Pays basque. Saint-Sébastien (Donostia) prend une mesure face à la surfréquentation touristique

Soucieuse de préserver la qualité de vie des habitants, la municipalité de Saint-Sébastien, au Pays basque, a décidé de prendre une mesure suspendant l’attribution des licences pour les hôtels et locations touristiques en raison de la sur fréquentation.

Saint-Sébastien va limiter l’offre touristique

Les conséquences d’une fréquentation touristique excessive n’entraînent pas des réactions qu’en Bretagne. Si à Saint-Malo la limitation des offres Airbnb a fait débat, tandis que sur l’île de Bréhat, la municipalité s’apprête à fixer des quotas de visiteurs pour la saison estivale, la ville de Saint-Sébastien, au Pays basque espagnol (ou Pays basque sud selon les points de vue) est également confrontée au problème. Et souhaite y faire face.

Ainsi, comme le rapporte le site médiabask.eus, la municipalité de Saint-Sébastien (Donostia de son nom basque) a annoncé le jeudi 9 mars dernier, par l’intermédiaire du maire, Eneko Goia (PNV, Parti nationaliste basque), et son adjointe à la commission pour un urbanisme durable, Nekane Arzallus, la suspension des licences d’ouverture des locaux de tourisme (pensions, hôtels, gîtes et meublés touristiques) dans l’ensemble de la ville.

La mesure doit entrer en vigueur à la fin de ce mois de mars après adoption par l’exécutif municipal de Saint-Sébastien le 13 mars et ratification en conseil municipal quelques jours plus tard. Se voyant conférer une validité d’un an, le temps que la modification du Plan général d’urbanisme soit effectuée, la mesure pourrait être ensuite prolongée d’un an jusqu’à l’approbation définitive du futur règlement d’urbanisme.

Des capacités d’accueil ayant augmenté de 40 %

Des touristes, il faut dire que la ville basque et ses un peu moins de 190 000 habitants en voient passer un grand nombre chaque année. Non sans raison puisque, comme le rappelle le quotidien espagnol El País, la célèbre plage de La Concha, située en plein centre-ville de Saint-Sébastien, ferait partie des 15 meilleures plages du monde selon les utilisateurs de la plateforme TripAdvisor.

Par ailleurs, le tourisme représente 15 % de l’économie locale et en 2022, 862 900 voyageurs sont passés par les établissements hôteliers de la ville, un chiffre qui est même supérieur à ceux enregistrés avant la pandémie de Covid-19.

En parallèle, pour faire face à cet afflux de touristes grandissant, la ville a vu sa capacité d’accueil augmenter de 40 % au cours des six dernières années, tous types d’hébergement confondus, pour atteindre aujourd’hui 18 000 lits. Le conseil municipal estime donc désormais qu’il est temps de contrôler cette expansion.

Pour Eneko Goia, « l’offre d’hébergements est suffisante » dans sa ville et « il est temps de limiter l’ouverture de nouvelles entreprises ». La décision de la municipalité « vise à réguler l’activité touristique et à limiter la prolifération de nouveaux hôtels dans la ville ». En Espagne, une décision similaire a été prise récemment par la ville de Tolède (Castille-La Manche), une destination elle aussi très prisée des touristes.

Faire cohabiter au mieux locaux et touristes

Actuellement à Saint-Sébastien, on dénombre 162 hôtels et pensions, pour un total de 3 825 chambres, ainsi que 1 352 unités d’hébergement touristique pour un total de 5 700 lits. Le parc d’hébergement touristique s’est développé au cours de la dernière décennie pour répondre à la « pénurie de places » qui existait jusqu’en 2011. La fin du terrorisme basque de l’ETA et l’essor du tourisme au cours de la dernière décennie ont permis de corriger cette situation avec une augmentation notable des nouvelles entreprises touristiques.

Cette suspension des licences d’ouverture des locaux de tourisme, qui n’a pas d’effet rétroactif, va concerner les zones les plus attractives de Saint-Sébastien mais la mesure exclut la vieille ville car elle a déjà été déclarée il y a plusieurs années comme une « zone saturée » d’hébergements touristiques et dispose à ce titre d’une réglementation datant de 2020. Dans le reste de la ville, les permis ne seront refusés que pour les terrains résidentiels.

Cette décision municipale, qui empêchera également les travaux d’extension des établissements en activité, s’inscrit dans la stratégie de la municipalité visant à « promouvoir une activité touristique durable et acceptable », a affirmé le maire de Saint-Sébastien. Dans l’optique de permettre « un équilibre » et une bonne cohabitation entre les locaux et les touristes. Ces derniers mois, des graffitis anti-touristes et des messages « tourists go home » sont apparus sur les murs de plusieurs quartiers de la ville basque.

Selon une récente enquête d’opinion réalisée par l’Office de tourisme de Saint-Sébastien, une majorité de personnes considère que le tourisme bénéficie à la ville. Toutefois,  deux tiers des sondés ont déclaré qu’ils estimaient que l’accueil était arrivé à saturation. De même, 60 % pensent qu’il ne faudrait pas attirer plus de touristes. Une proportion qui atteint 94 % dans le vieux centre-ville, et 38 % des habitants interrogés se sont prononcés en faveur de l’instauration de mesures dissuasives.

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Zarateman) (photo d’illustration)
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25 réponses à “Pays basque. Saint-Sébastien (Donostia) prend une mesure face à la surfréquentation touristique”

  1. Alan al Louarn dit :

    Comme l’Écosse, l’Euskadi est un exemple pour la Bretagne. Dans la misère après le fermeture de ses mines après Franco, ce pays a pu, grâce à la décentralisation, redevenir prospère économiquement et culturellement (développement de la langue basque, musée Gougenheim..). L’ensemble des compétences étatiques sont gérée au niveau de l’Euskadi, qui fixe en particulier le montant des impôts, et pour la politique étrangère, la justice, l’armée, le gouvernement basque paye les services rendus par l’Espagne. Devant une France en décomposition, en colonisation, où tous pouvoirs sont confisqués par une classe bureaucratique parisienne créatrice de frais généraux, reprenons les compétences à la base.

    • Erin dit :

      Vous avez tout dit.

    • Iris dit :

      Vous oubliez que bon nombre de décisions sont prises au niveau local, depuis les lois de décentralisation de 1989 ; la bureaucratie coûteuse est donc également locale (municipalités, conseils généraux, conseils régionaux.)
      Sans parler de la corruption que cette décentralisation onéreuse a généré.
      Il faut arrêter de faire une « fixette parisianniste » d’un autre temps.

    • Coutenceau Cenecorta dit :

      Vous avez fait la bonne analyse, je la partage. Milesker

    • BOURLET dit :

      Quelle différence avec le PB français où les constructions avancent à pas de géant sur le littoral et pas que ! Décidément quelle leçon ! Ce ne sont sans doute pases mêmes basques !

    • Menendez dit :

      Ce ne seraient pas plutôt la fermeture des mines de charbon des Asturies? Entraînant la chute de la sidérurgie du Pays Basque?

  2. Echarri dit :

    Très bien..faut faire de même a Biarritz qui devient invivable..!! Trop c trop..
    Merci

  3. Courty dit :

    Les villes françaises ont été bâties avant l’avènement de la voiture. Les centre-villes notamment n’ont pas été prévus pour la circulation des automobiles.
    La croissance de la population mondiale aggrave le phénomène dans les centre-villes et dans les lieux touristiques.
    Il est concevable de limiter l’implantation de nouveaux lieux d’accueil, hôtels et autres B’n’B.

    • David dit :

      C’est des réflexions débiles. À San-Sébastien ils n’ont pas attendu, ni comme sur le bab, les voitures. La gestion du réseau routier est juste réalisé toujours en dernier par des incompétents et des budgets qui ont été alloué à bordeaux depuis 20 ans. Ça fait 25 ans que l’on sait qu’il y aurait 25% de population en plus sur le bab en 2020.
      Par contre, transformer des 4 pièces en studios pour les louer à 6 personnes qui viennent se balader 2 jours, ça n’est plus vivable.

  4. Muxu dit :

    Si on pouvait faire ça du côté pays Basque français mais voilà l’ego de certains maires je pense celui de Saint-Jean-de-Luz et beaucoup trop fort

    • David dit :

      C’est des réflexions débiles. À San-Sébastien ils n’ont pas attendu, ni comme sur le bab, les voitures. La gestion du réseau routier est juste réalisé toujours en dernier par des incompétents et des budgets qui ont été alloué à bordeaux depuis 20 ans. Ça fait 25 ans que l’on sait qu’il y aurait 25% de population en plus sur le bab en 2020. Par contre, transformer des 4 pièces en studios pour les louer à 6 personnes qui viennent se balader 2 jours, ça n’est plus vivable.

      • Laurent NICOLAS dit :

        ..au PB français, les locaux motivés commencent à bouger sur les transactions immobilières douteuses, mais les Alday, Seixo, InSitom, Eiffage, Bouygues, Kauffman et etc n’ont pas l’intention d’arrêter les résidences…ça va pas être facile…🙄😳

  5. Pascal Poredos dit :

    Nous vivons au Pays Basque intérieur…nous faisons tt pour freiner l invasion touristique et immobilière… créer par les politiques qui ne cherchent que leur profit personnel… contre ça.. Unissons nous pour dire stop à la spéculation…..

  6. Niko dit :

    Je suis réellement agreablement surpris de ce genre d’initiative. C’est primordial pour sauver l’environnement et garder les locaux chez eux ( c’est juste la base en fait!). Il est évident que le tourisme de masse est réellement destructeur et que les regions concernées finissent par perdre leur âme.
    Et quand on entend Mr. Brisson vouloir mettre en place des vols à bas prix depuis l’Europe du Nord en juillet car « il n’y a personne au Pays Basque à cette époque », on comprends bien les priorités denos élus.
    Donc, à mon sens OUI, il faut contrôler et même limiter la fréquentation dans notre Pays Basque pour pouvoir le préserver.
    La côte est d’ailleurs notée comme « saturée » depuis plusieurs années déjà.
    J’espère que ce ne sont que les premières mesures d’une liste plus conséquente.
    Gero arte deneri

    • Unhassobis dit :

      Tres bonne initiative.
      « Tout excès est nuisible ».
      Deja dans mon enfance ya 30 ans, les anciens avaient ce souci de préserver le Pays Basque face à un tourisme « dévastateur ».
      Tout est saturé. Route. Immobilier. Paysage…
      De retour sur la côte Basque après 4 ans d absence… Choquée !
      Je ne reconnaissais pas le Pays Basque. Je me suis même perdue a Anglet dans les dédales (des dalles ) de tout ces immeubles !
      Le tourisme oui. Mais maîtrisé pour sauvegarder le bien être de chacun et conserver l Ame Euskadi.
      A noter que certains vacanciers favorise de venir Hors saison pour en profiter pleinement.
      Milesker.

  7. Marie José Christien dit :

    Il y a ici à Anglet beaucoup trop de monde maintenant, trop de voitures. C’est fini, foutu la tranquilité….😰. Tout est spéculation, , voilà le résultat. On veut demander aux gens de payer un parking aussi pour aller à la plage mais où allons nous ?

  8. David dit :

    C’est des réflexions à la con. À San-Sébastien ils n’ont pas attendu, ni comme sur le bab, les voitures. La gestion du réseau routier est juste réalisé toujours en dernier par des incompétents et des budgets qui ont été alloué à bordeaux depuis 20 ans. Ça fait 25 ans que l’on sait qu’il y aurait 25% de population en plus sur le bab en 2020.
    Par contre, transformer des 4 pièces en studios pour les louer à 6 personnes qui viennent se balader 2 jours, ça n’est plus vivable.

  9. Nathalie Guerreiro dit :

    Parfait ! Faut faire la même chose au bassin d’arcachon !!!!

    • Laurence roudet dit :

      Étant de Gironde, ça fait belle lurette que je ne vais plus sur le bassin d’arcachon. Plage bondée, restaurant hors de prix, stationnement difficile. Que se soit été ou hiver. Le bassin d’arcachon a perdu son âme, familiale et conviviale. L’argent a tout acheté. Dommage.

  10. Celhay dit :

    Il faut faire pareil en Euskadi Nord et Sud

  11. Grousson dit :

    Très bonne initiative je suis entierement d’accord avec vous !!!!!

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