishima a l’idée de créer un groupe de défense capable de lutter contre ce que l’on nomme alors au Japon « l’agression indirecte » des organisations d’extrême-gauche influencées par le communisme soviétique ou le maoïsme. Grâce à Fusao Hayashi, un célèbre romancier passé du communisme au nationalisme durant la guerre, il entre en contact avec un petit groupe d’étudiants patriotes de l’université de Meiji Gakuin, à Tokyo. Sous l’impulsion du mentor du groupe, Hiraizumi Kiyoshi, professeur d’histoire médiévale, ils publient, en janvier 1967, le premier numéro, tiré à 5000 exemplaires, d’un magazine nationaliste, Polémique (Ronso jaanaru). L’édition de février consacre sa « une » à Mishima.
En dehors de cette activité politique naissante, ce dernier porte un intérêt accru aux questions militaires. Il finit par être admis, en tant que stagiaire, dans les Forces japonaises d’autodéfense, au sein desquelles il effectue un séjour d’entrainement d’un mois et demi. A l’issue de cette expérience, le 19 juin 1967, il tient une conférence de presse avec des représentants du Département de la Défense. L’objectif est d’annoncer la mise en place d’une politique d’enrôlement d’essai, à destination des étudiants. Dès le mois suivant, 21 d’entre eux, issus de la mouvance de Polémique, participent à des entraînements armés. L’idéologie du groupe à cette époque peut être résumée ainsi :
– La guerre en Asie et dans le Pacifique ne peut être séparée du processus de modernisation du Japon, initiée à la fin de l’ère Edo.
– La modernisation du Japon est une réaction défensive aux agressions occidentales
– L’annexion de la Corée, l’invasion de la Chine et du Sud-est asiatique par le Japon ont été rendues nécessaires pour contenir l’impérialisme occidental. Elles ont servi de catalyseur pour la libération nationale de l’Asie.
– Le Japon n’est pas impérialiste au sens marxiste du terme.
– Le système impérial et la personne de l’Empereur ne sont pas des institutions fascistes. Ils sont basés sur des réalités nationales, ethniques et culturelles.
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