Venu rencontrer les 400 « frères » de la province de Bretagne, Jean-Pierre Rollet, grand maître de la Grande loge nationale française, a accordé des entretiens à la presse régionale. « Il n’y a pas de pouvoir « tentaculaire » de la franc-maçonnerie. Nos lois sont celle de la philanthropie, de la générosité, de la bienveillance », souligne-t-il (Le Télégramme, Bretagne, vendredi 3 mars 2023). Dans Ouest-France (Rennes, 4-5 mars 2023), le journaliste Laurent Le Goff se montre plus incisif en se permettant de noter que certains voient « la loge comme un cercle de pouvoir, un club d’affaires… ». Réponse de Rollet : « Cela n’existe pas à la GLNF et toute personne qui nous rejoindrait dans le but d’en retirer un profit personnel serait immédiatement exclue. » Pourtant nos lecteurs qui ont de la mémoire se souviennent que dans le passé, certaines loges de la GLNF ont été mêlées à différents scandales politico-financiers ; on entrait dans ces loges pour faire des affaires… Un chef d’entreprise à la recherche de contrats trouvera auprès de ses « frères » une oreille favorable. Dans le livre de Pierre Péan « La République des mallettes » (Fayard, septembre 2011), la GLNF apparaît fréquemment. En ce qui concerne le Grand Orient de France, il faut plutôt chercher du côté des partis politiques (Jean-Luc Mélenchon, Xavier Bertrand…).
En 2011, Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva, est virée par Nicolas Sarkozy, alors président de la République. Quelques mois plus tard, elle sort un livre intitulé « La Femme qui résiste » (Plon, avril 2012) dans lequel elle dénonce « les réseaux obscurs qui auraient, selon elle, provoqué son départ : une nébuleuse de francs-maçons affairistes introduits au plus haut niveau de l’Etat, ministres, chefs d’entreprise, intermédiaires, hauts fonctionnaires, qu’elle soupçonne de vouloir « faire main basse sur les contrats du nucléaire », synonymes de profits juteux et d’alléchantes commissions. Anne Lauvergeon les désigne du nom de « loge P2 ». Selon elle, ce réseau aurait œuvré dans les coulisses, à partir de 2010, à la signature d’un partenariat très poussé entre EDF, Areva et le groupe chinois CGNPC, auquel elle est farouchement opposée. » (L’Obs, 2 mars 2023).
Profitons de l’occasion pour inviter nos lecteurs à se rendre au cinéma ; ils s’instruiront en découvrant l’histoire de l’Irlandaise Maureen Kearney, délégué syndical chez Areva, qui tenta de s’opposer au démantèlement de l’entreprise. Elle le paya cher ; elle fut victime de « violences avec arme, viol, actes de torture et de barbarie, séquestration et menaces », œuvre d’« inconnus » masqués (dixit l’enquête judiciaire). « La Syndicaliste » est un thriller social et politique qui sort des petites cucuteries habituelles. Non seulement les agresseurs n’ont jamais été retrouvés, mais encore le dossier a été classé. Le livre « La Syndicaliste » – écrit par Caroline Michel-Aguirre, grand reporter au service politique de L’Obs – a été publié chez Stock en 2019 et au Livre de Poche en 2023. Aller voir ce film, c’est aussi l’occasion d’admirer Isabelle Huppert au sommet de son art. Que ce soit dans « La République des mallettes » ou bien dans « La Syndicaliste », il est beaucoup question d’Henri Proglio, qui fut PDG de Veolia, puis d’EDF et que l’on présente comme étant un « frère ».
Bernard Morvan
Illustration : DR
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5 réponses à “« La Syndicaliste » : Jean-Paul Rollet devrait aller au cinéma…”
Bienveillance, philanthropie, générosité… ben voyons et pourquoi pas sainteté ?
Il faut avoir le culot monumental d’un franc mac pour sortir des choses pareilles.
Ah oui, c’est du complotisme de critiquer la FM…
A lire « Les frères invisibles de Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre ».
Ce livre a donné des boutons aux francs macs et pour cause !
Bonjour, je ne sais pas si Anne Lauvergeon a été victime de la loge P2, mais je sais qu’elle n’a pas eu besoin d’aide pour prendre des décisions hasardeuses qui ont largement plombées AREVA et que la quasi disparition de ce fleuron lui est largement redevable.
C’est une chose d’être au cabinet de Mitterrand (où c’est le domaine du « yaqu’à » ) et une autre que de diriger une entreprise.
Je cherche désespérément la « philanthropie », la « générosité » et la « bienveillance » chez les Francs Maçons qui, comme un seul homme, ont tout fait pour promotionner les absurdités scandaleuses du délire covidiste et de l’obligation vaccinale: tous ces crimes contre l’humanité. Les plus violents qui ont été jusqu’à affirmer qu’il fallait arrêter et traîner de force dans des camps de rééducation, les antivaxx, étaient des Francs Maçons! Ils ont perdu à cette occasion toute crédibilité à mes yeux, sans compter les histoires de criminalité qui entachent la réputation de certaines obédiences maçonniques. (Cf., la Loge « Athanor » qui a finalement été démantelée comme officine du crime; le FMaçon Di Bernardo qui a créé à Vienne « L’Accademia degli Illuminati », dont les idées totalitaires sont exposées dans le livre de Di Bernardo: « L’avenir du Sapiens » prônant ouvertement le gouvernement mondial composé d’une petite élite; on se souviendra aussi longtemps de Anders Behring Breivik, Norvégien, Franc Maçon, et son massacre spectaculaire sur l’île d’Utoya Oslo le 22 juillet 2011: il inspire aujourd’hui l’admiration de certains groupes ukro-nazis; on se souviendra aussi longtemps du Franc Maçon Didier Lallement Préfet de Paris et du massacre des Gilets Jaunes !
Je savais pas que Lallement est franc maçon, mais rien d’étonnant, ce personnage qui est un pur descendant de la Terreur fait pas injure à sa secte satanique.
@Stag, on ne peut pas (loi non écrite) être préfet, général de gendarmerie, commissaire de police, ministre des finances ou de l’éducation ou des affaires étrangères, sans être franc-mac.
La liste n’est évidemment pas limitative, mais les fonctions citées ont été attribuées aux francs-macs dès les débuts de la république.